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René-Norbert Sauvage

Né et décédé à Caen (17 février 1882 - 17 janvier 1955), René-Norbert Sauvage y fit toute sa carrière. Il poursuivit ses études d'abord à l'institution Sainte-Marie puis à l'Université de Caen (licence, diplôme d'études supérieures en histoire et géographie) avant de recevoir à l'École des Chartes son diplôme d'archiviste paléographe. Le sujet de sa thèse était consacré à l'abbaye de Troarn (1908), qu'il transforme par la suite en thèse universitaire (1911).
Du 1er décembre 1907 au 31 décembre 1912, il est nommé archiviste-adjoint du Calvados, puis directeur des Archives du Calvados à partir de 1919 et jusqu'à sa retraite en 1949.
Durant la Première Guerre mondiale, il est mobilisé comme chef du cabinet du préfet Hendlé, tout en assurant l'intérim de la direction de la bibliothèque et des archives municipales de Caen (1913-1919). Il officie également auprès du préfet Hélitas comme chef de cabinet de 1917 à 1923.
En 1930, il obtient la création par le Conseil général d'une annexe dans le prolongement du dépôt principal des Archives pour la salle de lecture. En 1932, il fait aménager la collégiale du Sépulcre pour en faire un dépôt annexe.
René-Norbert Sauvage se charge de l'évacuation des archives en 1940 (au prieuré Saint-Gabriel de Brécy) et en 1942 (au château de Vaux à Saint-Maurice-Saint-Germain). Ces évacuations sont alors prescrites par le ministère sur toute la France et certaines archives sont ramenées à l'église du Sépulcre à l'hiver 1943-1944.
En juin 1944, par miracle, les bombes tombent sur l'hôtel de Ville de Caen mais épargnent relativement le bâtiment des Archives en face et l'église du Sépulcre. Durant tout l'été 1944 et les années suivantes, Sauvage consacre beaucoup d'énergie à recenser les archives détruites sur le territoire du département, et à sauver ce qui peut l'être. Lui-même avait perdu sa maison et sa bibliothèque (quelques 6000 volumes !) dans les bombardements .
Si son action pour préserver les archives du Calvados de la ruine pendant la guerre et la Bataille de Normandie ne fait pas de doute, son rôle pendant l'Occupation est plus ambigü. Il est cité après guerre, sans être inquiété au-delà, dans le procès en cours de justice du journal Le Bonhomme normand, dont il était un des administrateurs, mais s'est aussi attaché dans une note (aujourd'hui perdue) à mettre en avant ses supposées actions de résistance, dont il reste cependant peu voire pas de trace.
Modèle de l'archiviste-érudit mais aussi homme d'action et de pouvoir, Sauvage est dans l'entre-deux-guerres, selon les mots de Lucien Musset, "le directeur spirituel de toute l'érudition historique normande".
Il était membre de nombreuses associations (Société des Antiquaires de Normandie, Académie des Arts et Belles-lettres et Comité régional des Arts appliqués de Basse-Normandie), fondateur de la revue Normannia et conservateur des antiquités et objets d’art du Calvados.
Sources et bibliographie
- Louis le Roc'h Morgère, "La Deuxième guerre mondiale et les archives du Calvados", dans L'été 1944, les Normands dans la Bataille, Bilans et mémoire, 2000, p. 99-124
- Fonds René-Norbert Sauvage
- Dossier de personnel, Archives nationales, ABIVc158
- Fonds de la Société des Antiquaires de Normandie, secrétariat de René-Norbert Sauvage, 83F/24-83F/30
- Lucien Musset, René Norbert Sauvage (1882-1955), Caen, 1955
- Rapports annuels d'activité des Archives du Calvados
- Archives du service, sous-série 3T
- Rapports annuels d'activité des Archives départementales, 14T/33/1