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Cote/Cotes extrêmes
Date
Organisme responsable de l'accès intellectuel
Description physique
Biographie ou Histoire
Fondée par la reine Mathilde et dédicacée le 18 juin 1066, La Trinité de Caen, ou Abbaye-aux-Dames est dotée d'un riche patrimoine foncier, en Normandie et en Angleterre, par une charte de donation dont on ne conserve plus aujourd'hui que des copies imprimées du XVIIe siècle (2H/29/1). Les abbesses et moniales sont issues des plus hauts lignages normands. Après avoir fait face à quelques désordres et pillages qui suivent la mort de Guillaume, l'abbaye reste un établissement prospère où se développe une riche vie intellectuelle.
La guerre de Cent Ans pousse l'abbaye, en raison de sa position stratégique, à édifier des fortifications et un donjon vers 1359. Après la conquête anglaise, les bâtiments servent de logement au roi Henri V, mais le conflit ne fait pas grand tort à l'abbaye, et la vie monastique reprend son cours une fois la paix revenue.
Les Guerres de Religion que connaît le royaume de France entre 1559 et 1598 apportent par contre de plus gros bouleversements. En 1562, les troupes protestantes de l'amiral de Coligny pillent la Trinité, profanent les reliques qui y sont conservées et saccagent le tombeau de la reine Mathilde. À l'issue des conflits et en réaction au protestantisme, une réforme de la vie monastique est menée à partir de 1618 par l'abbesse Laurence de Budos, dans le but de remédier à l'assouplissement de la règle que connaissaient alors les moniales. Le reste du XVIIIe siècle est consacré à de nombreux travaux dans l'abbaye et aux démarches des abbesses auprès de la cour pour trouver l'argent dont elles manquent. Trois ailes sont construites entre 1702 et 1788 mais les travaux sont stoppés faute de moyens en 1788 puis du fait des événements politiques.
En février 1790 est dressé l'état général des biens de l'abbaye, que les moniales quittent définitivement en mars 1791. Devenus tour à tour logement de troupes, magasin à fourrage, dépôt de mendicité, hôpital militaire, Hôtel-Dieu en 1823 puis hospice de 1908 à 1983, les bâtiments sont finalement rachetés par l'administration régionale, qui s'y installe le 31 janvier 1986 après avoir mené d'importants travaux de restauration.
Histoire de la conservation
Malgré les pertes dues aux guerres de religion, les archives de l'Abbaye-aux-Dames étaient dans un état de conservation correct à la Révolution, comme le montrent les analyses et indications de cotes et de layettes portées au dos des documents par des mains successives jusqu'au XVIIIe siècle. Un « inventaire des tiroirs contenant les titres de l'abbaye » est également conservé (2H/28). De plus, la saisie des archives, en juin 1790, a donné lieu à un procès-verbal conservé aux Archives du Calvados qui témoigne également de cet état de fait (1Q/510). Des préjudices importants sont en revanche portés à l'unité et à la richesse du fonds au début du XIXe siècle, en raison de l'accès trop libre qu'accordent les Archives départementales du Calvados aux érudits venus étudier les actes médiévaux. De nombreuses pièces sont alors "distraites" des fonds, et n'ont pas toutes été retrouvées aujourd'hui.
Un travail de pré-classement a probablement été entrepris au cours du XIXe siècle, comme en témoigne l'utilisation pour le conditionnement des liasses de feuilles d'impôts mentionnant les patentes fixe et proportionnelle, mesure mise en place à partir de 1844 seulement. Des liasses appartenant à la seigneurie de Sallen sont conservées dans d'anciennes chemises d'archives communales datées de 1935, prouvant que des travaux dans le fonds sont postérieurs à cette date. On a gardé également la trace d'achats, de revendications ou de restitutions effectués entre la seconde moitié du XIXe siècle et le début du XXe siècle. Mais contrairement à l'Abbaye-aux-Hommes qui a bénéficié d'un travail complet mené par René-Norbert Sauvage, les travaux sur le fonds de l'Abbaye-aux-Dames n'ont pas abouti à un classement finalisé, et le conditionnement général est resté très précaire jusqu'à la fin du XXe siècle.
