Ce portail est conçu pour être utilisé sur les navigateurs Chrome, Firefox, Safari et Edge. Pour une expérience optimale, nous vous invitons à utiliser l'un de ces navigateurs.

Eugène Meslin

Le Horps (53), 1890 - Caen, 1946

Alias Morvain

Portrait d'Eugène Meslin, collection Jean Quellien

Eugène Meslin est né au Horps (Mayenne) le 21 mai 1890. A l’aube de ses 18 ans, le 16 avril 1907, il entre dans l’administration en tant que commis au service Maritime des Ponts et Chaussées. Il fit toute sa carrière dans ce service jusqu’à atteindre le grade d’ingénieur des Travaux Publics de l’Etat. Adjudant lors de la Première Guerre mondiale qui éclate un an après son service militaire, il prend notamment part à la campagne contre l’Allemagne du 2 au 9 août 1914. Il fut alors décoré notamment de la Croix de guerre.

Affecté spécial au port de Caen au début de la Seconde Guerre mondiale, il entre en résistance dès juin 1941. Il est alors placé sous les ordres directs de Marcel Girard (alias Mallet). Les deux hommes se connaissaient pour s’être fréquentés professionnellement avant-guerre. Marcel Girard qui tente d’installer l’Organisation Civile et Militaire en Normandie trouve en Eugène Meslin, alias Morvain, un homme de confiance. Ainsi Meslin devient d’emblée chef d’état-major de l’OCM pour la Normandie. 

De juin 1941 à début 1943, Eugène Meslin s’occupe notamment de la liaison entre les différents chefs de département et bureaux ainsi que du départ du courrier sur Paris. Il réalise aussi une opération de renseignements au sujet des côtes du Calvados. Marcel Girard, qui change de pseudonyme pour Moreau, est alors appelé à diriger la région M (14 départements de l’Ouest). C’est donc naturellement qu’Eugène Meslin lui succède à  la direction de la sous-région M1, comprenant le Calvados, la Manche et l’Eure. Meslin est alors en relations étroites avec Harivel (alias Belhache), Lemoigne (alias Martin), Duchez (alias François) ainsi que les chefs des départements de la Manche (Moulines), du Calvados (Kaskoreff) et de l’Orne (Jonquet). 

Mais Eugène Meslin ne rompt pas le contact avec Marcel Girard dont il assure l’exécution des directives. C’est ainsi qu’il reçoit l’ordre au début de 1943 de réaliser la fusion entre l’OCM et Ceux De La Résistance dans un état-major commun. Eugène Meslin conserve son rôle de commandement. Il œuvre alors avec Pierre Bouchard (alias Malherbe) qui commandait CDLR assisté de Comby (alias Boileau), du Colonel Corbasson et d'Emmanuel Robineau (alias Riquet).

A l’automne 1943, l’état-major de la sous-région M1 est décapité par une série d’arrestations. Robineau, chef du 4ème bureau, est arrêté puis tué par la Gestapo. Le Colonel Corbasson et Bouchard sont arrêtés et déportés de même que Madame Duchez qui avec son mari dirigeait le 2ème bureau. Girard qui est traqué se réfugie quant à lui au maquis.

Comble de malchance, Meslin lui-même tombe accidentellement dans l’eau du bassin Saint-Pierre de Caen et est victime d’une double congestion. Immobilisé pendant plusieurs semaines jusqu’en décembre 1943,  il œuvre avec les quelques rescapés et choisit de rester à Caen pour poursuivre sa mission.

Il est écrit : "Ordre de mission. Monsieur Morvain, matricule 89278 est chargé de l'organisation et du commandement des forces paramilitaires F.F.I de la subdivision M1 (Eure, Calvados, Manche). Le présent ordre est valable jusqu'au 1er juillet 1944. Le Président de la Commission Militaire Mortier". Un tampon résistance française avec la croix de lorraine est apposé.

Ordre de mission reçu par Eugène Meslin alias Morvain en vue de commander la subdivision M1 des FFI, AD14, 66J/4, fonds Léonard Gille

De décembre 1943 à mai 1944, Léonard Gille part dans le maquis. La région M envoie alors à Eugène Meslin trois hommes qui sont arrêtés dans la foulée. Eugène Meslin, missionné pour organiser et commander les FFI de la subdivision M1 (voir ci-dessus) nomme donc provisoirement du 1er janvier au 1er juillet 1944 Léonard Gille, à son retour du maquis, sous-chef de cette sous-région. Ceci ne fut pas sans poser de difficultés. 

Eugène Meslin demande dans cette lettre à Léonard Gille de lui retourner le pouvoir qu'il lui avait confié seulement à titre provisoire tandis que Léonard Gille se l'arroge de façon illimitée dans le temps.
Lettre d'Eugène Meslin à Léonard Gille, 28 novembre 1944, AD14, 66J/4

De fait, Léonard Gille tend à s'octroyer les pouvoirs d'Eugène Meslin. Entre les deux hommes, la querelle se poursuivit même après la fin de la guerre. Ainsi, le préfet Pierre Daure doit intercéder en faveur d’Eugène Meslin pour l’obtention de la médaille de la résistance alors que Léonard Gille émettait un avis défavorable (voir ci-dessous).

Léonard Gille s'oppose à l'attribution de cette récompense à Eugène Meslin dans ce document. Pierre Daure précise en ce sens sur cette fiche : "L'appréciation précédente résulte d'une hostilité déclarée de M. Léonard Gille contre M. Meslin. Ce dernier a effectivement reçu la légion d'honneur, mais il n'avait pas encore reçu la croix de la libération pour laquelle je l'avais proposé. M. Meslin est le représentant le plus désintéressé et le plus sérieux de la résistance dans le département."

Proposition d'attribution de la médaille de la Résistance à Eugène Meslin, AD14, M/2598

Eugène Meslin, qui avait, quant à lui, modestement repris ses activités à la tête du port de Caen, meurt d’une crise cardiaque en 1946. Un quai de la ville le long de l'Orne porte son nom depuis 1952. 

Bibliographie

  • Quellien Jean, «Meslin Eugène», in Association Résistance et Mémoire, La Résistance dans le Calvados, cédérom éd. AERI, 2004
  • Quellien Jean, Le Calvados dans la guerre 1939-1945, OREP Editions, Bayeux, 2017. AD14, BH/8/18386

Sources d'archives 

Archives du Calvados

  • Dossier proposant le nom d'Eugène Meslin pour l'attribution de la médaille de la Résistance et notice individuelle d'employé du service des Ponts et Chaussées de Caen, M/2598
  • Fonds Léonard Gille, 66J/1-66J/13
  • Fonds Henri et Alice Caillet (née Theuré), 6J/24-6J/27
  • Archives de Jean Mirey, responsable départemental des FFI, dossiers individuels d’homologation, 6J/42

Service historique de la Défense

  • Vincennes : dossier individuel de résistant,  GR 16P 413353

Archives nationales

Pour aller plus loin

Ce site utilise des cookies techniques nécessaires à son bon fonctionnement. Ils ne contiennent aucune donnée personnelle et sont exemptés de consentements (Article 82 de la loi Informatique et Libertés).

Vous pouvez consulter les conditions générales d’utilisation sur le lien ci-dessous.

En savoir plus