Cote/Cotes extrêmes
Date
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Origine
Biographie ou Histoire
Noviomagus, capitale des Lexovii, devient au Moyen Age le siège d'un des sept évêchés de la province de Rouen. L'évêque est le comte de Lisieux, sur un territoire correspondant à la ville et aux sept paroisses de sa banlieue. La cathédrale est dédicacée en 1055, par l'évêque Hugues, et ses murailles sont pourvues d'une nouvelle enceinte en 1135. Henri Plantagenêt et Aliénor d'Aquitaine se marient dans la cathédrale de Lisieux en 1151.
Durant la guerre de cent ans, le sort de Lisieux est celui de la plupart des villes normandes : elle subit de nombreuses destructions avant d'être finalement reprise par les troupes de Charles VII lors de la reconquête de la Normandie.
Les Guerres de Religion sont une nouvelle période de troubles : la ville est prise par les Protestants en 1562, puis reprise par les Catholiques. Il n'y pas de massacres à déplorer en revanche, peut-être grâce à la protection dont l'évêque couvre les Protestants de la ville. En 1590, Lisieux, ville Ligueuse et farouchement partisane du duc de Mayenne, est prise par Henri IV au terme d'un siège de quelques mois. Ce sera la dernière participation de Lisieux aux révoltes contre le roi de France : elle prend certes parti pour la Fronde, mais se soumet assez vite.
Par la suite, l'histoire de la ville ne se détache pas réellement de l'histoire de la Normandie jusqu'à la Révolution. Lisieux suit les différentes phases de cette période, du royalisme fervent à la monarchie constitutionnelle, en passant par une période de Terreur, puis d'apaisement. Il faut noter cependant la persistance de sympathies royalistes fortes, du moins si l'on en croit les archives de la police, ainsi que la présence de Chouans dans le Pays d'Auge en 1793 et durant l'an II. Ils sont alors assimilés et sans doute confondus au "brigandage", pas forcément politique, de la période. Les changements de régime, et en particulier la mise en place du Consulat, ne causent pas de troubles particuliers après cette période.
Les premières concessions dont jouit la ville et ses habitants sont octroyées par l'évêque Cauchon en 1433. Il faut attendre le 30 mars 1448 pour que l'évêque Thomas Basin concède à Lisieux une commune et les privilèges qui s'y attachent.
Siège d'un évêché (l'évêque reste jusqu'à la Révolution le personnage prépondérant de la cité), la ville compte trois paroisses : Saint-Germain, Saint-Jacques et Saint-Désir, qui deviendront ensuite trois communes. Elle est également le siège d'un grenier à sel, dont l'octroi est géré par la ville, ainsi que d'une élection et subdélégation de la Généralité et intendance d'Alençon. Lisieux dépend du bailliage d'Orbec et de la maîtrise d'Argentan.
Saint-Jacques a fusionné le 29 janvier 1960 avec Lisieux, mais ce n'est pas le cas de Saint-Désir qui forme toujours une commune.
Histoire de la conservation
Le fonds des archives communales de Lisieux a une histoire mouvementée. Il a fait l'objet de destructions anciennes, notamment durant les Guerres de Religion, lors de la prise de la ville par les Protestants en 1562, ce qui occasionne de nombreuses lacunes pour les années 1560-1570.
Les archives anciennes ont été déposées en 1931 dans la tour nord de la cathédrale de Lisieux, suite à un manque de place à la Bibliothèque où elles étaient auparavant conservées, le bibliothécaire de la commune assurant en même temps le rôle d'archiviste. Un certain nombre de documents, les plus rares et les plus anciens, comme le coutumier de la ville, étaient exposés dans le musée municipal. Ces documents ont malheureusement été détruits au mois de juin 44, qui voit aussi la mort dans les bombardements du bibliothécaire-archiviste, alors que le reste des archives a été globalement peu touché.
Face aux difficultés de la reconstruction, les archives sont laissées en l'état dans la cathédrale, puis déplacées en partie dans les greniers de l'ancienne bibliothèque suite à une visite de l'inspecteur général des Archives en 1958. Un nouveau classement par la société IFODA a lieu en 1966, mais il ne concerne que les archives postérieures à la Révolution. Ils font alors le choix, discutable, du système décimal en vigueur en bibliothèque. Malgré plusieurs démarches pour trouver un lieu plus adapté, 41 mètres d'archives anciennes et modernes, dont 25 mètres d'archives anciennes, sont toujours recensées dans la cathédrale en 1976. Cette situation perdure jusqu'en 1982, date à laquelle la totalité des archives est déménagée au dernier étage de la bibliothèque, toujours en charge des archives de la ville.