Au début du XXIe siècle, les travaux des universitaires anglais et la thèse de Mme Letouzey-Réty, comme l'intérêt porté par le grand public au règne de Guillaume le Conquérant, rendent urgent l'amélioration de l'état de conservation du fonds, qui est finalisé par un inventaire et un reconditionnement complets en 2016 à l'occasion du 950e anniversaire de la fondation de l'abbaye.
Présentation du contenu
Le fonds, moins riche que celui de Saint-Étienne, a été endommagé par les pillages des guerres de Religion, durant lesquelles les vassaux profitèrent du saccage des protestants pour brûler les archives foncières de l'abbaye. Il a également beaucoup souffert des "emprunts" des érudits normands du début du XIXe siècle, notamment l'abbé de La Rue et Léchaudé d'Anisy.
Il comprend néanmoins de belles pièces. On trouve notamment un petit cartulaire médiéval (2H/4), le principal étant conservé à la Bibliothèque nationale de France (ms latin 5650). L'acte le plus ancien est la confirmation générale d'Henri II, bien conservée (2H/25/1). Les actes de fondation plus anciens sont sans doute perdus depuis longtemps, car on n'en trouve pas de copies dans le fonds. Il existait un acte de confirmation générale s'apparenant à un acte de fondation, de même type que celui conservé pour l'Abbaye-aux-Hommes (H/1830/1), mais il n'est connu que par sa transcription dans le cartulaire de la BNF et par des copies imprimées modernes nombreuses.
Le plus intéressant réside certainement dans l'importance des actes relatifs aux possessions de l'abbaye en Angleterre et sur les îles anglo-normandes, dont plusieurs actes du XIIe siècle (2H/25/5 à 2H/25/59). L'acte 2/25/10 est ainsi remarquable par la présence de sept confirmations conjointes, et la conservation de plusieurs des sceaux afférents.
Mode de classement
Comme toutes les abbayes féminines du Calvados, le fonds ne bénéficiait d'aucun inventaire et se trouvait dans l'état qui était le sien au moment du déménagement des archives de l'abbaye, ce qui explique un début d'organisation topographique qui devait être celui du chartrier au XVIIIe siècle.
Une cotation provisoire assez maladroite a été faite au carton pour permettre la communication au début des années 2010. Les boîtes étaient alors trop remplies et en partie sans cohérence interne, avec des titres vagues, faux ou partiels. Cette cotation était elle-même fluctuante, comme le souligne Catherine Letouzey-Réty dans sa thèse.
Le souci de ne pas trop bouleverser l'ordre initial et les traces de classements successifs explique que la réorganisation du fonds ne soit pas complète, et que l'ordre des documents ne respecte pas toujours l'ordre intellectuel idéal. Ainsi, la logique générale du fonds se présente en deux parties distinctes : les cotes 2H/1 à 2H/33 sont classées par typologie alors que pour les cotes 2H/34 à 2H/114 prédomine une logique géographique, mâtinée de dossiers par tenanciers ou thèmes précis à l'intérieur d'une seigneurie ou d'un domaine.
La présence de chartes médiévales, scellées pour certaines d'entre elles, a également incité l'archiviste à effectuer une cotation à la pièce sur les documents les plus précieux, alors que les autres sont cotés à la boîte. La longue histoire de conservation du fonds a laissé évidemment de nombreuses traces parmi les documents : chemises, épingles, ficelles, feuillets de classement... Ces éléments ont été signalés dans l'inventaire et classés pour les plus signifiants d'entre eux, tandis que seuls des spécimens ont été conservés pour les autres, qu'il était nécessaire d'éliminer pour les remplacer par des matériaux de conservation neutres.
Tableau de concordance Même si le plan de classement reste globalement inchangé, il n'a pas été possible d'établir une concordance boîte à boîte dans la mesure où le reconditionnement des documents (désormais moins tassés) a entraîné des modifications de volumes, et où l'hétérogénéité de certaines boîtes a conduit à une ventilation de celles-ci dans l'ensemble du fonds. L'on a essayé en revanche lorsque c'était possible d'indiquer les anciennes cotes des pièces notables. En outre, l'existence de bornes de cotes déjà établies (2H/1-2H/114) a exigé l'utilisation de cotes à quatre parties, même si la pratique est normalement peu orthodoxe dans le monde des archives, pour éviter de recoter tous les fonds qui suivent celui de la Trinité dans la sous-série 2H. Ces choix ont été rendus nécessaires pour pouvoir produire dans un délai raisonnable un travail qui n'avait que trop tardé et livrer aux chercheurs un inventaire certes imparfait mais qui leur donnera enfin une clef d'entrée dans les archives de l'abbaye de la Trinité.
