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23 juin 1944 : premier numéro de la Renaissance du Bessin

En métropole, La Renaissance du Bessin est le premier journal français paru à la Libération, à partir du 23 juin 1944. Son utilisation en classe et sa possible comparaison avec des exemplaires contemporains du Journal de Normandie, réalisés en France occupée, permettent d’aborder de nombreuses questions liées à l’information en temps de guerre. Ces journaux peuvent être utilisés dans le cadre de séances d'histoire-géographie, de lettres ainsi que d'EMI (Education aux Médias et à l'Information).

Le premier numéro de la Renaissance du Bessin, 23 juin 1944, AD14, 13T/2/32/1/1

A peine installé à Bayeux en tant que Commissaire de la République de Rouen, François Coulet (1906-1984) charge Paul Vigouroux d’Arvieu de faire paraître un journal dans la tête de pont libérée. Outre l’information des populations civiles, il s’agit d’asseoir l’autorité du GPRF (Gouvernement Provisoire de la République française) grâce à une plus large diffusion des décisions prises par ses représentants en Normandie.

Pistes d’étude

LA PUBLICATION D’UN JOURNAL A L’ETE 1944

La mise en page d’un journal et ses conditions de publication

L’étude de la maquette de la Renaissance du Bessin permet de mobiliser ou de réinvestir le vocabulaire de la presse écrite et de faire chercher par les élèves des informations concernant les caractéristiques de ce journal.

La comparaison avec la maquette d'un journal actuel permet de faire émerger des différences et de s'interroger sur les raisons de ces changements :  intérêt des changements opérés entre les deux époques, possibilités matérielles limitées en temps de pénurie, possibilités techniques différentes, évolutions des attentes des lecteurs, importance prise par d'autres types de périodiques et d'autres médias.

Il faut attendre le mois d'avril 1946 pour que les deux numéros hebdomadaires de la Renaissance du Bessin soient publiés non plus sur deux pages mais sur quatre pages d'un format réduit (46x33 cm). Un format de dimension supérieure est adopté en octobre de la même année (60x44 cm).

D'un numéro à l'autre, la mise en page évolue de manière substantielle dans les premières semaines d'existence du journal. Pour cet exercice, il est donc préférable de s'appuyer sur un numéro de la deuxième quinzaine de juillet ou d'août 1944.

Pour le vocabulaire, on pourra s'inspirer d'une activité proposée sur le portail de l'EMI de l'Académie de Normandie.

Identifier les articles d’opinion

La plupart des numéros de la Renaissance du Bessin comprennent des articles relevant tantôt de la presse d'information, tantôt de la presse d'opinion. Un premier travail peut consister à relever l'expression d'opinions et les marques de subjectivité de leurs auteurs présentes dans les colonnes du journal.

Un travail plus fin de classification peut être conduit en prenant appui sur un lexique des types d'articles de presse, présent sur des sites académiques. A titre d'exemple, sur le site de l'académie de Versailles.

S’interroger sur la fiabilité des sources d'information :

La plupart des informations présentes dans les articles proviennent des gouvernements alliés ou des autorités militaires. Pour une partie d'entre elles, il s'agit de reprises d'informations entendues à la radio. Quelques agences de presse sont parfois citées ainsi que des articles de journaux de pays neutres, réputés moins partisans.

Pour des exemples d'articles basés sur des journaux de pays neutres, voir notamment le numéro du vendredi 21 juillet 1944. Le Journal de Genève est cité au bas de la colonne 3 et "un grand journal suédois" est évoqué dans le haut de la colonne 4. Les deux articles concernent les revers des Allemands sur les deux fronts. Il est à noter que dans ce même numéro, un autre article de la colonne 4 intitulé "des gens gênants", s'appuie sur la presse nazie, dans la mesure où cette dernière se fait l'écho d'informations favorables à la ligne éditoriale de la Renaissance du Bessin. On trouvera en une du numéro du 25 juillet 1944 un article reprenant un communiqué de l'agence Tass ainsi que la mention de l'Agence Reuters au sujet de la mort de Rommel dans celui du 1er août 1944.

Approfondir la question de la censure

Souvent abordée à l’occasion de l’étude de la Première Guerre mondiale, la réflexion sur la censure peut être ici prolongée. Au cours de l’été 1944, quelques numéros de la Renaissance du Bessin (dont ceux des 7 et 21 juillet 1944) présentent des espaces laissés en blanc, signes de censure, ce qui pourrait sembler aux élèves paradoxal dans un Bessin libéré du joug nazi et de la dictature de Vichy.

On peut partir de ces observations pour amorcer une réflexion sur la liberté d’expression et ses limites dans les démocraties, particulièrement en temps de guerre. Les collections des Archives départementales du Calvados permettent d’aller plus loin puisqu’elles comprennent les versions avant publication de plusieurs exemplaires du journal. On peut non seulement y voir le visa des autorités militaires britanniques ou françaises autorisant la publication mais également prendre connaissance du contenu des articles interdits de parution.

Bien entendu, l'absence de marques de censure dans les colonnes du Journal de Normandie, à la même époque, ne signifie pas que l’information ne soit pas sévèrement contrôlée en zone occupée. Les élèves peuvent formuler des hypothèses pour expliquer cette différence entre les deux journaux qui permettront, lors de la reprise, d’aborder des thématiques liées à l’autocensure, à la collaboration voire au collaborationnisme.