Plusieurs classements successifs ont lieu après celui de la société IFODA dans les années 1980, permettant de repérer des lacunes dans la série ancienne. Mais ces différents classements, ne concernent jamais la totalité du fonds et ne donnent pas lieu à des inventaires complets.
Le dépôt exceptionnel des archives aux Archives départementales dans les années 1990 a pu sauver les archives anciennes, sans régler le problème sur le fond, même si la ville a entrepris à nouveau quelques opérations de classements en 2014.
Modalités d'entrées
Les Archives de Lisieux ont été déposées, selon des modalités exceptionnelles pour une commune de cette importance, entre 1993 et 1995 pour les archives anciennes ; et dans les années suivantes pour les archives modernes.
Présentation du contenu
La totalité des archives de Lisieux antérieures à 1945 est conservée aux Archives du Calvados (décrite dans cet instrument de recherche). Quelques documents postérieurs à 1945 y figurent également.
Évaluation, tris et éliminations, sort final
Le fonds des archives communales de Lisieux est le plus ancien et le plus volumineux des fonds d'archives communales conservées aux Archives départementales du Calvados. L'intérêt particulier de ce fonds est renforcé par la rareté en Basse-Normandie de tels ensembles aussi complets, notamment pour la série des registres de délibérations ou de comptes, alors que beaucoup de fonds communaux ont été perdus en juin 1944. L'importance de ce fonds n'était jusqu'ici pas éclairé par l'état des inventaires existants, anciens et incomplets, et par l'absence de cotation pour une grande partie des dossiers.
Langue des unités documentaires
Autre instrument de recherche
Les archives de l'ancienne commune de Saint-Jacques, déposées aur Archives du Calvados, ont fait l'objet d'un inventaire spécifique.
Documents en relation
Voir l'inventaire 154J - Fonds Yvette Roudy.
Mots clés lieux
Présentation du contenu
La série des documents constitutifs de la commune est celle qui a subi le plus grand nombre de pertes. Elle comprend le coutumier de la ville, plusieurs lettres, des traités et toute une série de documents émanant des acteurs politiques en relation avec la ville de Lisieux. Une collection d'actes et édits imprimés en grand nombre est très complète pour les années 1780 à 1792 ; la conservation plus minutieuse de ce type de documents cesse par la suite, sans doute du fait du changement de responsables de la conservation.
Les documents émanant de l'administration départementale sont essentiellement la correspondance avec la ville, ainsi que des arrêtés.
Les documents de l'administration communale recouvrent principalement les registres de délibérations et la correspondance du conseil municipal puis du conseil général et national de la commune, ainsi que les correspondances des différents organes politiques révolutionnaires, tel le conseil du district. La série des registres de délibération est lacunaire : le premier registre a été détruit dans les bombardements en 1944, et les années 1560-1570 sont également peu représentées du fait des destructions des Guerres de Religion. En ce qui concerne la période révolutionnaire, la ville compte toujours un Conseil municipal, dont les registres s'interrompent en l'an IV ; il est doublé, et non remplacé, par le Bureau général de la commune, auquel succède le Conseil général et national, dont les registres s'interrompent également en l'an IV. Aucun registre de délibération n'est conservé pour la période an IV - an X.
La série des registres paroissiaux est divisée en trois paroisses, chacune tenant ses propres registres. Les plus anciens registres de Saint-Germain remontent à 1667, ceux de Saint-Jacques à 1594 et ceux de Saint-Désir à 1575. Ces séries comptent très peu de lacunes. Elles s'interrompent en 1792 pour laisser la place aux registres de l'Etat Civil. Il faut ajouter, en ce qui concerne l'étude de la population lexovienne, des documents de recensement des populations et des tables réalisées pour la plupart en l'an IV et en l'an V.
Les comptes de la ville ont une grande variété de typologie. Les comptes urbains sont un terme générique dans le cas de Lisieux qui recouvre des modifications institutionnelles parfois importantes au cours du temps. Les premiers comptes urbains sont ainsi tenus par des officiers royaux, jusque dans les années 1440 et la création de la commune de la ville. Cet héritage ne disparaît que très tard puisque la mention « octroyé par le roi » n'est plus indiquée à partir de 1506 seulement. Ces comptes sont divisés par la suite en comptes des deniers communs et comptes des deniers patrimoniaux.
