Ce portail est conçu pour être utilisé sur les navigateurs Chrome, Firefox, Safari et Edge. Pour une expérience optimale, nous vous invitons à utiliser l'un de ces navigateurs.

Jean-Michel et Marie Cauchy née Lehembre

Jean-Michel

Saint-Pierre-sur-Dives, 1915 - [1945]

Alias Paul 

Marie

Saint-Cloud (92), 1918 - 1958

Jean-Michel Cauchy est en uniforme militaire.
Jean-Michel Cauchy, Falaise, hiver 1939-1940, collection particulière
Marie Cauchy est dehors dans la neige en tenue civile avec un pantalon maintenu par une ceinture et une veste.
Marie Cauchy, Falaise, hiver 1941-1942, collection particulière

Né le 26 novembre 1915 à Saint-Pierre-sur-Dives, Jean-Michel Cauchy est le fils d’un négociant en tissus, installé à Lille. Marie Lehembre, née à Saint-Cloud (92) en 1918, est la fille d’un industriel résidant à Tournai (Belgique). Ils se marient en 1938 à Lille.

Fin 1938, la famille Cauchy décide de créer une succursale de l'entreprise familiale A. Cauchy-Fourlignie à Falaise et c'est ainsi que Marie, Jean-Michel, et les parents de celui-ci s'y installent. Jean-Michel est mobilisé en novembre 1939 comme sous-lieutenant au sein du 2eme groupe de reconnaissance de corps d’armée. Démobilisé en septembre 1940, il rejoint sa famille à Falaise et travaille dans l'entreprise familiale. Ils ont deux enfants Jean-Michel, né en avril 1939 et Marie-France née en août 1941.

Les Cauchy se lient d'amitié avec Bernard et Yvonne de La Rochefoucauld qui, dès 1941, hébergent des aviateurs britanniques dans leur château de Versainville, près de Falaise. C'est par leur intermédiaire que Jean-Michel et Marie vont entrer dans la Résistance. En effet, Bernard de La Rochefoucauld est en contact avec le capitaine Francis Alfred Suttill, officier britannique du Special Operations Executive (SOE) et chef du réseau Prosper Buckmaster. Celui-ci est à la recherche d'un terrain de parachutage dans la région de Falaise et cherche à constituer un sous-réseau dans la région. Or, depuis février 1943, Yvonne de La Rochefoucauld est agent de liaison du réseau Prosper.

Sur les conseils de celle-ci, Jean Worms, responsable du sous-réseau Prosper de la région de Châlons-sur-Marne rencontre les époux Cauchy mi-avril 1943, sous le pseudonyme de Jean Varence, marchand de bois. Quinze jours plus tard, Ils se rendent à Paris pour rencontrer le chef du réseau, Francis Alfred Suttill, alias Prosper ou François Desprée.

Ils acceptent la mission qui leur est proposée : constituer un groupe à Falaise pour réceptionner des parachutages d'armes et de matériel de sabotage, trouver un lieu propice à l'opération et cacher le matériel.

L'attestation indique qu'il appartenait au réseau Prosper Buckmaster et a été arrêté le 1 juillet 1943 et est disparu. Il est homologué au grade de lieutenant. Ses services accomplis comme agent P2 sont reconnus à partir du 1er mai 1943.
Attestation d'appartenance aux FFC au nom de Jean-Michel Cauchy, AD14, 6J/9
L'attestation indique qu'elle appartenait au réseau Prosper Buckmaster et a été arrêté le 1 juillet 1943 et rapatriée le 25 mai 1945. Elle est homologué au grade de sous-lieutenant. Ses services accomplis comme agent P2 sont reconnus à partir du 1er mai 1943 et jusqu'au 25 mai 1945.
Attestation d'appartenance aux FFC au nom de Marie Cauchy, (copie) AD14, 6J/9

C'est ainsi que Jean-Michel Cauchy, alias « Paul », aidé par Marie, constitue une antenne du réseau Prosper-Physician à Falaise au début du printemps 1943. Il contacte d'abord Pierre Bar, voyageur de commerce qui possède deux fermes à Donnay. Ils se sont connus en 1941 lors de gardes le long de câbles téléphoniques et sont tous les deux originaires du Nord.  Pierre Bar accepte et recrute à son tour les cultivateurs Louis Leroy à La Hoguette et Georges Bertin à Martigny-sur-l’Ante. Robert Besnier et André Langlois viendront compléter le groupe auquel appartiennent également Bernard et Yvonne de La Rochefoucauld.