Deux espaces sont laissés en blanc dans les colonnes du journal, l'un au recto, l'autre au verso.
Deux articles censurés dans le numéro du vendredi 7 juillet 1944.
Un espace est laissé en blanc dans les colonnes du journal.
Un article censuré dans le numéro du vendredi 21 juillet 1944.
Le visa de censure se matérialise par un tampon "no army objection" ainsi qu'une mention manuscrite d'un scripteur vraisemblablement britannique ou américain.
Bon à tirer du numéro du 7 juillet 1944 avant impression des exemplaires destinés à la vente.
Mention manuscrite "No military objection'"  ainsi que le nom d'un certain "captain Graham"
Bon à tirer du numéro du 21 juillet 1944 avant impression des exemplaires destinés à la vente.
Sur les deux bons à tirer successifs, mentions de censure en anglais puis en français
Deux bons à tirer avant impression du numéro du vendredi 28 juillet 1944. Le premier est pourvu du visa de la censure militaire des alliés, le second porte la mention d'un visa de censure militaire français.

Comparaison de unes de journaux normands qui rendent compte du même événement :

Même si la comparaison peut être amoindrie par le fait qu'il s'agit dans un cas d'un bi-hebdomadaire et dans l'autre d'un quotidien, la confrontation des unes de la Renaissance du Bessin et du Journal de Rouen peut se prêter à des activités individuelles ou en groupe destinées à établir les points communs et les différences entre les deux sources; identifier et classifier les procédés employés dans les deux journaux pour mettre en exergue certaines informations, en occulter d'autres ou en amoindrir l'importance.

A l’aide des nouvelles militaires qui figurent dans les numéros des deux périodiques, un petit exercice cartographique peut tout d'abord permettre de situer approximativement le front à la date choisie et d'y localiser Rouen et Bayeux, villes dans lesquelles étaient rédigés et imprimés les deux journaux. Attention à bien signaler aux élèves que François Coulet, représentant du GPRF en tant que commissaire de la République de Rouen, n’a alors d’autorité que sur la partie libérée par les Alliés (Rouen est libérée à la fin du mois d'août).

Libération de Caen : Une de la Renaissance du Bessin (11 juillet 1944) / Une du Journal de Rouen (11 juillet 1944)

Attentat contre Hitler : Une de la Renaissance du Bessin (25 juillet 1944) / Une du Journal de Rouen (22-23 juillet; 24 juillet; 25 juillet 1944)

Libération de Paris : Une de la Renaissance du Bessin (25 août 1944) / Une du Journal de Rouen (26-27 août 1944)

Un travail de recherche plus général pourrait consister à comparer les thématiques abordées en une dans les deux journaux au cours de l'été, avec notamment une insistance particulière du Journal de Rouen pour les victimes civiles et les destructions matérielles générées par les bombardements alliés.

LE CONTENU DES ARTICLES

Considérer le Débarquement et la Bataille de Normandie à une autre échelle

L’étude de l’espace réservé aux nouvelles du monde peut être l’occasion de constater qu’en cet été 1944, la guerre ne se situe pas qu’en Normandie. Les Soviétiques déclenchent l’opération Bagration (22 juin 1944) et cette offensive occupe une place importante en une de la Renaissance. En Italie, Rome est libérée le 5 juin 1944 et les Alliés progressent le long de la "botte" en direction de la Ligne gothique. Enfin, les combats font rage dans le Pacifique, en dépit de la faible place que la rédaction du journal leur consacre. Ces différents événements peuvent être reportés sur un planisphère.

Décisions concernant des internements administratifs, des suspensions de fonction ainsi que des nominations au verso du numéro du 18 juillet 1944 (colonne 3).

Le rétablissement de la légalité républicaine et l’épuration

Dans le numéro du 4 juillet 1944 (au verso, colonne 1) paraît l’arrêté n°32 du Commissaire de la République de Rouen qui suspend l'application de textes fondamentaux du gouvernement de Vichy. Afin d'éviter des confusions, comme mentionné précédemment, il conviendra de rappeler aux élèves que ce représentant de la France Libre n'a d'autorité que sur la partie libérée de la Normandie, qui ne comprend pas alors la ville de Rouen, libérée à la fin du mois d'août 1944.

Les nombreux arrêtés de nomination ou de révocation que l'on trouve au verso de plusieurs numéros de La Renaissance ainsi que les décisions de placements en centre de rétention peuvent être utilisés pour aborder la question de l’épuration légale. On peut par exemple demander aux élèves d'identifier dans une pleine page du journal des informations relatives à l'épuration ou, à l'inverse, leur demander de donner un titre à un corpus de brèves rendant compte de ces décisions.

Enfin, signalons qu'un article intitulé "le châtiment légal des traîtres", situé en une du numéro du 21 juillet 1944, invite les lecteurs à ne pas se livrer eux-mêmes à des actes de violence contre des personnes soupçonnées de collaboration.

La vie quotidienne dans la tête de pont

Sans négliger les petites annonces et les publicités, les numéros de l’été 1944 fourmillent d’informations sur la vie des civils dans la partie libérée du Calvados. On peut citer notamment les thématiques suivantes : les victimes des combats et des représailles, les destructions, le ravitaillement (pénuries, réquisitions, contrôle des prix, marché noir), le logement, les relations avec les autorités civiles et militaires alliées.

Contextualisation : les médias pendant la Seconde Guerre mondiale

Pour aller plus loin

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