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Le château de Bénouville
La construction du château
Le château de Bénouville est construit à la fin du 18e siècle par le marquis de Livry sur des terres appartenant à son épouse, héritière des Gillain de Bénouville. La famille Gillain de Bénouville avait acquis la seigneurie de Bénouville en 1501 de la famille Panthou, et l'avait érigée en marquisat en 1752.
Les Sanguin de Livry étaient quant à eux des nobles proches de la cour, dont le marquisat était basé sur les terres de Livry et du Raincy en région parisienne (aujourd'hui Livry-Gargan et Le Raincy en Seine-Saint-Denis). Ils étaient capitaines des chasses de la forêt de Bondy, qui couvrait alors tout l'est parisien.
Très fortuné, le marquis de Livry vient de vendre le château du Raincy au duc d'Orléans quand il s'attèle à la construction du château de Bénouville. Il dispose donc de fonds importants et confie les travaux à un architecte déjà célèbre, Claude-Nicolas Ledoux. Seule une chapelle médiévale reste de la période antérieure à ces travaux.
Le château dans la Révolution
Le marquis de Livry meurt en 1789 sans avoir pu profiter du château, dont la construction l'a ruiné. Sa veuve doit vendre en 1792. Les Archives du Calvados conservent l'acte de vente du château avec l'inventaire du mobilier fait à cette occasion (F/7432/2).
En 1793, le château est mis sur la liste des biens nationaux et les Archives conservent une liste très précise du mobilier inventorié à cette date (1Q/890). Le second propriétaire du château, M. Mesnage de Pressigny, est guillotiné avec 27 autres fermiers généraux, le 19 floréal an II (8 mai 1794).
Le château au 19e siècle
A la Restauration, le château est restitué à la famille Mesnage de Presigny, qui va l'occuper durant tout le 19e siècle. En revanche, le nom des propriétaires change car la succession se fait par les femmes : d'Aubigny (1799), de Janzé (1841) et Le Lasseur (1886). En 1911, la baronne Le Lasseur vend le château à sa cousine, la comtesse de Dampierre. C'est probablement à l'occasion de cette vente qu'une partie des archives du château est donnée aux Archives du Calvados. Malheureusement, ce fonds assez épars donne peu d'information sur la vie du château durant ce siècle d'occupation privée.
En 1927, la comtesse de Dampierre vend le château au Conseil général du Calvados ; une partie des meubles et tableaux sont à nouveau dispersés en vente publique. L'acte de vente du château au Conseil général le 21 novembre 1927 est conservé aux Archives du Calvados sous la cote 4N/145.
Des photographies du château et du parc en 1905 ont été acquises par le département en 2021 et peuvent être consultées sous la cote 2FI/871.
Sur l'histoire du château avant son achat par le département, le chartrier de Bénouville conserve de la correspondance sur la construction du château (Nouvacq/1445 ; F/7597-F/7588), la liste des meubles du château lors de sa vente en 1792 (F/7432/2) ou encore l'état de la cave à vins en 1778 (F/7542), mais pas de plans du château ni des jardins.
La maternité de Bénouville ouvre dans le château de Bénouville le 1er janvier 1929 à l'initiative du Président du Conseil Général Henry Chéron et du député de Bayeux Henri-Alexandre Gérard (le baron Gérard). L'acte de vente le 21 novembre 1927 et les premiers aménagements prévus sont consultables sous la cote 4N/145.
Heny Chéron participe aux premières politiques de santé publique et protection sociale, et souhaite agir en faveur des mères isolées et de leurs enfants.
La Maison maternelle est composée d'une maternité, d'une pouponnière pour les enfants du premier âge et d'une garderie spécialisée pour les enfants assistés.
11216 enfants naîtront à Bénouville du 9 janvier 1929 au 22 décembre 1972 .
Pendant la Seconde Guerre mondiale, la Maison Maternelle, dirigée par Léa Vion, est un lieu de résistance dans le Calvados. Une campagne photographique de l'armée britannique, réalisée pendant la Bataille de Normandie et conservée à l'Imperial War Museum, met en scène cet épisode glorieux.
Les Archives du Calvados conservent dans les archives des bâtiments départementaux les dossiers de travaux pour la maternité. Le château est d'abord aménagé, puis des pavillons sont construits sur le parc pour les pouponnières, le lazaret, le logement du personnel, etc. Voir les dossiers 4N/145, 4N/148, 4N/149 et suivants pour les aménagements de 1926 à 1939.
En 1949, la maternité évolue et accueille un préventorium pour les enfants souffrant de la tuberculose qui se transforme en 1971 en institut médico-pédagogique. A partir de 1973, la maternité n'effectue plus d'accouchements, transférés au Centre Hospitalier Universitaire de Caen, mais conserve un suivi pré et post natal et un centre mono-parental. En 1985, l'ensemble des structures qu'accueillait le château de Bénouville (maison maternelle, IMP, foyer de l'enfance et pouponnière) sont transférés dans d'autres établissements de l'agglomération caennaise.
Le château après la fermeture de la maternité
A la fin des années 1980, le château de Bénouville est réaménagé pour accueillir la Chambre régionale des Comptes : voir les plans d'aménagements des années 1980 ici.
En 2012, le château se trouve sans affectation après le déménagement de la Chambre régionale des Comptes suite à sa fusion avec la chambre de Haute-Normandie.
Le château reste utilisé pour des ouvertures grand-public organisées par le Département. Il accueille de nombreux chefs d'Etat lors des cérénomies internationales d'anniversaire du Débarquement, dont le repas de l'ensemble des chefs d'Etat présents lors du 70e anniversaire en 2014.
Un projet culturel d'ouverture au public est aujourd'hui mis en oeuvre par le Département du Calvados dans le cadre de Calvados vision 2030.
Appel à témoins
Pour aller plus loin
- Le château a fait l'objet de deux ouvrages publiés aux éditions Cahiers du Temps, l'un par l'Association des Amis de Bénouville consacrée à l'histoire de la Maison maternelle départementale, et l'autre axé sur l'oeuvre de Claude-Nicolas Ledoux . Une notice est également consacrée au château dans le Bulletin de la Société de l'Histoire de l'art Français en 1928, à l'occasion du transfert de propriété du château au département.
- Le catalogue de l'exposition Enfances Normandes (épuisé), qui revenait sur l'histoire de la Maison maternelle, peut être téléchargé ci-dessous. Le détail des clichés numériques utilisés pour cette exposition, dont une partie n'est pas libre de droits, peut être retrouvé sous la cote 26FI/50.
- Retrouvez ici une sélection de documents sur l'histoire du bâtiment et la notice du château dans la base Mérimée dédiées aux édifices protégés au titre des monuments historiques.