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Amélia Mezzara, une femme dans la guerre de 1870

Portrait d'Amélia Mezzara en 1870, AD14, 153J/29, fonds Le Cavelier

Les Archives du Calvados préservent une lettre remarquable d'Amélia Mezzara, ambulancière à Mézidon pendant la Guerre de 1870-1871. Dans cette lettre adressée à des amis, écrite depuis San Francisco (USA) le 4 février 1872, elle revient sur son rôle dans la guerre.  

Dans cette lettre, Amélia Mezzara raconte ses actes à travers le rapport d' Alfred Monod, son supérieur pendant la guerre au sein du comité évangélique auxiliaire de secours pour les soldats blessés ou malades. Dans ce rapport qu'il adresse à Amélia Mezzara après l'avoir publié, elle souligne qu'il a commis de « graves erreurs » ou plutôt fait des « omissions volontaires » pour se mettre en avant ainsi que ses proches plutôt que celles et ceux qui ont réellement agi pour soigner les blessés pendant la guerre. Elle indique notamment : « Quant à Gabriel, qui s'est si noblement conduit, il a beaucoup de chance de s'appeler Monod, sans quoi il n'aurait pas plus été question de lui qu'il n'est question de ce pauvre bon Dumas. » Il s'agit bien ici de l'historien Gabriel Monod dont le destin sera plus tard notamment lié à l'Affaire Dreyfus.

Portrait d'Amélia Mezzara, fin XIXème s., AD14, 153J/29, fonds Le Cavelier

Le caractère d'Amélia Mezzara apparaît particulièrement dans cette lettre. Elle écrit ainsi à propos du rapport de monsieur Monod : « Je vois à la page 26 que deux membres de l'ambulance seulement étaient mariés (...) J'avais cru l'être depuis longtemps et je suis bien sûre de ne m'être pas trompée. Il est vrai qu'une femme mariée, abandonnant son intérieur pour voler au secours des blessés, eût fait mauvais effet (...) Si j'ai réellement fait un peu de bien, ce n'est pas des hommes que j'attends une récompense. » Et de fait, si elle obtint une croix de bronze, ce fut selon elle uniquement parce qu'Alfred Monod, ce « despote » était obligé de reconnaître ses actes.

Elle évoque ainsi son rôle auprès des soldats atteints de gangrène et son exposition aux risques : « Je croyais également être restée bravement à mon poste et m'être chargée du service si dégoûtant et si pénible des blessés atteints de cangrène ou de pourriture d’hôpital.»

Reste à comprendre pourquoi Amélia Mezzara se trouve aux Etats-Unis, ce qu'elle qualifie d' « exil » en avouant son « mal du pays ». Elle se trouve en fait de l'autre côté de l'Atlantique car elle a suivi son époux, le sculpteur et photographe Pietro Mezzara, qui bien que mourant est en charge de réaliser un bas relief pour le Capitole de Sacramento « la capitale des californiens ».

De l'étranger, elle conclut sa lettre par une analyse de la politique française. Amélia Mezzara n'épargne pas les hommes politiques français écrivant même à propos du Président de la République Adolphe Thiers qui a notamment réprimé la Commune de Paris : « ce très petit Thiers qui est bien le plus grand traître qui ait jamais existé. Il est à mes yeux à la hauteur de Judas. »

Pour aller plus loin :

Article "Deux françaises de 1870", La Revue illustrée du Calvados, septembre 1912, AD14, 14T/23/1/2/3

  • La Croix-Rouge française propose un focus historique sur l'engagement des femmes au sein de l'association accessible en ligne.

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