Henri Brunet
Caen, 1902- Paris, 1943
Henri Brunet est né le 12 avril 1902 à Caen. Ses parents y exercent la profession de marchands de meubles rue Saint-Pierre (la maison Lenoir). Il passe son baccalauréat au lycée Malherbe de Caen et effectue son service militaire dans le Train des Équipages. Il se marie en 1927. De 1927 à 1938, il dirige une entreprise de cartonnage à Paris et réside à Neuilly-sur-Seine. Sa femme Paulette met au monde un premier enfant en 1929 puis un second en 1931. Mobilisé en tant que capitaine de réserve en 1939, il est très vite démobilisé pour raisons de santé.
De retour à Caen, il fait l’acquisition d’un atelier d’héliogravure, 19 rue Saint-Manvieu. Il travaille alors pour le compte des administrations et des usines. Dès les débuts de l’Occupation, il est en conséquence sollicité par les Allemands pour reproduire des plans.
En avril 1941, Henri Brunet est contacté à son bureau par Louis Esparre, responsable du réseau de résistants SR-Air pour la Normandie qui le convainc d’agir. Henri Brunet, appartiendra également au groupe Turma Vengeance commandé par le capitaine Jeanne, lié au SR-Air. Dès lors, l’héliograveur réalise des doubles des plans que les Allemands apportent à son magasin : plans des fortifications de la côte normande, des dépôts de munitions, croquis de positions d’artillerie, organigramme des réseaux de communication, cartes d’état-major renseignées, plans de la défense de Jersey, du port de Trouville, de l’arsenal de Cherbourg, de l’usine d’électrométallurgie de Dives, des réseaux ferroviaires et téléphoniques… Au total, ce sont plusieurs milliers de documents qu’il porte le plus souvent lui-même à Paris enroulés dans du papier journal.
D’abord insouciants, les Allemands renforcent leur surveillance à son égard. Une première perquisition a ainsi lieu chez Henri Brunet en avril 1942, sans résultat. Mais l’infiltration d’un traître dans le réseau permet de découvrir ses activités. Henri Brunet est arrêté par la Gestapo à son domicile 19 place Saint Martin à Caen le 11 novembre 1942. Ce même jour, plusieurs membres du réseau sont également arrêtés : trois d’entre eux seront fusillés Robert Jeanne, Pierre Doucet et Louis Esparre. Suzanne Speisser et Cécile de Majo-Durazzo furent également condamnées à mort tandis que Mme Jeanne fut quant à elle déportée

Henri Brunet ne demeura que 24 heures emprisonné à Caen. Il fut de fait transféré à Rouen le 12 novembre pour y rester jusqu’au 5 décembre avant d’être conduit à la prison de Fresnes. Le 11 mai 1943, il est condamné à mort par le tribunal militaire allemand du Commandant du Grand Paris.
Tombé gravement malade, il entre à l’hôpital de la Pitié à Paris en juin 1943 et son exécution est repoussée. A sa sortie de l’hôpital le 26 août 1943, il est de nouveau conduit en détention à Fresnes. Son épouse et ses amis informés de la situation effectuent toutes les démarches possibles pour le sauver dont un recours en grâce instruit par la Délégation Générale du Gouvernement français, Place Beauvau.
Henri Brunet est finalement fusillé à Paris au stand de tir de Balard (XVème arrondissement) le 20 septembre 1943. Il avait avec Paulette 2 enfants : Inès 11 ans (née en1931) et François 13 ans (né en 1930).
Les cartes d’Henri Brunet de combattant volontaire de la résistance et d’interné résistant furent favorablement instruites à titre posthume en 1954 suite aux demandes réalisées par son épouse. Elle y témoigne des actions de son mari.
Henri Brunet reçut à titre posthume de la Légion d’honneur, de la croix de guerre avec palme ainsi que de la Medal of Freedom américaine.
À Caen, une rue et un groupe scolaire portent son nom. Il figure également sur la plaque apposée à Paris avenue de la Porte-de-Sèvres à la mémoire des 146 fusillés du stand de tir de Balard aujourd’hui détruit, et sur celle des morts pour la France située dans la cour de l’Hôtel de Ville de Caen. Il est également inscrit sur le mémorial 1939-1945 des services spéciaux de la Défense nationale à Ramatuelle (Var).
Bibliographie
- Quellien Jean, «Henri Brunet», in Association Résistance et Mémoire, La Résistance dans le Calvados, cédérom éd. AERI, 2004
- Quellien Jean (sous la dir.), Livre mémorial des victimes du nazisme dans le Calvados, CRHQ, Caen, Archives du Calvados, 2004, AD14, BH/8/11936 et BH/8/ 17933
- Fiche d'Henri Brunet dans le Maitron des fusillés
- Général Jean Bézy, Le SR Air, France-Empire, 1979
- Amicale des Anciens des Services spéciaux de la Défense nationale, Livre d’Or du Mémorial de Ramatuelle 1939-1945, 2005
- Colonel Rémy, Mémoires d’un agent secret de la France Libre, éd. Raoul Solar, 1946
- Genet-Rouffiac Nathalie et Longuet Stéphane dir., Les réseaux de résistance de la France combattante, Service historique de la défense – éditions économica, Vincennes, 2013, AD14, BH/4/5046
Sources d'archives
Archives du Calvados
- Fiche matricule militaire, 1R/500
- Pièces relatives à Henri Brunet, 1166W/32/1
- Carte d'interné résistant délivrée à la veuve d'Henri Brunet, 2936W/43
- Dossier de demande de carte du combattant volontaire de la résistance pour Henri Brunet réalisé à titre posthume par son épouse, 1101W/233
- Dossier de dommages de guerre pour l'atelier d'héliogravure d'Henri Brunet à destination de sa veuve Paulette Brunet, 923W/513, dossier 13655RIC
Service historique de la Défense
- DAVCC/Caen : dossier individuel à titre posthume de déporté et interné résistant, AC 21P 431296
- Vincennes : dossier individuel de résistant GR 16P 94968; dossier indivduel d'agent de la France combattante GR 28P 4 184/1; dossier individuel constitué par la Gestapo de Trèves, GR 28P 8 47129; dossier du réseau Turma-Vengeance, GR 17P 230; dossier du réseau SR Air quarante, GR 17P 216