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Charlotte Lemière

Photographie de Charlotte Lemière, 1946, AD14, 919W/265

Charlotte Lemière naît sous le nom de Charlotte Catherine le 17 juin 1885 à Caen. Fille de menuisier, elle choisit la carrière d'institutrice et exerce à Bayeux, Trouvillle, Saint-Honorine-des-Pertes, Mézidon et Caen. Elle épouse René Lemière le 13 septembre 1909 à Bayeux alors soldat au 32e régiment d'infanterie basé à Rouen. Lorsqu'intervient la Première Guerre mondiale, elle dirige l'école communale de Saint-Honorine-des-Pertes depuis 1911. Cette école publique communale de filles devient mixte du fait de la guerre. Elle quitte la direction de l'école de filles en juillet 1921.

Un engagement associatif et politique remarquable

Charlotte Lemière entre en 1923 à la section calvadosienne de la Ligue des Droits de l'Homme. Elle est secrétaire fédérale en 1926-1927 et Vice-Présidente de 1927 à 1930. Elle est par ailleurs, membre de l'Union des Femmes Françaises. Politiquement engagée à gauche, elle adhère au Parti Socialiste SFIO à partir de 1924 (sections de Mézidon et Caen). Son époux René Lemière l'accompagne dans ce militantisme puisqu'il est membre du bureau de la fédération socialiste du Calvados. Le chef de file de la fédération est alors Ludovic Zoretti, assisté par une institutrice, Marie Langlois qui est également secrétaire générale de la CGT du Calvados à partir de 1928. Charlotte Lemière fait d'ailleurs elle-même partie du Syndicat des Instituteurs (CGT) depuis sa fondation.Elle est par ailleurs membre de la commission administrative de la Fédération du Calvados (Femmes socialistes). 

Les Franc-Maçons subissent lois de Vichy

Son mari étant vénérable de la loge Thémis du Grand Orient de France basée à Caen, elle fréquente les cercles de la Franc-Maçonnerie qui s'ouvre alors à la mixité.

Lors de la Seconde Guerre mondiale, les lois de Vichy s'attaquent aux "sociétés secrètes" dont la franc-maçonnerie. Une loi du 13 août 1940 prescrit la dissolution des sociétés secrètes. En application de cette loi, et par décret des 17 août 1940 et 27 février 1941, le Grand-Orient de France a été effectivement dissous. C'est même dès le 6 août 1940 que des scellés sont posés par la Gestapo caennaise dans l'immeuble occupé localement par la loge Thémis. Les domiciles de Caen et de Ver-sur-Mer de Charlotte et René Lemière sont également perquisitionnés. René Lemière est exclu de l'Education Nationale par la loi du 11 août 1941 interdisant les fonctions publiques aux anciens dignitaires de la Franc-Maçonnerie. Il était alors directeur de l'école publique située rue Daniel Huet à Caen. Il fait par ailleurs partie du réseau de résistance Centurie et de l'antenne caennaise du mouvement Patriam Recuperare comme de nombreux enseignants franc-maçons.

Première candidate à des élections nationales dans le Calvados

A la Libération, tandis que René Lemière vient d'être élu au conseil municipal de Caen, Charlotte Lemière est choisie par le parti socialiste (SFIO) pour figurer en deuxième place de la liste présentée aux élections du 21 octobre 1945. Avec Odette Duchez pour le Parti radical, elles sont ainsi les premières femmes candidates à des élections nationales dans le Calvados mais Charlotte Lemière figure beaucoup plus haut sur la liste. Dans des réunions publiques, notamment à Honfleur et à Caen, la candidate développe un argumentaire spécifique sur le rôle que les femmes doivent jouer par leur vote suite à leur entrée dans la vie politique du pays liée selon elle à leur rôle immense dans la Résistance.

Si elle n'est pas élue, sa tête de liste Adrien Rophé devient le premier député socialiste de l'histoire du Calvados. Il affirme d'ailleurs devoir son élection au fait d'avoir placé Charlotte Lemière, une femme, juste derrière lui sur sa liste à la conférence des secrétaires fédéraux socialistes des 27 et 28 octobre 1945.

Charlotte Lemière décède à Caen le 5 mars 1961.

Bibliographie

  • Portrait de Charlotte Lemière dans Le Maitron en ligne
  • CASTAGNEZ N., Socialistes en République, éd. Presses Universitaires de Rennes, 2004, 416 p.
  • LETOURNEL J., Socialisme et socialistes dans le Calvados des origines à la fin du XXe siècle (1864-1998), Université de Caen, 2013, 4 vol., 1127 p., AD14, BH/4/5917/1-4
  • MEXANDEAU L., Histoire du parti socialiste (1905-2005), éd. Tallandier, 2005, 443 p., AD14, BH/8/16912
  • QUELLIEN J., "Bleus, Blancs, Rouges : politique et élections dans le Calvados 1870-1939", Cahier des Annales de Normandie, n°18, 1986

Sources d'archives

Archives du Calvados

  • 4E/9094, acte de naissance à Caen le 17 juin 1885
  • 4E/10572, acte de mariage à Bayeux le 13 septembre 1909
  • 8E/12811, contrat de mariage en date du 11 septembre 1909 (archives notariales de Bayeux, étude 2, minutes de l'étude de Pierre Alexandre Ernest Maudelonde (1892-1913))
  • 4E/11452, acte de décès à Caen le 5 mars 1961
  • 4T/100, registres d'appel de l'école communale de Saint-Honorine-des-Pertes
  • 21W/18/2, comptes-rendus des commissaires de police d'Honfleur et de Caen sur des meetings du SFIO en vue des élections générales de 1945
  • 914W/57195/2, instructions et organisation matérielle des élections de 1945 dans le Calvados
  • 919W/261, instructions et organisation matérielle des élections de 1945 dans le Calvados
  • 919W/265, instructions et organisation matérielle des élections de 1946 dans le Calvados
  • 191J/72, archives de la Fédération départementale de la SFIO et du Parti socialiste, dossier concernant la Ligue des Droits de l'Homme et du Citoyen
  • 1J/204, archives de la Franc-Maçonnerie, loge Thémis du Grand-Orient de France située à Caen
  • 13T/1/171/4, Journal de Normandie, édition du 16 août 1941
  • 13T/1/179/1, journal Normandie, édition du 8 octobre 1945

Pour aller plus loin

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