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22 mars 1914, Curcy-sur-Orne – 6 juin 1944, prison de Caen

Guy de Saint-Pol nait le 22 mars 1914 à Curcy-sur-Orne. Son père, mobilisé en août 1914, meurt le 7 septembre 1914 lors de la bataille de la Marne, alors que Guy n'a que quelques mois. Il est élevé par sa mère, Yvonne Senot de La Londe, à Nantes, dans le souvenir de ce père disparu. 

Il est scolarisé dans différents établissements à Vannes et à Nantes, puis se forme à l'élevage dans le Calvados. 

Seulement quelques mois plus tard, le 2 septembre 1939, Guy de Saint-Pol est mobilisé et part au front. Les premiers mois, il décrit quotidiennement sa vie de soldat dans un carnet. Suite à la débacle, il est démobilisé et est de retour chez lui en septembre 1940. 

Le deuxième enfant du couple, Marc-Antoine de Saint-Pol, nait le 23 décembre 1942.

Guy de Saint-Pol s’engage dans la Résistance dès 1942. Le 1er mai, il intègre le réseau Alliance, dont le responsable en Normandie est Roger Sainteny. Il effectue des missions de renseignement dans le secteur côtier allant de Ouistreham à Isigny-sur-Mer. Il est notamment chargé de repérer le matériel, les équipements et les déplacements des troupes allemandes. 

Les renseignements recueillis sont transmis à Londres par l'intermédiaire de Jean Caby, membre du réseau et électricien possédant un appareil de transmission. Il multiplie les lieux d'émission pour éviter d'être repéré et émet régulièrement chez Guy de Saint-Pol, à Amayé-sur-Seulles. 

Il participe également à l'élaboration de cartes destinées aux Alliés, qui n'ont malheureusement pas pu être retrouvées.

En octobre 1943, il héberge chez lui deux aviateurs américains contraints d'atterrir à Cahagnes. Les recherches allemandes se faisant plus menaçantes et craignant qu'ils ne se fassent repérer, il les aide à fuir et leur donne notamment des vêtements civils.

Pour avoir caché et aidé ces aviateurs, Guy et Yolande de Saint-Pol recevront, en 1946, une distinction des Etats-Unis, la Médaille de la Liberté. 

Ces deux aviateurs ont pu ensuite rejoindre l'Espagne, puis la Grande-Bretagne.

Guy de Saint-Pol est arrêté par la Gestapo chez lui, le 17 mars 1944, lors d'une rafle qui touche tout le réseau. Le même jour, Jean Caby et son épouse, Marcelle Caby, Georges Thomine et Robert Douin, tous membres du réseau Alliance, sont également arrêtés. 

Durant sa détention, il parvient à entrer en communication avec son épouse. Les familles des détenus récupèrent le linge de leur proche pour le laver, et Guy de Saint-Pol en profite pour y glisser des lettres. On y apprend quelques détails sur ses conditions de détention et sa vie en prison. Il raconte notamment qu'il a été détenu une quarantaine de jours dans une cellule sans fenêtre, sans air, et qu'il était sous-alimenté. Il souligne aussi la solidarité entre prisonniers, puisque deux de ses camarades ont partagé leur nourriture avec lui lorsqu'il était trop faible. 

Guy de Saint-Pol est fusillé par la Gestapo lors lors du massacre de la maison d'arrêt, le 6 juin 1944.

Les corps des victimes, dissimulés par les nazis, n'ont à ce jour jamais été retrouvés.

Guy de Saint-Pol est décoré, à titre posthume, de la Médaille de la Résistance française ainsi que de la Légion d'Honneur.