Documents en relation
Procès-verbal de saisie des meubles et archives de l'Abbaye-aux-Dames, 1Q/510.
Plans par l'architecte Gilet, fin XVIIIe siècle. BM Caen, ms 340 et FNI D 2.
Conférences pour l'instruction du noviciat sous Madame de Belzunce (manuscrit, deux volumes reliés), 27F/43.
Profession autographe de Madeleine de Montmorency, moniale à la Sainte-Trinité de Caen (1564, parchemin enluminé), F/4022/2
Notes sur l'abbaye de la Sainte Trinité de Caen (religieuses ; officiers de l'abbaye ; divers, début XXe s.), F/6183/1 (don du capitaine Caillaud en 1943)
Charles VIII, roi de France, sur les instances de sa cousine Marie de Bourbon, abbesse de la Trinité de Caen, ordonne de libérer ce monastère des impôts du sel pour la quantité qui a été consommée dans le couvent (23 août 1492), NOUVACQ/1037 (12/06/1973 : signalement d'un document volé en 1973 chez Lagnel, antiquaire à Caen)
Reconnaissance passée par Guillaume Le Gresley, de Saint-Pierre de Caen, confessant devoir 4 sous tournois de rente annuelle à la Trinité de Caen (juillet 1316), NOUVACQ/2309 (13/03/1979 : Don Eugène Rossignol, Paris)
Jugement en appel d'un contentieux entre l'abbaye et Olivier d'Amours relatif à une barrîère empêchant l'accès à un pré à Vaux-sur-Seulles, J/767
Documents séparés
Biblliothèque nationale de France, ms latin 5650 (Stein n°709) : cartulaire de 95 ff (inédit). Cette pièce a été distraite du fonds au XVIIe siècle par l'intendance Foucault et a rejoint les collections de la BNF avec les autres ouvrages de sa collection par le biais du bibliophile Charles d'Orléans de Rothelin.
Neuf actes concernant la Trinité sont également conservés dans les collections de l'Université de Princeton. Il s'agit de documents distraits par l'abbé De La Rue dans les années 1830 et vendus à un nommé Thomas Stappleton. Ils font l'objet d'une autre vente dans les années 1920 et intègrent finalement les archives de l'Université de Princeton dans la collection Beaumont. Les actes datent pour cinq d'entre eux des XIe et XIIe siècles. Les autres sont des vidimus d'actes du XIe datés de la fin du Moyen-Age.
Princeton, 206-6993 ; 206-6994 ; 206-6997 ; 206-7001 ; 206-7005 ; 206-7030 ; 206-7031 ; 206-7032 ; 206-7034.
Bibliographie
BILLAT Hélène, Abbaye aux Dames de Caen, Caen, Parcours du Patrimoine, Direction de l'Inventaire régional de Basse-Normandie, 2015.
CHIBNALL Marjorie, Charters and Custumals of the abbey of Holy Trinity Caen, Londres, Oxford University Press, 1982.
FAUROUX Marie, Recueil des actes des ducs de Normandie, Caen, Société des antiquaires de Normandie, 1961.
LÉCHAUDÉ D'ANISY Louis-Amédée, Extrait des chartes et autres actes normands ou anglo-normands qui se trouvent dans les Archives du Calvados, Caen, 1834.
LETOUZEY-RETY Catherine, Ecrit et gestion du temporel dans une grande abbaye de femmes anglo-normande : la Sainte-Trinité de Caen (XIe-XIIIe siècle), Thèse de doctorat sous la direction de Laurent FELLER et David BATES, 2011.
MUSSET Lucien, Les actes de Guillaume le Conquérant et de la reine Mathilde pour les abbayes caennaises, Caen, Société des antiquaires de Normandie, 1967.
Notes
Une thèse en cours de publication a été soutenue en 2011 sur le fonds médiéval de l'abbaye aux Dames par C. Letouzey-Réty. Elle est consultable sur autorisation de l'auteure aux Archives départementales.
Cote/Cotes extrêmes
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Les actes des rois anglais étant datés des années de leur règne, l'identification de l'année et du règne est difficile pour ces années où le roi porte le même nom.
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Léchaudé d'Anisy n°36
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