Les contributions forment une série assez complète et ancienne remontant au milieu du XVe siècle. Cette série devient cependant surtout volumineuse à partir du XVIIIe siècle, à l'exception des attributions et confirmations d'octrois dont le détail mériterait une étude poussée.
La série qui regroupe le personnel municipal et les élections ne concerne en revanche que peu de documents : il s'agit de l'organisation et de la tenue des assemblées primaires, de certaines élections, ainsi que des réclamations et de la correspondance concernant surtout le salaire des agents de la ville.
Du fait de l'histoire de Lisieux, important carrefour marchand, la série des affaires économiques est conséquente. Elle regroupe des dossiers intéressants concernant les manufactures de toile de la ville, ainsi que les différentes communautés de métiers. De même, l'ensemble des mercuriales, pour le prix des grains, et halles, pour les autres denrées, est volumineux et complet entre 1789 et l'an VIII.
Les affaires militaires sont également très représentées. La gestion du passage et du logement des troupes forme l'essentiel des archives anciennes, auxquelles il faut ajouter deux dossiers sur la milice bourgeoise de Lisieux, ainsi que sur le concours du Papegay. En ce qui concerne les archives révolutionnaires, il s'agit pour l'essentiel de correspondance, que ce soit au sujet de l'organisation, du recrutement ou des missions confiées aux militaires. La Garde nationale dispose également d'un fonds intéressant. La majeure partie de cette série est consacrée aux fournitures en denrées, équipements et matériel, et à la gestion des étapes, que ce soit celle des régiments basés à Lisieux ou des troupes qui y arrivent et pour lesquelles il est nécessaire de trouver vivres et logements.
Les propriétés communales concernent surtout les achats de terrain, ainsi que la gestion des fontaines. Il faut leur ajouter un dossier très complet sur l'achat de l'Hôtel de la Rocque et les travaux qui y ont lieu pour le transformer en nouvel Hôtel de Ville.
Les travaux et l'urbanisme concernent les travaux sur des maisons particulières, sur quelques biens appartenant à la ville, ainsi que sur les rues et remparts. Cette dernière partie semble la plus intéressante car beaucoup plus complète, la gestion des bâtiments ne représentant pour chaque cas que très peu de documents.
Les biens nationaux ont été répartis pour plus de clarté entre différentes séries. Les biens du clergé, dont les dossiers sont presque intégralement antérieurs à leur nationalisation, ont ainsi été réunis à la série des cultes, où une partie importante sur ce thème se trouvait déjà. Les biens des émigrés n'ont pu être complètement dissociés des biens mis sous scellés et séquestre : l'origine de ces derniers n'est pas toujours indiquée, et un sondage a permis de constater que souvent, un bien mis sous scellé sans précision d'origine était de fait un bien d'émigré ou de parents d'émigrés. La liste complète des émigrés de Lisieux a été conservée sous forme d'affiches, à la fois sous la forme de listes récapitulatives et de condamnations individuelles.
La série concernant la police est particulièrement intéressante en ce qui concerne tout d'abord la surveillance des populations, et l'octroi de passeports pour lesquels Lisieux dispose d'un ensemble riche, qui remonte au XVIIIe siècle. Un second ensemble est à noter : il s'agit des documents qui concernent le maintien de l'ordre et particulièrement la gestion du brigandage, auquel est assimilée la chouannerie, très active dans les environs de Lisieux. Cet ensemble est complété par une riche collection d'affiches.
Les prisons disposent d'un ensemble très complet concernant à la fois leur gestion et leur personnel, mais aussi la liste des prisonniers qui s'y trouvent, qui comprend des détails qui mériteraient une étude plus approfondie. Un dossier important concerne également les évasions de prisonniers. Cette série peut être complétée par les documents qui concernent les déserteurs, souvent emprisonnés dès leur capture, dont l'ensemble se trouve dans la série des affaires militaires.
La série sur les cultes, en revanche, est peu importante : on n'a ainsi conservé que quelques épaves des archives des trois fabriques, et un seul document concernant l'une des confréries de la ville, celle de Saint-Mathurin. Seuls deux ensembles semblent un peu plus complets : les biens ecclésiastiques, dont le cas a été évoqué plus haut, et un procès entre les chanoines et les bénédictines de Notre-Dame de Beaupré, concernant un pré, dont cependant nous n'avons pas l'issue.
