L'abbé Antoine François Prévost d'Exiles, dit l'abbé Prévost, né le 1er avril 1697 à Hesdin (Pas-de-Calais) et décédé le 25 novembre 1763 à Courteuil (Oise), est un romancier, historien, journaliste, traducteur et homme d'Église français. Au cours de l'été 1720, il entre chez les bénédictins de l'abbaye de Jumièges, avant de prononcer ses vœux le 9 novembre 1721 selon la stricte règle réformée de Saint-Maur et d'être envoyé, un an, à l'abbaye de Saint-Ouen se former aux méthodes de l'édition savante sous Dom Charles de La Rue. En 1721, il donne le manuscrit des Aventures de Pomponius, chevalier romain, roman à clé et satire anti-jésuite sous couvert de récit antiquisant, à un éditeur rouennais avant de le reprendre. Envoyé en 1722 à l'abbaye du Bec-Hellouin, on le retrouve, l'année suivante, à l'abbaye de Fécamp, avant de passer, une année plus tard à l'abbaye de Sées, où il commence à retravailler une traduction de l'Historia mei temporis du président de Thou. En 1724, l'éditeur Valat d'Amsterdam publie les Aventures de Pomponius, chevalier romain, dont on lui a envoyé le manuscrit de Paris. En 1726, il est ordonné prêtre par Pierre Sabatier et part enseigner les humanités au collège Saint-Germer d'où il alla prêcher un an à Évreux. Rallié, bon gré mal gré, à la bulle Unigenitus, en 1727, il participe officiellement à la rédaction de la Gallia Christiana, un monumental ouvrage collectif des bénédictins, à l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés, mais travaille en réalité aux Mémoires et aventures d'un homme de qualité dont il dépose le manuscrit des deux premiers tomes à la censure le 15 février 1727. En 1728, il obtient une approbation pour les deux premiers tomes des Mémoires et aventures d'un homme de qualité qui s'est retiré du monde. Dans le courant de la même année, il entreprend de demander son transfert dans une branche moins stricte de l'ordre de Saint-Benoît mais échouant à l'obtenir, il quitte son monastère sans autorisation. Frappé d'une lettre de cachet, il s'enfuit à Londres. Il devient précepteur de Francis Eyles, fils d'un sous-gouverneur de la South Sea Company ; il visite avec lui le sud de l'Angleterre. Ayant séduit et tenté d'épouser la fille de J. Eyles, il est obligé de quitter Londres à la fin de 1730. Il se rend alors à Amsterdam, en Hollande et publie à Utrecht en 1731 et 1732 les tomes I à IV du Philosophe anglais ou Histoire de monsieur Cleveland, fils naturel de Cromwell, écrite et traduite de l'anglais par lui même. Entre-temps, ayant pris le nom de Prévost « d'Exiles » par allusion à ses propres périples, il se plonge dans la traduction de la Historia sui temporis du président de Thou et publie la suite en trois volumes des Mémoires et aventures d'un homme de qualité. Prévost ayant interrompu la composition du Philosophe anglais, son éditeur hollandais commissionne un cinquième volume apocryphe (Utrecht, 1734) qui compromet son prétendu auteur par ses attaques contre les jésuites. En 1733, criblé de dettes, Prévost retourne à Londres où il fonde Le Pour et Contre, journal principalement consacré à la connaissance de la littérature et de la culture anglaise. Il en est le principal auteur et poursuit son édition de façon presque ininterrompue jusqu'en 1740. Il ne rétablit pas pour autant ses affaires ; il fait un faux chèque qui le mène en prison en décembre 1733 et rentre en France au début de 1734. En 1734, il négocie son retour chez les bénédictins et effectue un second noviciat de quelques mois à l'abbaye de la Croix-Saint-Leufroy, près d'Évreux, avant de devenir, au début de 1736, l'aumônier du prince de Conti, qui le protège. Les trois derniers tomes du Philosophe anglais paraissent enfin clandestinement, à Paris, en 1738-1739. Il publiera d'autres romans, dont Le Doyen de Killerine (1735-1740) et Histoire d'une Grecque moderne (1740), et des traductions de l'anglais, dont la monumentale encyclopédie Histoire générale des voyages (15 volumes, 1746-1759) du libraire Thomas Astley ; il contribue à diffuser Samuel Richardson en France, notamment par deux traductions de ses romans : Lettres anglaises ou Histoire de miss Clarisse Harlowe (1751) et Nouvelles Lettres anglaises ou Histoire du chevalier Grandisson (1755). En 1755 il dirige le Journal étranger, fondé par Ignace Hugary de La Marche-Courmont. Il meurt d'une rupture d'anévrisme en 1763.