Dans la nuit du 13 au 14 mai 1943 à Martigny-sur-l'Ante, ils réceptionnent 15 containers parachutés dans un champ appartenant à Georges Bertin. Les armes sont entreposées sous le toit d'une grange située tout près de chez les Cauchy. Fin mai, Marie Cauchy se charge de l'hébergement de François Desprée venu inspecter les armes. Elle fera de même fin juin. Mi-juin, ils recueillent un aviateur britannique que Jean-Michel conduit au domicile parisien des La Rochefoucauld.

L'installation d'une défense aérienne sur le château de Falaise rend le terrain de Martigny-sur-l'Ante trop dangereux. A l'occasion d'un rendez-vous à Paris, Paul et François conviennent d'un nouveau lieu de parachutage situé sur la commune d'Ancinnes (Sarthe). Dans la nuit du 25 au 26 juin, Jean-Michel Cauchy et Louis Leroy ramènent en camion, à Falaise, dix containers parachutés à Ancinnes.

Le rapport indique : "Depuis le 1er juillet 1943, des militaires allemands de la police de Saint-Germain-en-Laye (section SD) viennent d'effectuer à Falaise et dans les environs, plusieurs arrestations dont le détail est annexé au rapport : Le 1er juillet dans la matinée après une perquisition chez Monsieur Cauchy, le matériel suivant a été découvert à leur domicile : 1 poste d'émetteur, 60 mitraillettes, 1100 litres d'essence, bombes à phosphore et barils de poudre, fusils, grenades et revolvers, le tout de provenance anglaise ou américaine. Les renseignements incontrôlanles qui ont pu être obtenus semblent semblent prouver que Monsieur Cauchy était le chef d'une bande organisée qui pouvait être en relation avec des parachutistes anglais, et qu'il a été dénoncé par écrit au service allemand. Il est à supposer que seul l'interrogatoire de Monsieur Cauchy a permis aux enquêteurs de procéder successivement les 1er, 3 et 4 juillet à cinq autres arrestations (voir annexe). Les personnes en cause qui appartennaient pour la plupart à une classe aisée de la population, n'avaient jusqu'à ce jour donné lieu à aucune remarque particulière. J'ajoute que les divers services exécutés par notre arme ou les contrôles de postes de guet installés dans l'arrondissement n'ont jamais permis de déceler l'activité à laquelle pouvaient se livrer les personnes arrêtées ou de découvrir des parachutages d'armes ou de matériel. Ces diverses arrestations ont causé une profonde émotion parmi la population en raison de la situation enviable et de la considération dont jouissent les personnes en cause. Identité des personnes arrêtées : M. Cauchy Jean-Michel né me 25 novembre 1916 à Saint-Pierre-sur-Dives (Calvados), industriel, négocié, marié deux enfants, domicilié 32 bis rue Lebailly à Falaise, Mme Cauchy, Marie, née Lehembre; M. Bar, Pierre Gaston, né le 30 septembre 1907 à Hallènes (Nord), herbager marié 3 enfants, domicilié 30 rue Amiral Courbet à Falaise; M. Langlois André, né le 17 septembre 1898 à Versailles, assureur à Falaise marié 3 enfants; M. Bertin Georges, né le 30 juin 1900 à Fartigny (Calvados) cultivateur à Martigny marié 2 enfants; M. Leroy Louis, né le 24 novembre 1913 à Pertheville Ners (Calvados) cultivateur à la Higuette (Calvados) marié un enfant; m/ Besnier Robert, né le 18 juillet 1899 à Pertheville Ners, ouvrier agricole à La Hoguette, célibataire. Signé Barrandon."

Rapport de gendarmerie sur la découverte d'une organisation clandestine à Falaise, 5 juillet 1943, SHD/DAVCC, AC 22P 3080

Mais le 1er juillet 1943, Jean-Michel et Marie Cauchy sont arrêtés à leur domicile par le SD de Rouen, tout comme Pierre Bar. Cette arrestation fait suite à celle de Prosper à Paris le 24 juin. Les autres membres du groupe sont arrêtés dans les jours qui suivent. Les Cauchy sont d'abord internés à la maison d'arrêt de Caen puis à la prison de Rouen.

