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Jean Daligault

Caen, 1899 -  Dachau, 1945

Jean Daligaut est entouré sur sa gauche d'une femme plutôt âgée, sur la droite un homme également plutôt âgé et devant lui d'un enfant.
Jean Daligaut, 1934, AD14, 2Fi/292

Né à Caen le 10 juin 1899, Jean Daligault fréquente l'institution Sainte-Marie puis le lycée Malherbe. Dès la fin de ses études secondaires, il décide d'entrer au séminaire de Bayeux pour devenir prêtre. Mais il est mobilisé en 1917 et part en Syrie et au Liban où il est instituteur dans une école militaire tout en travaillant pour les services du Chiffre.

Il est finalement ordonné prêtre en 1924 et nommé vicaire à Notre-Dame de Vire puis, curé d'Olendon en 1930. Prêtre plutôt atypique, bricoleur, voyageur et excellent dessinateur, il expose notamment au salon des artistes Bas-normands de 1926 et voyage en Allemagne et aux Etats-Unis dans les années 30. Il est nommé curé de Villerville en 1939.

A la déclaration de guerre, il est en voyage et ne rentre en France que le 12 septembre 1939. Mobilisé en janvier 1940, il rentre à Villerville en août 1940. Dès cette époque, Il entreprend de constituer un petit groupe de résistance avec deux amis de Villerville : l'instituteur Joseph Blanchard, le cafetier Louis Maussant. Ils intègrent l'Armée des volontaires (AV) mouvement créé à Paris à l'été 1940 et implanté dans le Calvados à l'automne de la même année. Le renseignement sur les troupes d'occupation et les usines constitue la  principale activité de l'AV. Des actions de propagande sont également menées avec par exemple la diffusion du journal Pantagruel.

Fin 1940,  il est également en contact avec John Hopper dont il fréquentait le magasin de radio à Caen avant-guerre. Un certain nombre de membres calvadosiens de l'Armée des volontaires travaille alors en liaison avec John Hopper et l'Intelligence Service. L'activisme de John Hopper vont attirer l'attention sur ses compagnons de lutte et c'est ainsi que Jean Daligault est arrêté le 31 août 1941.

La lettre signée de la main du préfet indique : "Vous avez bien voulu me communiquer pour renseignements, la lettre ci-jointe vous ayant été adressée pour Mme veuve Marie Daligault, 9 rue Mélingue à Caen, au sujet de son fils l'abbé Jean Daligault, vicaire à Villerville, arrêté en août dernier par les autorités d'occupation. J'ai l'honneur de vous faire connaître que les indications qu'il m'a été possible de recueillir de la Feldkommandantur 723 au sujet de cette affaire sont les suivantes : l'abbé Daligault a été arrêté par la G.F.P. de Paris et emmené à Fresnes. On pense que l'intéressé était détenteur d'un poste émetteur clandestin et se livrait à l'espionnage."

Lettre du préfet du Calvados concernant l'arrestation de Jean Daligault, 15 octobre 1941, SHD/DAVCC, AC 21P 440327

Il est transféré à la prison du Cherche-Midi, à Paris, où il est interrogé par l'Abwehr. En juin 1942, il est classé Nacht und Nebel (NN) et durant l'été, il est conduit à la prison de Fresnes dans l'attente d'un convoi pour l'Allemagne. Il part pour l'Allemagne le 10 octobre 1942, avec ses amis de Villerville, Joseph Blanchard et Louis Maussant. Il reste 5 mois au camp d'Hinzert, puis est transféré successivement à Trèves, Wittlich, Cologne puis de nouveau à Trèves le 8 septembre 1943.

Le 29 novembre 1943, le tribunal du peuple de Trèves condamne Joseph Blanchard et Louis Maussant à la peine de mort. Ils sont exécutés à la prison de Cologne le 15 février 1944. Sans que l'on sache pourquoi, Jean Daligaut n'est pas condamné et retourne dans sa cellule de la prison de Trèves. La suite de son parcours reste malconnue mais il semble qu'il ait été exécuté d'une balle dans la tête le 28 avril 1945 au camp de Dachau, la veille de la libération du camp. Durant sa captivité, notamment à la prison de Trèves, il n'a cessé de dessiner. L'aumonier catholique de la prison de Trèves, l'abbé Jonas lui fournissait du matériel de dessin et a préservé ses oeuvres. Après la guerre, il les a remis à l'abbé de la Martinière, lui-même déporté NN. 

Le dessin est légendé "Tribunal dit cour du peuple". Il représente 5 magistrats siégeant de face. Les traits droits y compris pour représenter les visages relèvent presque du cubisme.

Dessin de Jean Daligault à la prison de Trèves, s. d., AD14, 59J/181/2

Bibliographie

  • Dorrière Christian, Jean Daligault Caen, 8 juin 1899 - Dachau, 28 avril 1945 : Catalogue de l'exposition réalisée aux Archives Départementales, Caen, Direction des Archives Départementales du Calvados : Conseil général du Calvados, 1999, AD14, BH/BR/20334
  • Dorrière Christian, L'abbé Jean Daligault : un peintre dans les camps de la mort, Paris, les Ed. du Cerf, 2001, AD14, BH/8/14632
  • Dorrière Christian, Cinq ans d'enfer et cinquante de purgatoire, Blainville-sur-Orne, C. Dorrière, 3 tomes, 1995-1996, AD14, BH/4/5008/1 à 3 et BH/4/5070/1 à 3
  • Quellien Jean, «Jean Daligault», in Association Résistance et Mémoire, La Résistance dans le Calvados, cédérom éd. AERI, 2004
  • Quellien Jean (sous la dir.), Livre mémorial des victimes du nazisme dans le Calvados, CRHQ, Caen, Archives du Calvados, 2004, AD14, BH/8/11936 et BH/8/ 17933

Sources d'archives

Archives du Calvados

  • Fonds Yvonne Guégan, 58J/10-58J/13; 58J/78-58J/79 (Yvonne Guégan était une amie de Jean Daligaut qu'elle a connu en 1940)
  • Fonds Jacques Vico : Association des déportés, internés, résistants et politiques et familles de disparus du Calvados : dessins originaux de Jean Daligault, 1944, 59J/181/2 ; réalisation d’un cd-rom sur l’Abbé Jean Daligault, 1996-1997, 59J/302
  • Fonds Henri et Alice Caillet (née Theuré), 6J/25
  • Cabinet du préfet du Calvados. Personnes arrêtées par les allemands, internés civils et STO, 1941-1944, 1166W/26

Service historique de la Défense

  • DAVCC/Caen : dossier individuel de déporté et interné résistant, AC 21P 440327
  • Vincennes : dossier individuel de résistant, GR 16P 154977

Musée de la résistance et de la déportation de Besançon

Pour aller plus loin

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