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L'Orne, entre crues et inondations
Caen, maillée de cours d'eau et construite sur des zones de marais submersibles, comme celles de Louvigny et de Colombelles, subit régulièrement les crues de l'Orne. On les repère en 1651, 1693, 1705, 1711, 1716, 1781. De grandes crues, souvent généralisées à l’ensemble du département, se répètent en 1852, 1880, 1910, 1925, 1966, 1974, 1990...
Entre ces épisodes marquants se produisent des débordements plus localisés ou de moindre importance. Les habitants de Caen appellent ces petites crues des «crétines». Celles-ci sont le résultat de la conjonction de fortes précipitations et de forts coefficients de marée entraînant ainsi l’engorgement de la plaine alluviale dans sa partie avale à marée montante.
De siècle en siècle, ces débordements ont été consignés et détaillés avec plus ou moins d'exhaustivité. Pendant des centaines d'années, les mois d'octobre à mars étaient propices aux inondations. S'il est arrivé que la ville entière se trouve recouverte par les flots, certains quartiers, du fait de leur situation géographique sont coutumiers des inondations. Premier sur la liste des sinistrés : Saint-Jean, suivi de près par Vaucelles.
Si impressionnantes qu'elles soient, les crues et inondations ont fait peu de victimes par leur violence ou leur caractère soudain. Les morts liées à l'omniprésence de l'eau résultent au contraire de sa stagnation et de l'insalubrité qui règne en ville, foyer idéal pour les épidémies.
Un fleuve à entretenir
Aux 18e et 19e siècles, de grands travaux visent à rendre le cours plus direct dans la traversée de Caen. « La chaussée des moulins de Montaigu », qui provoque des débordements dans la Prairie, est rabaissée. Les ponts obstrués sont débouchés afin que l’eau passe plus librement.
Le premier remède est aussi le curage et l’entretien du fleuve. Jusqu’à la fin du 18e siècle, il est réalisé par les riverains et souvent mal exécuté. L’état de l’Orne laisse à désirer : les déchets encombrent le lit, les ordures sont jetées des maisons et les fumiers, déposés dans la rivière. L’Orne et l’Odon servent alors de tout-à-l’égout pour les habitants. Les habitants y déversent leurs ordures et les lavandières viennent sur les berges laver le linge.
Si l'approvisionnement en eau et la couverture de certains cours d'eau débutent en 1848, suivis en 1874 du premier réseau d'égouts de Caen et de l'enfouissement d'une partie des Odons, l'essentiel de l'assainissement du fleuve sera ensuite réalisée au 20e siècle. Entre 1932 et 1934, les rivières seront recouvertes en intégralité, et les eaux fluviales enfin séparées des eaux usées.