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Jean Regnault de Segrais
Né le 22 août 1624 à Caen, mort le 25 mars 1701 à Caen.
Poète, homme de lettres et traducteur, escuyer chevalier.
Vie personnelle
Jean est le fils de François Regnault de Segrais, nommé premier échevin de Caen le 21 février 1624.
D'origine bourgeoise et dont la famille a été anoblie au 15e siècle, Jean Regnault fait ses études au collège des Jésuites de Caen.
En 1647, il s'installe à Paris au service de "la Grande Mademoiselle", cousine de Louis 14, auprès de qui il reste pendant 24 ans. Il devient en 1670 le secrétaire de Madame de La Fayette après une brouille avec la princesse.
En 1676, il rentre dans sa Normandie natale et épouse, à l'église Saint-Gilles de Caen, sa cousine Claude Acher du Mesnilvitté, fille de Jean d'Acher sieur de Moon, Prille, Mons et Giberville, avec laquelle il n'aura pas d'enfant.
Un homme de lettres
Dès ses études, Regnault rédige de nombreux poèmes et même une tragédie, un roman et une ode à Condé.
Ami de grands noms de la littérarure du 17e siècle comme Paul Scarron, Gilles Ménage, Paul Pellisson ou Nicolas Boileau, il est élu membre de l'Académie française en 1662, au fauteuil n°6. En tant que secrétaire de Madame de la Fayette, il l'assiste à la rédaction de ses premiers romans : il publie sous son nom les premières éditions de La Princesse de Montpensier, Zaïde et La Princesse de Clèves.
A Caen, il devient président de l'Académie royale des Belles-Lettres en 1674, et se charge alors de la faire revivre. Ajoutant aux six académiciens restants, il recrute près de 30 membres et tient les séances dans sa maison, rue de l'Engannerie.
Ses oeuvres poétiques les plus célèbres sont ses Eglogues et Athis, un poème pastoral. Mais il rédige aussi des romans, dont Bérénice en 1648 et Les Nouvelles françaises en 1656. Enfin, ses textes les plus reconnus sont ses traductions des oeuvres de Virgile L'Enéide et Les Georgiques.
Oeuvres de Jean Regnault de Segrais conservées aux Archives du Calvados :
- Diverses poesies de Jean Regnault de Segrais, gentil-homme normand, Paris, 1658, BH/8/12466. Il s'agit du seul ouvrage publié de son vivant conservé aux Archives du Calvados.
- Les géorgiques de Virgile. Traduites en vers français. Ouvrage posthume de Monsieur de Segrais, Paris, 1711, BH/8/5488
- Zayde, histoire Espagnole par M. de Segrais. Avec un traité de l'origine des romans par M. Huet., Paris, 1719, BH/8/5433/1 et BH/8/5433/2
- Les nouvelles françaises ou les divertissements de la princesse Aurélie (...), Paris, 1722, BH/8/5605/1 et BH/8/5605/2
- Traduction de l'Eneïde et Georgiques de Virgile (...). Avec les remarques à la fin de chaque Livre, pour l'intelligence de l'Histoire, Lyon, 1736, BH/8/4903/1 et BH/8/4903/2
- Poésies... précédées d'un essai sur les poètes bucoliques, Caen, 1823, BH/8/1985
- [Poésies], Caen, 1911, BH/BR/6908.
Sur les oeuvres de Segrais :
- Philippe Dufaure de Lajarte, "Les Nouvelles Françaises de Segrais ou les glissements progressifs du récit", dans les Cahiers des Annales de Normandie n°14, Les écrivains normands de l'âge classique et le goût de leur temps, Caen, 1982, 14T/13/183.
- Marie-Aline Raynal, La Nouvelle française de Segrais à Madame de La Fayette, 1926, BH/8/15912.
Un homme politique et public
Jean Regnault de Segrais est aussi une personnalité publique, en tant que noble de la généralité de Caen.
Entre 1683 et 1686, il est premier échevin de Caen. Dans ce cadre, il pose par exemple la première pierre de l'église Notre-Dame de la Gloriette ou fait élever la statue de Louis 14 sur la place Royale (détruite en juillet 1791).
Il décède d'un oedème en 1701, à 77 ans, dans sa maison de Caen. Devenu seigneur et patron de Fontenay-le-Pesnel par son mariage avec Claude Acher, il demande à y être inhumé. Son tombeau prend place dans la nef de l'église Saint-Martin, détruite pendant la Seconde Guerre mondiale.
Insolite !
En 1696, Segrais poursuit en justice les Jésuites pour ne pas lui avoir payé la part des héritages touchés sur ses domaines de Fontenay-le-Pesnel, acquis par son mariage.
Différend Segrais avec les Jésuites, 1695-1696, AD14, 2D/1057
Postérité
Tout de suite après sa mort, de nombreuses personnalités rédigent des épitaphes et éloges de Segrais, en latin ou en français. En 1912, René Norbert-Sauvage rassemble une partie de ces textes dans Le tombeau poétique de Jean Regnault de Segrais. On peut y lire par exemple l'éloge de M. Galland qui écrit "Segrais en France eut le même destin / Que Virgile au pays latin".
En 1910, des intellectuels locaux s'aperçoivent que le tombeau de Segrais est à l'abandon. Faisant revivre ses oeuvres, les érudits du Calvados cherchent alors à retracer la vie du poète : Louis Gosselin, Victor-René Hunger, René Norbert-Sauvage et la Société des Antiquaires de Normandie s'y penchent.
