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Honfleur, un port de la traite normande
1629 : Honfleur devient un port de la traite négrière
En 1629, Honfleur entre dans la liste des ports français participant à la traite négrière.

Cette estampe réalisée en 1657 par Jaques Gomboust, graveur et ingénieur du roi, est un des plus ancien plan d'Honfleur conservé aux Archives du Calvados. Elle donne une idée de l'organisation de la ville autour de son port.
1717 : la compagnie du Sénégal est établie à Honfleur
Plus tard, en 1717, le gouvernement royal y établit la compagnie du Sénégal. Le développement du commerce maritime à partir de la ville implique également des évolutions dans les infrastructures portuaires.
Ce document daté de 1786 permet précisément de comprendre l'évolution du port d'Honfleur au 18e siècle. Sa situation géographique intéressante et les différentes étapes de son agrandissement sont évoquées :
"Les habitants sentirent que leur ville placée à l'embouchure de la Seine était avantageusement située pour l'approvisionnement de l'intérieur du pays et de la capitale. et quelle pouvait être susceptible d'une augmentation du commerce. Ils construisirent alors à leurs frais le petit port appelé port de la Planchette aujourd'hui port des passagers.
Le commerce s'étant étendu, ce port devint trop resserré pour le grand nombre de navires qui y abordaient. En 1648, les habitants acquirent toutes les maisons d'un des quartiers de la ville, creusèrent et enlevèrent par corvée tout le terrain et, au moyen d'une contribution volontaire, ils construisirent un nouveau port appelé aujourd'hui Vieux bassin.
En 1717, le gouvernement ayant reconnu l'importance de la situation du port d'Honfleur, y établit la compagnie du Sénégal et fit entreprendre la construction d'un nouveau bassin du côté de l'Ouest.
Ces travaux importants étaient à peine commencés que les besoins de l'Etat forcèrent de les suspendre. Ce ne fut qu'en 1763 qu'on s'occupa de nouveau du projet d'agrandir ce port."
La traite et le commerce maritime en Normandie
Cependant, la ville est vite délaissée par les compagnies responsables de la traite négrière. Ce sont, en France, les ports du Havre, de Nantes, et de Lorient qui deviennent les fers de lance du commerce triangulaire. Déjà, en 1673, les bureaux de la Compagnie du Sénégal avaient été implantés au Havre. Mais il faut aussi penser la complémentarité des ports d'Honfleur et du Havre en lien avec Rouen et Dieppe pour comprendre la traite normande.
Durant quarante ans environ, aucun navire d'Honfleur n'est parti en Afrique pour réduire des individus en esclavage. Dans la première moitié du 18e siècle, le commerce portuaire honfleurais est essentiellement tourné vers la pêche à la morue sur les bancs de terre-Neuve au Canada, au cabotage et au commerce avec les îles d'Amérique.
Honfleur devient un des principaux ports négriers de France au 18e siècle
La traite négrière au départ d'Honfleur reprend dans la seconde moitié du 18e siècle. Honfleur, comme Le Havre, est une petite ville à la veille de la Révolution française, on y dénombre entre 8000 et 10 000 habitants. Toutefois, elle fait partie des principaux ports négriers de france.
La reprise de la traite négrière à partir du milieu du 18e siècle est encouragée par le gouvernement royal qui par cet arrêt du conseil d'Etat du roi du 30 septembre 1767 annule le privilège exclusif du commerce de Guinée accordé à la Compagnie des Indes. Le roi prend des décisions importantes pour les négociants honfleurais :
- Les négociants et armateurs sont désormais libres de pratiquer ce commerce alors qu'auparavant ils ne le faisaient que sur la permission de la Compagnie des Indes.
- La taxe de 10 livres par esclave introduit dans les colonies revient désormais au roi et non plus à la Compagnie des Indes.
- Et surtout il accorde une exemption de cette taxe aux négociants des ports de Saint-Malo, du Havre et d'Honfleur "qui ont fait des efforts pour ce commerce et qui méritent des encouragements"
C'est à la fin de la Guerre d'Indépendance américaine en 1783 que les départs sont les plus importants. Il s'agit du septième port négrier de France au 18e siècle et même du cinquième à la veille de la Révolution de Saint-Domingue. Entre 1713 et 1792, ce sont 125 expéditions qui partent du port d'Honfleur. Rien qu'entre 1763 et 1792, l'historien Jean Mettas compte 114 départs, soit 5% du trafic du royaume de France. Cela reste néanmoins loin derrière Nantes, Le Havre, Bordeaux et La Rochelle.
Ce plan du port d'Honfleur a été réalisé par Cachin, un ingénieur du port d'Honfleur entre 1790 et 1793 et maire de cette ville de novembre 1790 à novembre 1791. Cette aquarelle décrit un projet relatif à la création d'un canal sur la rive gauche de la Seine depuis Villequier près de Rouen, jusqu'à Honfleur, afin d'éviter les difficultés de navigation sur la Seine. Ces projets de nouveau bassin à l'embouchure du canal et d'aménagement de la ville témoignent de l'essor du commerce et de l'expansion de la ville d' Honfleur à la fin du 18e siècle.