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Gisèle Guillemot
Mondeville, 1922 - Paris, 2013
Alias Annick
Gisèle Guillemot est née d'un père italien le 24 février 1922. Sa mère se marie par la suite avec Georges Guillemot, comptable, qui devient ainsi le beau-père de Gisèle et la reconnaît le 31 mai 1925. Cette dernière grandit alors sur le Plateau, cité industrielle de la Société Métallurgique de Normandie où son beau-père exerce sa profession.
Rebelle au fonctionnement paternaliste de la SMN, elle est renvoyée de l’école appartenant à cette-même entreprise et poursuit sa scolarité à l’école publique de Colombelles (école primaire et cours complémentaire Henri Sellier). Elle y est marquée par un enseignement inspiré des méthodes Freinet qui façonne son esprit critique.
Sa conscience politique se forme précocement au contact des conflits sociaux qui agitent le Plateau dans les années 1930. Elle mène dès l’été 1940 des petites actions de résistance alors qu’elle n’a que 18 ans, avec un groupe d’amis de la cité ouvrière. Quatre d’entre eux ne survivront pas à la guerre : Marcel Deterpigny, Robert Estival, François Kalinicrenko et Michel Farré (fusillé lors des exécutions du 15 décembre 1941).
Elle est approchée par le Front national (mouvement de résistance communiste). Agent de liaison sous le pseudonyme d’Annick au sein du réseau Centurie, elle transmet des tracts, des messages, transporte des armes, tout cela en cachette de sa mère. Son réseau est démantelé suite à la dénonciation d’un membre qui craque en prison. Elle est arrêtée par la Gestapo le 9 avril 1943.
Le 13 juillet 1943, le Tribunal militaire allemand du Commandant du Grand-Paris, principal siège judiciaire pour les affaires de résistance en France occupée, condamne G. Guillemot à mort pour "acte de franc-tireur" ainsi que quinze de ses compagnons de la résistance communiste calvadosienne dont Edmone Robert. Les hommes sont fusillés au Mont-Valérien tandis que Gisèle et Edmone sont classées « Nacht und Nebel » et déportées en Allemagne.
Après avoir été internée à Fresnes, Gisèle Guillemot doit affronter un voyage de 89 jours à travers l’Allemagne jusqu’à la prison de Lübeck où elle arrive le 14 octobre 1943. Elle est transférée à Cottbus le 4 avril 1944, puis au camp de Ravensbrück (21 novembre 1944), et enfin à Mauthausen. Elle est libérée le 20 avril 1945. Sa compagne de déportation Edmone Robert, est morte pour la France en 1945 lors du voyage de retour des camps (une plaque commémore son sacrifice à Saint-Aubin-sur-Algot).
De retour de captivité, elle ne peut supporter de reprendre la vie quotidienne dans les lieux de sa jeunesse, qui la renvoient au souvenir de ses amis décédés. Elle quitte la région pour vivre à Paris où elle s’installe définitivement. Après guerre, elle s’éloigne du PCF, qu’elle finit par quitter, mais reste toute sa vie fidèle à son engagement humaniste et aux valeurs de la Résistance.
Elle œuvre d’abord au sein de la Fédération Nationale des Déportés et Résistants Patriotes. A partir des années 1980, elle se consacre avec passion à la transmission et au témoignage auprès des jeunes générations. Elle a à ce titre plusieurs fois participé à des actions auprès des jeunes et de la population du Plateau et a donné son nom au nouveau collège de Mondeville inauguré en 2018. Gisèle Guillemot est Commandeur de la Légion d’Honneur.
Bibliographie
- Guillemot Gisèle, Entre parenthèses : de Colombelles (Calvados) à Mauthausen (Autriche) 1943-1945, préface de Jean Quellien, L’Harmattan, 2001. AD14, BH/8/16312 et BH/8/16254
- Guillemot Gisèle, et Muller Marie-Hélène, Des Mots contre l’oubli : résistance et déportation, le Struthof, édition Cahiers du temps, Cabourg, 2004. AD14, BH/BR/21100
- Guillemot Gisèle et Humez Samuel, Résistante : Mémoire d’une femme, de la Résistance à la Déportation, Michel Lafon, Neuilly-sur-Seine, 2009. AD14, BH/8/17608
- Quellien Jean, notice « Gisèle Guillemot », in Association Résistance et Mémoire, La Résistance dans le Calvados, cédérom éd. AERI, 2004.
Sources d’archives
Archives du Calvados
- Rapport de police mentionnant son arrestation, 29 avril 1943, 9W42/1
- Rapport de la sûreté de Rouen, 22 février 1943 sur les activités communistes, AD14, 1166W/32/1 (ce rapport dresse un tableau de la résistance communiste du Calvados)
- Enregistrement de son témoignage par Gérard Fournier 1995, 2AV/113-2AV/119
- Photographies de Gisèle Guillemot, 5Num/57
- Cabinet du préfet du Calvados. Personnes arrêtées par les allemands, internés civils et STO, 1941-1944, 1166W/26
- Attestation de Michel de Bouärd au nom de Lucien Fortin, mentionnant l'activité de G. Guillemot, 59J/181/1
Service historique de la Défense
- DAVCC/Caen : dossier individuel de déporté et interné résistant (au nom de Gisèle Gey née Guillemot), AC 21P 614497
- Vincennes : dossier individuel de résistant (au nom de Gisèle Guillemot), GR 16P 278631 et dossier judiciaire allemand, GR 28P 84210