Marie est ensuite conduite au camp de Compiègne-Royallieu et déportée le 31 janvier 1944 au camp de concentration de Ravensbrück puis le 1er septembre 1944 au camp d'Holleischen, Kommando extérieur du camp de concentration de Flossenbürg dont elle est libérée en mai 1945. Jean-Michel est également transféré au camp de Compiègne-Royallieu puis déporté au camp de Buchenwald le 14 décembre 1943. Il est affecté au Kommando de Langenstein, près de la ville d'Halbertstadt le 20 juin 1944.

Lors de l'évacuation du camp, en avril 1945, il s'évade de la colonne avec son ami de captivité Jules Dricot et est porté disparu à partir du 12 avril. Les recherches pour le retrouver sont restées vaines. 

Le document indique : "L'intéressé a été évacué du camps d'Albertstaud vers l'Est le 10 avril 1945 une colonne de déportés valides encadrés par des SS. Me 12 avril au soir, c'est-à-dire après une marche de 3 jours, vraisemblablement après avoir couvert entre 76 et 90 kilomètres vers l'Est, il a quitté la colonne avec un jeune architecte bruxellois Dricot Jules dont la belle-mère Mme Alexandre habite 8 rue de la Réforme à Bruxelles. L'évasion a un témoin, l'abbé Gaben Lucien, vicaire de l'église Saint-Louis, 71 avenue de Lautrec à Castres (Tarn) elle s'est passée avec succès. Depuis ce temps, l'abbé Gaben est rentré en France en juin 1945 ayant lui-même quitté la colonne le 21 avril et ayant rencontré des Russes qui l'ont rapatrié. Aucune autre nouvelle depuis ni de Cauchy ni de son camarade Dricot (dont nous ne possédons pas le signalement). Le capitaine Roussange état civil de l'AMFA, première Armée Française SP 70457 auquel deux demandes de recherches ont été adressées le 13 juin et le 10 juillet n'a répondu ni à l'une ni à l'autre de ces lettres. A signaler que la femme de Cauchy Jean-Michel était déportée à Zwodau bei Falkenau (près Eger) et que son époux le savait. Peut-être a-t-il pris cette direction, lors de son évasion, sa femme est rentrée en France le 25 mai. Il convient de préciser que, aux dires du témoin de l'évasion, celle-ci a eu lieu sur la route d'Halbertadt à Magdebourg; juste avant de franchire la rivière Saale."

Extrait de la demande de recherche de J-M Cauchy, Ministère des prisonniers, déportés, réfugiés, [1945], SHD/DAVCC, AC 21P 434101

Bibliographie

  • Fournier Gérard, Le Serpent chauve devient zazou - Le réseau Prosper/Physician dans le Calvados, éditions Charles Corlet, 2015.  AD14, BH/8/17512
  • Fournier Gérard,  notices «  Jean-Michel Cauchy" et "Marie Cauchy née Lehembre », in Association Résistance et Mémoire, La Résistance dans le Calvados, cédérom éd. AERI, 2004

Sources d’archives

Archives du Calvados

  • Fonds Jean-Michel et Marie Cauchy, 6J/8-6J/9, 6J/13
  • Dossier de demande de carte de combattant volontaire de la résistance de Jean-Michel Cauchy, 1101W/231
  • Cabinet du préfet du Calvados. Personnes arrêtées par les allemands, internés civils et STO, 1941-1944, 1166W/25
  • Journal les Nouvelles de Falaise, 21 septembre 1961, 13T/1/182/6

Service historique de la Défense

  • DAVCC/Caen : dossier individuel de déporté et interné résistant de Jean-Michel Cauchy, AC 21P 434101; dossier individuel de déporté et interné résistant de Marie Zambeaux née Lehembre, AC 21P 694085 et rapport de gendarmerie sur la découverte d'une organisation clandestine à Falaise, 5 juillet 1943 et rapport du préfet du Calvados, sur les arrestations effectuées à Falaise, 7 juillet 1943, AC 22P 3080
  • Vincennes : dossier du réseau Prosper (Buckmaster), GR 17P 41; dossier individuel de résistant de Francis Suttill, GR 16P 300559; dossier individuel de résistant de Jean-Michel Cauchy, GR 16P 112318 et dossier individuel de résistant de Marie Cauchy (au nom de Lehembre),  GR 16P 348436 .

Archives d’Arolsen-Centre international de documentation des persécutions nazies

Pour aller plus loin

Ce site utilise des cookies techniques nécessaires à son bon fonctionnement. Ils ne contiennent aucune donnée personnelle et sont exemptés de consentements (Article 82 de la loi Informatique et Libertés).

Vous pouvez consulter les conditions générales d’utilisation sur le lien ci-dessous.

En savoir plus