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Michel de Boüard

Lourdes (65), 1909 – Caen, 1989

Alias Marc, Leforestier

Michel de Boüard est marqué par des sourcils épais et un regard sombre.
Michel de Boüard, s. d., Collection Jean Quellien

Né à Lourdes en 1909, M. de Boüard est le fils d’un professeur de l’Ecole des Chartes dont il suit les traces puisqu’il obtient son diplôme d’archiviste-paléographe en 1930. Après un séjour à l’Ecole française de Rome, il entame une carrière universitaire à l’étranger (Institut français de Naples, Université Fouad Ier du Caire). Il se marie en 1932 avec Germaine Cailles. Il est mobilisé en 1939 mais placé dans la position « sans affectation » comme père de famille nombreuse. Il est nommé à l’Université de Caen en décembre 1940 où Il est chargé de la chaire d’histoire de la Normandie.

A l’Université de Caen, il se sent proche de personnages montrant leur hostilité à l’occupation et au régime de Vichy ainsi que leur anglophilie : Pierre Daure, recteur démis de ses fonctions en décembre 1941 et René Musset, doyen de la faculté des Lettres arrêté et déporté en 1942. Dès 1941, il est en contact avec des résistants, rencontrés notamment chez le préfet Daure. Mais c’est fin 1942, qu’il entre effectivement dans la Résistance, par l’intermédiaire de l’un de ses étudiants, Raymond Pierre, qui lui fait rencontrer Gisèle Guillemot, responsable départementale du front patriotique de la jeunesse. Elle le met en contact avec Marius Sire et Joseph Etienne, membres du trio de direction du Front nationaldans le Calvados. Sa foi chrétienne ne l’empêche pas de s’engager dans la Résistance au sein du Front national, créé par le Parti communiste en 1941 mais ouvert aux non communistes de tous horizons. Dans son dossier de demande de titre de déporté résistant (SHD/Caen, AC 21P 732233), il date lui-même son entrée au Front national de septembre 1942 mais Gisèle Guillemot le date plutôt de début 1943.

"Le Secrétariat national du Front national certifie que : Monsieur Michel de Boüard, professeur à la Faculté de Lettres de l'Université de Caen, expert en écritures près la Cour d'Appel, demeurant 10 rue Alphonse-Gille à Caen a appartenu à l'organisation clandestine du Front national et que c'est en tant que membre de ladite organisation que l'intéressé a été arrêté le 11 décembre 1943."

Attestation d'appartenance de Michel de Boüard au Front national, 2 août 1949, SHD/DAVCC, AC 21P 732233

Il parvient à recruter quelques collègues de l’université et des étudiants, il hébergeait chez lui des membres important du Front national, il se voit confier la responsabilité du journal clandestin du Front national, Calvados Libre. Grâce notamment à ses réseaux de relations, il est à l’origine de la création du Comité de Libération clandestin du Calvados dont la première réunion clandestine a lieu à Caen en octobre 1943. Il participe également à des actions avec les Francs-Tireurs et Partisans (FTP), branche armée du Front National. C’est dans ce cadre qu’il participe au cambriolage des Galeries Lafayette de Caen, dans la nuit du 13 au 14 novembre 1943. Il s’agit de récupérer des machines à écrire pour rédiger des tracts. L’opération tourne mal et le veilleur de nuit est abattu.

Le document précise que "selon un compte-rendu inséré dans la presse régionale, M. de Boüard est compromis dans l'affaire de l'assassinat du veilleur de nuit des Galeries Lafayette survenu dans la nuit du 13 au 14 novembre 1943. Ce crime aurait été commis par des membres d'un groupe de résistance à la suite du refus du veilleur de donner les machines à écrire de l'établissement dont il avait la garde. L'article de presse dont il s'agit, inspiré par les services de la police de sûreté allemande qui a arrêté les divers coupables, précise que M. de Boüard attendait dans la rue avec sa bicyclette munie d'une remorque pour emporter les machines."
Note du préfet du Calvados sur l'arrestation de M. de Boüard, 17 février 1944, SHD/DAVCC, AC 21P 732233

En décembre 1943, Marcel Morel, membre des FTP est arrêté par la police allemande et livre les adresses des lieux de rendez-vous du Front national. Michel de Boüard est arrêté à son domicile le 11 décembre 1943 par la Gestapo. Incarcéré à la prison de Caen, il est transféré au camp de Compiègne-Royallieu en février 1944, puis déporté en mars au camp de Neue Bremm (Sarrebruck) puis Mauthausen en avril 1944. Il en est libéré le 24 avril 1945.

La carte de couleur rouge comporte une photo d'identité de Michel de Bouard.
Carte de déporté résistant de M. de Boüard, 1950, AD14, 2936W/46

Après la guerre, Michel de Boüard poursuit sa carrière universitaire à Caen. Il est également le créateur du Musée de Normandie et l’initiateur des fouilles archéologiques du château de Caen. Membre du Comité d’histoire de la Deuxième guerre mondiale, il est l’un des premiers historiens de la Déportation et est très engagé dans différentes associations de déportés.

Michel de Boüard est décédé à Caen le 28 avril 1989.

Bibliographie

Sources d’archives

Archives du Calvados

  • Dossier de demande de carte du combattant volontaire de la résistance, 1101W/221
  • Cabinet du préfet du Calvados. Personnes arrêtées par les allemands, internés civils et STO, 1941-1944, 1166W/25
  • Carte de déporté résistant, 1950, 2936W/46
  • Rapport du préfet du Calvados pour les mois de novembre-décembre 1943, 4 janvier 1944, 19W/3
  • Rapport du préfet du Calvados pour les mois janvier-février 1944, 4 mars 1944, 3142W/4/1

Service historique de la Défense

  • DAVCC/Caen : dossier individuel de déporté et interné résistant, AC 21P 732233
  • Vincennes : dossier individuel de résistant, GR 16P 162321

Pour aller plus loin :

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