La bienfaisance est représentée par les archives de plusieurs communautés religieuses dès le XVIe siècle, qui sont classées avec les cultes. La mise en place de l'hôpital et de la bienfaisance dirigée par la commune à la Révolution semble encore une fois lacunaire. Elle peut être complétée par les registres de délibérations, ainsi que par les documents concernant les subsistances ; enfin, par la correspondance d'attribution de pensions aux familles des soldats et aux soldats eux-mêmes, dans la série des affaires militaires.
La série sur l'éducation concerne surtout l'installation et la dotation des communautés religieuses qui en étaient chargées ; puis, pour la partie révolutionnaire, de correspondance et de quelques affiches.
Un ensemble sur le théâtre à la période révolutionnaire, s'il est peu volumineux, est intéressant en ce qui concerne la police des spectacles et les programmes. Il faut également y noter la réfection de salles de spectacles.
Mode de classement
Au départ devait seulement être traité le fonds ancien de la ville (1426-1790). Il a cependant été possible de classer et inventorier le fonds jusqu'en l'an VIII. Cette date a été choisie comme césure pour plusieurs raisons : outre les évènements de cette époque, qui marquent à la fois un changement de régime et d'organisation territoriale et administrative à l'échelle nationale et départementale, il s'agit de fait d'une date butoir dans nombre de dossiers et ensembles du fonds de la ville de Lisieux. Ce choix a donc été fait en cohérence avec les documents tels qu'ils étaient déjà regroupés.
Les cotes anciennes ont semblé peu pratiques, et de plus tout le fonds n'était pas coté : pour la partie ancienne, seules les séries AA, CC et les registres de délibérations avaient fait l'objet d'une cotation (voir le tableau de concordance). La partie révolutionnaire comportait quelques dossiers cotés, mais la plupart étaient seulement répartis par série, sans cotes. Le choix a donc fait de recoter l'intégralité du fonds.
En ce qui concerne la cotation choisie, elle suit la cotation en vigueur aux Archives départementales du Calvados. Il a cependant été décidé, par soucis de clarté, d'indiquer les sous-séries auxquelles correspondraient ailleurs les cotes ici utilisées. Un tableau de correspondance, à la fin de l'inventaire, permettra de retrouver au besoin les anciennes cotes utilisées lorsque ce fonds était conservé à Lisieux.
Le fonds de Lisieux a nécessité trois étapes de classement : une reprise et une correction des classements anciens si nécessaire ; un classement des séries qui n'avaient pas fait l'objet d'un travail abouti, c'est-à-dire l'ensemble des séries révolutionnaires et pour la partie ancienne les séries des affaires militaires, des affaires économiques et des cultes. Il s'est également avéré que le classement d'origine semble peu pratique, et il a été modifié en ce sens. Un nombre important de documents, enfin, a été retrouvé en vrac, ficelé en des unités dépourvues de logique interne. Il a donc été nécessaire de reclasser ces documents.
Le reconditionnement des archives, parfois attachées ensemble par une ficelle, indispensable et donc effectué en même temps.
Autre instrument de recherche
Les archives anciennes de la ville de Lisieux ont fait l'objet de plusieurs inventaires successifs, mais aucun n'a été achevé.
Le plus complet a été réalisé par M. Besnier dans le répertoire des archives communales du Calvados. Seuls les documents des séries AA et CC ont reçu une cotation, qui reprend celle de M. Armand Bénet, archiviste départemental, entre 1903 et 1905. Toute la sous-série AA et la partie correspondant au XVe siècle pour la sous-série CC ont été décrits de manière détaillée, ainsi que les registres de délibérations.
Entre 1902 et 1912, Armand Bénet, archiviste du Calvados, a copié en aménageant leur contenu les documents de la sous-série AA et une partie des documents de la sous-série CC, pour les documents datant du XVe siècle (cotés CC1 à CC55 dans sa description). Il ne s'agit pas de copies fidèles mais bien d'une transcription que lui-même nommait « inventaire sommaire ». Ce travail est la seule trace qui nous reste de certains documents précieux exposés dans le Musée de Lisieux où ils ont été détruits en 1944.
Bibliographie
Jeanne Mallet, "Les Archives anciennes de la ville de Lisieux aux Archives du Calvados", dans Société historique de Lisieux, t. 79, 2015, p. 147-177.
Cote/Cotes extrêmes
Date
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