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Antidreyfusisme : manifestations individuelles et collectives

L'essor des ligues

A côté des prises de position de responsables politiques, le mouvement antidreyfusard s’incarne dans plusieurs groupes nationalistes, antisémites ou catholiques. Ces organisations sont nationales, comme la Ligue des Patriotes et la Ligue de la Patrie française, ou locales, comme le Groupe d’action française de la jeunesse antisémite de Caen ou le Comité de défense sociale et religieuse de Caen, tous deux fondés en 1897. Elles ont une influence limitée mais rassemblent plusieurs centaines de personnes lors des réunions qu’elles organisent.

Des attaques qui n'épargnent pas le chef de l'Etat

A l'instar d'Emile Zola, le Président de la République Emile Loubet est particulièrement visé par les antidreyfusards, qui ne manquent pas une occasion de conspuer son nom dans la rue. Au cours de l’été 1898, des affiches éditées par la Libre Parole, le quotidien antisémite parisien d’Edouard Drumont, sont apposées dans plusieurs communes du littoral, d’Isigny à Trouville. Elles visent à discréditer le Président en exercice en rappelant son rôle controversé lors du scandale de Panama. A Port-en-Bessin, la même année, plusieurs graffitis « A bas Loubet » sont relevés sur des murs et des volets d’habitations (M/2878).

L'affiche rappelle des démarches entreprises par Emile Loubet, alors Ministre de l'Intérieur, afin d'obtenir d'un des principaux acteurs du scandale de Panama, Emile Arton, alors réfugié à Venise, des renseignements concernant les bénéficiaires des pots de vin.
Affiche diffamatoire contre Emile Loubet, Président de la République (1899), AD14, M/2878
Cette affiche porte l'interdiction d'afficher des placards contre les pouvoirs publics ou susceptibles de troubler la tranquillité publique.
Arrêté du Préfet du Calvados, 28 juin 1899, AD14, M/2878
Pétition d'étudiants en droit de l'université de Caen en faveur de l'un des leurs. Des insultes à l'encontre du Président Loubet ont été proférées lors d'une conférence des amis de l'Université, le 23 février 1900, AD14, T/1152

Le renouveau des forces anti-républicaines

Exploitée par les adversaires de la République, la crise politique donne lieu à un surcroît de propagande orléaniste et bonapartiste. Elle est aussi l’occasion de plaider la cause de l’Eglise catholique contre ses ennemis réels ou supposés. Outre quelques ecclésiastiques particulièrement engagés dans la lutte comme l’abbé Masselin, curé de Grainville-sur-Odon et directeur de La Croix du Calvados, il faut évoquer une figure originale en la personne du docteur Dominique Moncoq (1827-1900). Né à Truttemer-le-Grand dans une famille de cultivateurs, ce pionnier de la transfusion sanguine publie de nombreux ouvrages sur le sujet. Reconnu pour ses travaux en France et à l’étranger, il est fait chevalier de la Légion d’honneur en 1874. Fervent catholique et très opposé au courant naturaliste, il prend à parti Emile Zola dans deux ouvrages, en 1894 et 1896, après la publication par ce dernier de Lourdes et de Rome. Il est l'un des orateurs de la conférence antisémite du 30 janvier 1898 aux Folies Caennaises.

Le duc d'Orléans condamne l'attitude du gouvernement dans l'affaire Dreyfus, préjudiciable pour la France et son armée et appelle les Français à refuser cette politique.
Manifeste du duc d'Orléans à l'adresse des Français, 1898, AD14, M/2872
Le commissaire informe le Préfet qu'il exerce une surveillance à Ouistreham et à Caen au cas où Victor-Napoléon ou le duc d'Orléans tenteraient d'entrer sur le territoire français.
Rapport du commissaire spécial de la police des chemins de fer au préfet, Caen, le 14 novembre 1898, AD14, M/2872
Couverture de l'ouvrage Réponse complète (humoristique) à Rome de M. Zola, Caen, 1896, AD14, BH/BR/7720

Le "Complot de Caen"

En 1899, un projet de conspiration bientôt désigné sous le nom de « Complot de Caen » implique deux Caennais en relation avec les milieux nationalistes parisiens et haut-normands. Les deux jeunes militants, Edouard Brunet et Maurice Lefèvre, projetaient de s’emparer de la mairie, de la Préfecture ainsi que de la loge maçonnique située rue Neuve Saint-Jean. Ils s’étaient déjà procurés les plans de ces deux derniers édifices. Une lettre saisie établissait également leur intention d’intercepter la correspondance d’Albert Hendlé, secrétaire général de la Préfecture, auquel ils reprochaient le fait d’être juif. Arrêtés et jugés en Haute Cour à Paris à l’été 1899, ils sont acquittés en raison de leur jeunesse et du caractère chimérique de leurs projets.

Article d'un journal républicain de Caen évoquant le complot de Caen et ses principaux protagonistes.

Le Journal de Caen, 6 septembre 1899, AD14, 13T/1/143/55

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