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40M : Nomades, forains et ambulants

Deux nouveaux instruments de recherche consacrés aux nomades, forains, marchands ambulants et voyageurs de commerce sont désormais disponibles sur le site internet des Archives du Calvados. Ce résultat est le fruit d'un travail de près d'un an des agents du pôle Archives Modernes et Contemporaines. 

Vous y trouverez notamment des carnets anthropométriques délivrés aux nomades, des carnets de forains, tous avec photographies ainsi qu'une collection de cartes professionnelles de VRP.   Deux sous-séries dans lesquelles vous pourrez vous plonger lorsque vous pourrez regagner notre salle de lecture pour des usages de loisirs. Nous pensons particulièrement à celles et ceux qui font leur généalogie mais aussi l’histoire du commerce ou du contrôle des populations

Il s’agit de la sous-série 40M (pour les dossiers antérieurs à 1941) et du versement 125W (pour la période 1941-1977).

Comment sont composés ces fonds ?

Des parcours à retracer

Les documents conservés dans ce fonds concernent : 

  • les marchands ambulants : selon les termes de la loi de 1912, toute personne exerçant une profession réglementée et disposant d'un domicile fixe. Les marchands ambulants travaillent généralement sur les marchés et doivent être munis d'un récépissé de déclaration - ce feuillet comportant en général une photographie et des informations relatives à l'état civil et les situations militaires pourra notamment vous être utile pour faire votre généalogie.
    • les forains : à partir de 1912, ce statut désigne toute personne exerçant une profession réglementée, ne disposant pas d'un domicile fixe mais étant de nationalité française. Chaque forain possédait un carnet individuel avec photographie à présenter en cas de contrôle. 
    • les nomades : d'après la loi de 1912, toute personne exerçant une profession réglementée, ne disposant pas de domicile fixe mais de nationalité étrangère. Dans les faits, la distinction entre nomades et forains est souvent difficile à tablir. Chaque nomade de plus de 13 ans devait être porteur d'un carnet anthropométrique individuel avec photographies et empreintes digitales - réalisées selon la méthode de Bertillon - et attestant de leur situation vaccinale. Chaque groupe devait également posséder un carnet collectif, sans photographies cette fois, qui mentionnait tous les membres du groupe, y compris les enfants de moins de 13 ans.

Des histoires individuelles

Les notices individuelles des marchands ambulants, forains ou nomades et les cartes de voyageurs de commerce contiennent de très nombreux renseignements personnels, notamment sur l'état civil des demandeurs. Elles offrent en outre un remarquable panel de photographies d'identité, d'autant plus intéressantes que certains requérants ayant dû faire refaire de nombreuses fois leur carnet ou leur carte professionnelle, il est possible de les suivre à divers âges de leur vie. Pour les nomades, des carnets collectifs sont préservés qui comportent parfois les noms des enfants.

Une histoire du commerce ambulant

Un dépouillement systématique de ces fonds permettrait de mesurer l'augmentation du nombre de personnes exercant une profession foraine et permet de faire l'histoire du commerce ambulant en France dont l'apogée est atteinte au début des années 1970. 

Au fur et à mesure des années, les professions se diversifient. Saltimbanques, rémouleurs, puis placiers en produits pétroliers et en boissons notamment alcoolisées laissent peu à peu la place aux représentants des titres de presse et les publicitaires. La féminisation croissante de ces professions est aussi perceptible à travers les époques grâce à ces archives.

Chronologie

  • 1895 : Une enquête nationale pour connaître le nombre de personnes nomades en France est réalisée.
  • 1912 : Issue de l'enquête de 1895, la première règlementation française des professions nomades et ambulantes est adoptée ; elle est restée en vigueur jusqu'en 1969.
  • 1937 : création du statut de voyageur de commerce ; chaque personne exerçant la profession de VRP doit désormais être titulaire d'une carte professionnelle, valable un an et renouvelable. Ce statut a existé jusqu'en 2004.
  • 1969 : fin de la législation sur les professions ambulantes. Il ne reste des obligations qu'aux nomades qui doivent se faire établir un livret de circulation ; cette dernière procédure a perduré jusqu'en 2016.

L'article reprend notamment une photographie de carnet anthropométrique avec les empreintes digitales de son détenteur.

"Le Classement et l'Identification des Nomades", article de la Revue illustrée du Calvados, février 1914, AD14, 14T/23/1/2/3

Exemples de documents

Le travail de classement

Le classement de ce fonds consacrés aux nomades, forains et ambulants a nécessité un long travail de repérage des archives versées à diverses époques et répertoriées jusqu'à présent en séries M continue et W indépendamment de leurs dates. L'opération de reclassement a permi de rétablir le cadre de classement réglementaire.

La sous-série 40M est classée selon les grandes catégories de dossiers en présence (nomades, forains et ambulants), les autres autorisations (brocanteurs, colporteurs, et voyageurs de  commerce) étant placées en fin de répertoire. Les dossiers d'intruction de forains, ainsi que les récépissés d'autorisation des marchands ambulants sont classés de manière chronologique, par ordre d'enregistrement. Aucune destruction n'a été réalisée.

Dans la sous-série 125W, les principes de classement adoptés sont identiques. Les dossiers de forains et nomades ont cependant été classés par ordre alphabétique. Chaque carnet forain était imprimé, numéroté et enregistré par le Ministère de l'Intérieur, les formulaires de  notices individuelles recevant alors le même numéro d'ordre au moment de l'attribution. Lorsqu'un forain demandait le duplicata d'un carnet usé ou perdu, il recevait alors un nouveau numéro. Le classement alphabétique a permis de réunir des dossiers individuels complets.

Concernant les dossiers des voyageurs de commerce, pour la partie contemporaine du fonds, il a été fait le choix d'éliminer les dossiers de demandes au profit des cartes elles-mêmes. Selon la législation en vigueur en effet, cartes et dossiers sont éliminables mais les cartes sont porteuses de photographies et synthétisent l'ensemble des informations contenues dans les dossiers (identité, adresse de résidence, maisons représentées). Elles constituent donc une source intéressante pour l'histoire du commerce dans le Calvados. Il est notamment possible de reconstituer des carrières. Les cartes ont été classées par année de délivrance ou de renouvellement puis par lettre du nom de famille. La collection préservée aux Archives du Calvados s'interrompt en 1977, date à partir de laquelle les dossiers de demandes ont été légalement éliminés en préfecture. 

Le classement physique des archives permet de vous en faciliter l'accès. C'est aussi l'occasion d'assurer la conservation à long terme des documents en retirant les éléments susceptibles de se dégrader (trombones et autres épingles notamment) et en les conditionnant dans des boîtes adaptées.
Le classement physique permet de réaliser des unités intellectuelles. Chaque unité intellectuelle se voit attribuer un identifiant unique appelé cote. Ces cotes et la despcription de leur contenu sont ensuite transcrites dans notre logiciel-métier. Cela permet de localiser précisément les documents, de diffuser les inventaires vous permettant de faire vos recherches et lorsque vous les sollicitez en salle de lecture de vous les communiquer.

Documents en cours de classement présentés lors des Journées Européennes du Patrimoine 2019 :

Passeports anthropométriques avec photographie d'identité et empreintes digitales d'une femme
Passeports anthropométriques avec photographie d'identité et empreintes digitales d'un homme

Pour l'anecdote 

Outre leurs carnets collectifs et individuels, la loi de 1912 imposait aux nomades de munir leurs véhicules d'une plaque de circulation spécifique. Un exemplaire a été préservé dans le fonds. 

Plaque de circulation liée à la loi de 1912, AD14, 40M/3

Pour aller plus loin

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