Accueil > Le Calvados contemporain > La Seconde Guerre mondiale > La Résistance dans le Calvados
La Résistance dans le Calvados
Chronologie et moyens d’action
Initiatives individuelles, mouvements collectifs spontanés, engagements dans une organisation : autant de facettes qui incarnent la pluralité de la Résistance. La résistance à l’occupant apparait précocement dans le Calvados :
- En août 1940, Jules Becquemont, un ouvrier agricole, est arrêté alors qu’il sectionne des câbles téléphoniques : il sera le 1er fusillé du Calvados, le 10 février 1941.
- Le 11 novembre 1940, des étudiants, lycéens et collégiens observent une minute de silence devant le monument aux morts de la place Foch à Caen.
- Fin 1940, Robert Guédon, officier de carrière, implante le réseau de renseignement Hector.
Le renseignement constitue la principale activité de la Résistance calvadosienne, que ce soit durant la bataille d’Angleterre ou pour les préparatifs du Débarquement. Le département occupe en effet une position stratégique face au Royaume-Uni. C’est aussi pour cette raison que la présence allemande est y particulièrement importante : 100 000 hommes pour une population totale de 400 000 personnes, rendant les actions particulièrement difficiles et héroïques. Les champs d’action de la Résistance sont nombreux :
- Sabotages et attentats, dont les plus emblématiques sont les attentats d’Airan des 16 avril et 1er mai 1942 ;
- Réseaux d’évasion pour les aviateurs alliés (une centaine sera sauvée), les juifs persécutés ou encore les réfractaires au STO ;
- Propagande et manifestations ;
- Réalisation de faux papiers ;
- Cache d’armes et parachutages ;
- Préparation de la Libération à partir de 1943.
C’est en 1942 qu’apparaissent la plupart des mouvements et réseaux, dont l’organisation civile et militaire (OCM) et le réseau Jean-Marie (Buckmaster).
Le Front national, mouvement de résistance communiste créé en mai 1941, se dote d’une branche militaire au printemps 1942 : les Francs-tireurs et partisans (FTP). La géographie du Calvados est peu propice au développement de maquis sauf dans sa partie méridionale qui s’illustre par le maquis de Saint-Clair Clair et le maquis Guillaume le Conquérant. A partir de 1942 la répression se durcit. Jusqu’alors menée par la Wehrmacht, à l’été 1942, elle passe partiellement sous le contrôle de la Gestapo et de ses auxiliaires français « la bande à Hervé ».
Au début de l’Occupation, les exécutions constituaient la principale forme de répression : exécutions d’otages et exécutions consécutives à des jugements prononcés par les tribunaux militaires allemands. La plus emblématique est l’exécution du 15 décembre 1941, dont les victimes sont des résistants parisiens, à l’exception de Michel Farré, un jeune résistant de Colombelles.
A partir de 1942 et surtout 1943, les résistants arrêtés sont généralement déportés, même si une forme de répression judiciaire à visage légal se maintient, notamment contre les résistants communistes. De décembre 1943 à juin 1944, les réseaux et mouvements calvadosiens vont être durement frappés avec près de 200 arrestations. Les victimes du massacre de la prison de Caen le 6 juin 1944 sont également majoritairement des résistants, tels les membres du réseau Alliance arrêtés le 22 mai de la même année.
Chiffres et organisation
Jean Quellien estime à environ 2500 personnes, sur une population totale de 400 000 habitants, les hommes et les femmes qui ont participé activement à une organisation de résistance dans le Calvados. Parmi eux, 80% se sont engagés après 1942. Le portrait type était un jeune homme de moins de quarante ans (56%), habitant en ville (60%). Le pourcentage de femmes (12%) a pu être minimisé par le fait qu’elles agirent parfois dans l’ombre de leur compagnon. Elles furent ainsi moins nombreuses à demander une carte de combattant volontaire après-guerre.
Les réseaux sont liés aux services secrets basés à Londres. Ils sont spécialisés dans la collecte de renseignements, l’organisation de filières d’évasion et le sabotage.En raison de la position stratégique du Calvados, pas moins de 40 réseaux y sont dénombrés dont les plus importants sont les réseaux :
- Centurie,
- Jean-Marie-Buckmaster (SOE),
- Zéro-France (sûreté de l’Etat belge),
- Hector (France libre),
- Arc-en-ciel (BCRA)
Les mouvements n’ont pas de liens formels avec Londres au moins jusqu’en 1943. Ils se distinguent par une activité importante de propagande et par les orientations politiques de leurs membres. Sur les 21 mouvements dénombrés dans le Calvados, les deux plus importants ont été :
- L’Organisation civile et militaire (OCM) : créée en avril 1942 et majoritairement dirigée par des membres du Parti radical.
- Le Front national (FN) et Francs-Tireurs Partisans (FTP) : créé au niveau national par le Parti communiste au printemps 1941.
Les frontières entre les types d’organisation ne sont cependant pas figées.
L’OCM dispose de son propre réseau, Centurie, lui-même rattaché au réseau CND Castille. Gisèle Guillemot fait partie du Front national communiste, mais également du réseau Centurie. Lorsque le réseau Hector est démantelé dans le Calvados en novembre 1941, les membres rescapés rejoignent Ceux de la Résistance, l’OCM, Libération-Nord ainsi que les réseaux Zéro-France, Alliance, Jean-Marie-Buckmaster.
Pour aller plus loin :
La préfecture du Calvados vous propose sur son site internet de nombreuses ressources. Vous retrouverez notamment une exposition en ligne sur la Résistance dans le Bessin.