Joseph Étienne
Douville-sur-Andelle (27), 1901 - Elbeuf (76), 1990
Alias Jean

Natif de l'Eure, Joseph Étienne vit à Lisieux avec ses parents aux débuts des années 1920. Après un engagement volontaire dans la Marine nationale de 1920 à 1923, où il exerce les fonctions de chauffeur, il rentre à Lisieux et travaille comme ouvrier puis contremaître à la manufacture de draperies J. et C. Mommers. Il est membre du Parti communiste où il rencontre Edmone Robert. Il est également militant de la CGT et participe activement aux grèves de 1936 dans son usine. En octobre 1939, il est affecté spécial dans son usine.
Dès 1939, il participe à la reconstitution clandestine du Parti communiste, interdit en septembre 1939, à la suite de la signature du Pacte germano-soviétique. Lors de l'invasion de la France par les Allemands, en mai 1940, Joseph Étienne et Edmone Robert récupèrent des armes abandonnées par l'armée française. Au printemps 1941, il entre dans la clandestinité sous le pseudonyme de Jean et intègre le Front national, mouvement de résistance créé par le Parti communiste. Début 1942, avec Marius Sire et Émile Julien, il fait partie du trio de direction clandestin du Parti communiste dans le Calvados.
Avec Emile Julien, alias Maurice, Désiré Marie et Charles Reinert, il participe directement aux deux attentats d'Airan : les 16 avril et 1er mai 1942, deux attentats sont perpétrés sur la voie de chemin de fer au niveau d’Airan, par des membres du Front national. Leurs objectifs, des trains de permissionnaires de la Wehrmacht.
Le 16 avril, 28 soldats meurent et des dizaines sont blessés. Il s’agit de l’attentat le plus meurtrier contre les troupes d’occupation sur tout le territoire occupé. En représailles, 24 communistes détenus dans des prisons françaises sont fusillés. Le 2 mai, le train déraille au même endroit et 10 allemands sont tués. Les autorités d’occupation exigent alors l’arrestation de 120 otages. Contrairement aux assurances données au préfet, les otages sont transférés au camp de Compiègne. Le 6 juillet 1942, environ 80 sont déportés à Auschwitz dont seulement sept reviendront. Le préfet Henri Graux, qui a refusé de participer aux arrestations, est révoqué peu de temps après. Joseph Étienne est identifié comme l'un des auteurs de l'attentat et activement recherché.
Il est finalement arrêté par la police française à Caen le 2 mars 1943, sous les yeux de Gisèle Guillemot. Grièvement blessé par balles lors de sa capture, Joseph Étienne est conduit à l'hôpital du Bon-Sauveur pour y être opéré. Son état critique ne permet pas aux policiers de l'interroger. Il est ensuite transféré à l'hôpital Clémenceau, sous la garde des Allemands. L'amélioration de sa santé signifiant qu'il va pouvoir être interrogé, il parvient à s'échapper dans la nuit du 7 au 8 mai 1943.
Il se cache quelques temps dans la Sarthe puis reprend son activité de résistance dans la région de Rouen. Il termine la guerre avec le grade de Lieutenant-Colonel dans les FFI et, en juin 1944, est le responsable militaire des départements de l’Eure, de la Seine-Inférieure, de l’Eure-et-Loir, du Calvados et de l’Orne.
Bibliographie
- Quellien Jean, «Joseph Étienne», in Association Résistance et Mémoire, La Résistance dans le Calvados, cédérom éd. AERI, 2004
- Quellien, Jean, Résistance et sabotages en Normandie - Le Maastricht-Cherbourg déraille à Airan, Condé-sur-Noireau, éditions Charles Corlet, 1992, AD14, BH/8/8114
- Maitron : notice sur Joseph Étienne
Sources d'archives
Archives du Calvados
- Rapport du commissaire central de Caen au préfet du Calvados, 29 avril 1943, 9W/42/1
- Rapport de la sûreté de Rouen, 22 février 1943 sur les activités communistes, AD14, 1166W/32/1 (ce rapport dresse un tableau de la résistance communiste du Calvados)
- Cabinet du préfet du Calvados. Personnes arrêtées par les allemands, internés civils et STO, 1941-1944, 1166W/32/1
- Témoignage de Gisèle Guillemot, 1995, 2AV/113
- Témoignage de M. Roland Lefoll, cheminot, notamment sur les attentats d'Airan en 1942,1994, 2AV/49
- Matricule militaire de Joseph Étienne, bureau de Lisieux, classe 1921 n° 535, 1R/496
Service historique de la Défense
- DAVCC/Caen : dossier individuel de déporté et interné résistant, AC 21P 642517
- Vincennes : dossier individuel de résistant, GR 16P 212407