Aboutissement du travail, un monument à la mémoire de Segrais est érigé à Fontenay-le-Pesnel et inauguré le 11 octobre 1911 en présence de Paul Deschanels, membre de l'Académie française.
Bibliographie et sources
Iconographie :
- 2Fi/202 : "de Segrais Jean Regnault de l'académie française, gentilhomme de Mlle de Montpensier... ," deux gravures.
- 1Fi/1165 : estampe de Jean Regnault de Segrais, 18e siècle.
- 123Fi/8 : estampe n°17 : "Jean Regnault de Segrais de l'Académie Française" --> même dessin que les deux cotes précédentes.
- FI/F/6796/7 : Maison de Segrais, rue de l'Engannerie.
- M/45/9 : invitation du préfet à l'inauguration du monument Segrais, en septembre 1911 à Fontenay-le-Pesnel.
Documents d'archives :
- Archives communales de Caen : Actes de l'administration municipale, 1682-1687 - 615EDT/79-80 ; Registre du cérémonial (1663-1786) - 615EDT/125
- Un conflit entre Jean Regnault de Segrais et les Jésuites pour le fief de Fontenay-le-Pesnel : 2D/1057, "Différend Segrais", 1695-1696
- Dans le Mercure Galant d'avril 1701, à la page 250, mention du décès de Segrais
- Académie des Belles Lettres de Caen : 2D/1354-2D/1538
- 83F/359 : notes sur Segrais de la Société des Antiquaires de Normandie
- 127J/51 : notes sur les recherches sur Jean Regnault de Segrais par René Norbert-Sauvage (notamment, copie de son acte de mariage, biographie succincte de ses épouse et beau-père, épitaphes de lettrés dont extrait du Mercure Galant d'avril 1701, poésies non publiées de Segrais, invitation et organisation de l'inauguration du monument en mémoire de Segrais à Fontenay, etc.)
- 134J/17 : papiers de l'érudit Louis Gosselin, documents originaux et coupures de presse sur Segrais
- Inauguration du monument Segrais à Fontenay-le-Pesnel, article du Moniteur du Calvados, de la Manche et de l'Orne, 15-18 octobre 1911, BH/BR/10428
- Invitation à l'inauguration du monument Segrais à Victor-René Hunger, novembre 1911 : F/6844
Livres et brochures :
- HUET Pierre-Daniel, Les origines de la ville de Caen, Rouen, 1706 : BH/8/2259 ; un éloge de Jean Regnault, sieur de Segrais au chapitre 14.
- Poésies diverses, recueil factice du XVIIIe siècle, une "Ode aux muses pour le soin que prend Monsieur de Segrais de loger l'Académie", anonyme, BH/BR/16667.
- BARATTE Louis-Henri, Les normands illustres ou biographies historiques et raisonnées des poètes normands, Paris, vers 1845, BH/8/659.
- BREDIF Léon, Segrais, sa vie et ses oeuvres, Paris, 1863 : BH/8/17362, disponible sur Gallica.
- CAREL Pierre, Etude sur la commune de Caen, suivie de la liste des échevins, analyse du matrologe de la ville et du registre de cérémonial, Caen, 1888 : BH/8/19737.
- Notes sur le poète Jean Segrais dans le Bulletin de la Société des Antiquaires de Normandie., t. XXVIII, 1906-1912, p. 296-297 (14T/12/3/5) : notamment sur sa généalogie et sa naissance.
- La Revue illustrée du Calvados, novembre 1911 : dossier consacré à Segrais en lien avec l'inauguration du monument à Fontenay-le-Pesnel, p. 165-176, 14T/23/1/2/2.
- Inauguration du monument élevé à la mémoire de Jean de Segrais à Fontenay-le-Pesnel (Calvados) le 15 octobre 1911, Paris, 1911, BH/BR/10399.
- Inauguration du monument de Segrais à Fontenay-le-Pesnel le 15 octobre 1911, Caen, 1912, BH/BR/10387 et BH/8/902.
- SAUVAGE René-Norbert, Le tombeau poétique de Jean Regnault de Segrais, Caen, 1912, (BH/8/14748 et BH/8/1764/1) : épitaphes de lettrés à la mort de Segrais.
- COLLET Louis, L'église Saint-Martin de Fontenay-le-Pesnel et la sépulture de Segrais, Bulletin de la Société des Antiquaires de Normandie, tome 50, années 1946-1948, pp. 287-293, 14T/12/3/8.
- LE ROY Claude, Promenades en Normandie avec des poètes disparus... illustrations de Yves Petit, Condé-sur-Noireau, 1997, BH/4/2287.
- LOGEROT Michel, Caen son administration municipale. Baillis et maires. Gouverneurs - Echevins et Conseillers Municipaux, La Ferrière-Harang, 2005, BH/4/5997.
- LECOUTURIER Yves, notice dans le Dictionnaire des personnages remarquables du Calvados, Marigny, 2005 : BH/8/12425
Sources extérieures :
- Académie des sciences, arts et belles lettres de Caen : Histoire de l'Académie
- Académie française : biographie de Segrais, discours de réception en 1662, harangue à Mr. Colbert en 1674, inauguration du monument Segrais
- Archives Nationales de France : F/21/4784 : dossier de subvention pour l'élévation d'un monument à la mémoire du poète Segrais.
- Gallica : Mention de Regnault comme déclaré noble par les quatre degrés en 1666, selon Guy Chamillart, pour la sergenterie d'Evrecy.