Georges Thomine
26 juin 1906, Port-en-Bessin – 6 juin 1944, prison de Caen
Alias Cachalot
Georges Thomine nait le 26 juin 1906 à Port-en-Bessin. Son père est pêcheur, comme les autres hommes de sa famille. C’est aussi la profession que Georges Thomine embrasse. En 1918, alors qu’il n’a que 12 ans, il se fait enregistrer comme inscrit maritime provisoire. En 1924, à 18 ans, il est enregistré comme inscrit définitif et devient matelot.
Première image : registre des gens de mer du syndicat de Port-en-Bessin, inscrits provisoires, AD14, 7R/414
Deuxième image : registre des gens de mer du syndicat de Port-en-Bessin, inscrits définitifs, AD14, 7R/391
Le 14 mai 1927, il épouse Fernande Héron, avec qui il aura deux enfants : Georges, né en 1927, et Gilbert, né en 1938.
A 20 ans, en 1926, il effectue son service militaire dans la marine d’Etat, à Cherbourg, dans le corps des Equipages de la flotte. Il obtient la spécialité d’infirmier. Il se réengage pour 3 ans en 1929. En février 1932, au terme de son engagement, il est placé dans la première réserve de l’armée de mer et rentre à Port-en-Bessin.
Il acquiert un bateau, La Jolie Rose effeuillée, en 1935 et devient patron pêcheur, à la tête d’un équipage de sept hommes.
Lors de la mobilisation générale de septembre 1939, Georges Thomine n’est pas appelé. Cependant, il se porte volontaire, à la fin du mois de mai 1940, pour participer à l’évacuation de Dunkerque. Le 1er juin, il amène ainsi une centaine de soldats français jusqu’en Angleterre.
Par l’intermédiaire de Paul Bernier et de Marcel Couliboeuf, tous deux membres du réseau de résistance Alliance, Georges Thomine rencontre, en avril 1943, Jean Roger, dit Jean Sainteny. Ce dernier, sous le pseudo « Dragon », est responsable du réseau en Normandie. Après cette rencontre, Thomine devient lui-même membre du réseau Alliance, sous le nom de code « Cachalot ». Grâce à son travail de patron pêcheur et son bateau, il peut surveiller les installations militaires allemandes construites sur le littoral et renseigner la résistance. Les sorties en mer étant très surveillées par les allemands, les risques encourus sont grands. Georges Thomine est un agent précieux pour la résistance, en effet, il est un des seuls membres du réseau Alliance à pouvoir observer ainsi, depuis la mer, les installations ennemies.
En plus de ses activités de renseignement, Georges Thomine recrute des membres pour le réseau : Auguste Duval, boucher à Ouistreham, et Maurice Primault, vendeur d’articles de pêche à Caen. Il est en contact avec d’autres membres du réseau calvadosien mais également avec des membres de la Manche.
Il fait partie des agents du réseau Alliance les plus actifs et importants du Calvados, avec Robert Douin, à la tête du réseau, et Jean Caby.
Thomine et son fils aîné, Georges, 16 ans, sont arrêtés le 17 mars 1944 à leur domicile de Port-en-Bessin.
Une série d’arrestations de membres d’Alliance a eu lieu à Paris, au début du mois. Il semble que les interrogatoires et perquisitions qui l’ont suivie aient entraîné des rafles en province, notamment en Normandie. Le jour de l’arrestation des Thomine, Guy de Saint Pol, Robert Douin, Jean Caby et son épouse, Marcelle Caby, sont également arrêtés. Dix-sept autres personnes sont arrêtées dans la Manche. Le coup de filet se poursuit avec l’arrestation, le 15 mai, de quinze autres agents calvadosiens.


Georges Thomine fils est relâché, aucune charge n’ayant été retenue contre lui. Son père, en revanche, est incarcéré dans le quartier allemand de la prison de Caen. Il est exécuté le 6 juin 1944, avec au moins 72 autres prisonniers.
Les corps des victimes du massacre ont été dissimulés par les allemands. A partir de juillet 1944 et la libération de la rive gauche de Caen, une enquête est diligentée pour identifier les coupables, les victimes et les lieux où ont été déplacés les corps. Ils n’ont, à ce jour, jamais été retrouvés.
Dossier d'enquête du commissariat de police de Caen, concernant la disparition de Georges Thomine, 1944, AD14, 3348W/19
Georges Thomine est décoré, à titre posthume, de la médaille de la Résistance française, par un décret du 31 mars 1947. En sa mémoire, une rue de Port-en-Bessin porte son nom.
Bibliographie :
- Saint Pol, Marc-Antoine de, Archives sur les fusillés de la prison de Caen, le 6 juin 1944. SHD Vincennes GR 28 P3 71, 2021, AD14, BH/BR/24076
- Quellien Jean, Le Calvados dans la guerre 1939-1945, OREP Editions, Bayeux, 2017. AD14, BH/8/18386
- Quellien Jean (sous la dir.), Livre mémorial des victimes du nazisme dans le Calvados, CRHQ, Caen, Archives du Calvados, 2004, AD14, BH/8/11936 et BH/8/ 17933
- Quellien Jean et Vico Jacques, Massacres nazis en Normandie, les fusillés de la prison de Caen, éd. Ch. Corlet, Condé-sur-Noireau, 1994. AD14, BH/8/8393 et BH/8/13372
- Pottier Sophie, Pottier Marc, Meslé Jean-Yves, Les Normands dans la Grande Guerre, éd. OREP, 2018, 118 p., AD14, BH/4/5928
- Fiche biographique de Georges Thomine sur le Maitron des fusillés
Sources d'archives
Archives du Calvados
- Archives concernant Georges Thomine, données aux AD par sa famille, 6J/120-6J/121
- Fiche matricule de Georges Thomine, classe 1926, 1R/541
- Registre matricule des gens de mer, 7R/391 et 7R/414
- Liste des prisonniers fusillés le 6 juin 1944 à la prison de Caen établie par le rapport du commissaire central de Caen, 20 décembre 1944, 6J/26
- Dossiers individuels de personnes arrêtées par les allemands, 1166W/29
- Dossiers d'enquête du commissariat de Caen concernant la disparition de Georges Thomine, 3348W/19
- Dossiers de pupilles de la nation des deux fils de Georges Thomine, 1101W/37
Service historique de la Défense
- DAVCC/Caen : dossier individuel, à titre posthume, de déporté et interné résistant, AC 21 P 273894
- Vincennes : dossier individuel de résistant, GR 16 P 570230 et dossier du réseau Alliance, GR 17P 172