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Vivre de l'Orne

Les cours d’eau ont toujours été aménagés et exploités pour leur potentiel économique. L'Orne, fleuve nourricier, est propice au développement d'activités variées, qui profitent aux territoires qu'il traverse. Il fourni de nombreuses ressources alimentaires pour les habitants et les commerces. Son débit a également offert l'énergie hydraulique permettant l'installation de manufactures. Enfin , le transport fluvial a permis un développement économique majeur.
Moulins
De nombreuses pêcheries furent créées le long de l’Orne, alors riche en saumons et aloses. Puis biefs, canaux, vannes, barrages et déversoirs nécessaires au fonctionnement des moulins ont transformé l’aspect des rivières.
Activité très importante dans le Caen médiéval, les moulins utilisaient la force hydraulique des différents cours d’eau. Au 15e siècle, il y avait ainsi à Caen, 8 moulins à eau : moulin de Saint-Ouen, de Saint-Pierre pour le grand Odon, de l’abbaye Saint-Etienne, de Gémarre, de Darnétal pour le petit Odon, de Montaigu, de l’Hôtel Dieu et de Calibourg pour l’Orne.
De nombreux moulins s’implantent également dans le canton de Thury-Harcourt, à l’image du moulin à blé du Pouquet à Saint-Martin-de-Sallen, pouvant moudre les grains pour obtenir de l’huile et de la farine. Des moulins armés de piles à maillets, comme au Bô, broyaient également le chiffon pour la confection du papier. Des moulins à tan étaient utilisés pour la fabrication du cuir. Un nombre conséquent de ces moulins à tan, comme des tanneries, se sont installés à Thury-Harcourt, Bretteville-sur-Laize et aux alentours, formant l’un des plus important foyer de cette activité en Normandie au 19e siècle.
L’établissement des moulins a succédé à l’implantation d’usines textile (parfois au même endroit) : la filature de coton à Saint-Rémy (1830-1970), la filature de la Fouillerie à Mesnil Villement (1896-1992) ou encore de la Bataille à Clécy (1848-1950). La création de ces usines va transformer le mode de vie rural qui consistait en la pratique du filage et du tissage à domicile, le plus souvent par les femmes.
Les activités sur le port de Caen

Activités sur l’Orne avant le percement du canal
Du 16e au 18e siècle, le port jouit d’un commerce prospère. Les marchandises qui arrivent dans le port sont ensuite acheminées dans toute la Basse-Normandie, le pays du Maine et jusqu’à Saint-Malo. Le port importe des Etats-Unis du coton utilisé notamment dans les centres textile de Falaise et de Condé-sur-Noireau. Les exportations sont constituées surtout de pierre et de produits agricoles (fruits, eau-de-vie, légumes) qui vont vers l’Angleterre. Autour du port, des entrepôts se sont installés et des métiers spécifiques liés à la mer et au commerce se sont développés (cordiers, charpentiers…).
Au début du 19e siècle, les activités portuaires sont en relation avec les activités économiques de la ville. Les importations représentent 2/3 du trafic (bois du nord, coton et laine des Etats-Unis et d’Australie ainsi que des produits alimentaires venant d’Afrique et des Antilles).
Activités sur l’Orne après le percement du canal
Le percement du canal de Caen à la mer en 1857 engendre un nouvel essor économique et industriel. Désormais affranchies du système des marées et capables d’accueillir des navires de gros tonnage, les installations portuaires voient s’établir le long des quais des entreprises majeures.
En 1858, Louis Savare achète, quai de La Londe, une entreprise de matériaux de construction qu’il développe et spécialise dans l’importation de bois du Nord. Des entreprises charbonnières s'installent sur le bassin Saint-Pierre puis sur le Nouveau Bassin tel que la société Patin Allain Guillaume, la société René Lamy et la Société des Charbonnières du Calvados.
En 1903, Gaston Lamy crée la Société navale caennaise afin d’assurer une grande partie des importations de charbon, de bois, de céréales et des exportations de minerais.
La minoterie Lemanissier bénéficie également des infrastructures portuaires. Elle est créée en 1881 par Charles Anger qui la transmet en 1915 à ses neveux Edmond et Joseph Lemanissier. Entreprise emblématique du port de Caen, elle est la seule activité industrielle qui y demeure encore aujourd’hui.
A partir de 1870, le trafic portuaire est bouleversé par l’exploitation industrielle du minerai de fer, sous l’impulsion d’industriels allemands. Caen devient à partir de 1875, la plaque tournante des exportations minières (vers l’Allemagne principalement), avec les mines de May-sur-Orne et de Saint-André. Une liaison ferroviaire achemine le minerai jusqu’au quai de chargement. Les intérêts allemands contrôlent l’ensemble des mines du département sauf celle de Saint-Rémy.
En activité pendant près d’un siècle (1875-1967), la mine de Saint-Rémy atteint son apogée vers 1952 avec 237000 tonnes produites par an. Elle emploie alors plus de 300 ouvriers et constitue un bassin d’activité considérable pour la région. Sa fermeture dans les années 1966-1967, marque, ici comme ailleurs, le déclin de l’industrie secondaire traditionnelle et la nécessité de reconversion .

Le développement du port de Caen permet l’installation en 1910 d’une entreprise sidérurgique par l’Allemand Thyssen qui acquiert en 1907 les concessions minières de Soumont (Calvados) et, en 1908, 230 hectares entre Orne et canal, près de Caen. Sur cette base, est créée en 1910 avec Louis le Chatelier, la Société des hauts fourneaux et aciéries de Caen qui devient en 1916, la Société normande de métallurgie puis en 1924, la Société métallurgique de Normandie. Elle aménage à titre privé le bassin d'Hérouville, doté d'une ligne privée de chemin de fer et d'une gare. Ces infrastructures sont destinées à l'acheminement du minerai de fer, utilisé pour la fabrication de l'acier. Le site sera démantelé à partir de 1993.
Aujourd'hui, une grande partie de cette activité industrielle et commerciale a disparu. L'avant-port à Ouistreham reste cependant un point de départ important vers l'Angleterre.