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Le retour des prisonniers de guerre et des déportés
Durant la Seconde Guerre mondiale, de nombreux soldats français ont été capturés par les Allemands. Dès 1940, ces militaires se sont retrouvés emprisonnés dans des camps où ils étaient regroupés en Kommando : les Stalag et Oflag. Le travail agricole ou industriel qu'ils réalisaient permettait d'aider l'économie allemande. Ces prisonniers restaient des mois, voire des années dans ces camps. En attendant leur retour, des associations naissent pour rassurer les familles et établir des contacts avec les camps en envoyant des colis aux prisonniers. Ces organisations ont pu venir en aide aux prisonniers après leur libération au moment de leur retour en France.
Quelques chiffres :
En France
- 1 800 000 prisonniers français en Allemagne
- 1940 et 1945 : 600 000 soldats sont libérés.
- Après la défaite allemande : près de 1 200 000 de soldats sont toujours en Allemagne
Dans le Calvados
- Près de 14 000 Calvadosiens prisonniers de guerre
- 1940-1944 : 3 000 soldats rentrent dans le Calvados
- Après la défaite allemande : près de 10 000 soldats sont toujours en Allemagne
Des prisonniers libérés durant l'Occupation
Certains prisonniers n'ont pas du attendre la Libération pour rentrer en France. Le régime de Vichy a réalisé plusieurs accords avec l'Allemagne pour organiser ces rapatriements. Par exemple, en 1942, la Relève permet à 50 000 prisonniers français de revenir. Mais cela n'a été possible qu'avec l'envoi, en échange, de 150 000 travailleurs. En effet, de nombreux ouvriers étaient recrutés pour aller en Allemagne pour participer à l'effort économique du Reich. Le plus souvent, le régime de Vichy faisait appel aux hommes volontaires. Par ce biais, 1 000 prisonniers ont pu revenir dans le Calvados en 1942.
Après la Libération, le Ministère des prisonniers, déportés et réfugiés s'est investit pour aider les prisonniers de guerre. Des livrets comme le "Guide du rapatrié", ont été imprimés et distribués dans toute la France. Ces guides permettaient aux rapatriés de savoir où trouver des maisons du prisonnier et de connaître les aides auxquelles ils avaient droit.
Certains livrets destinés spécifiquement aux prisonniers les informaient du déroulé de la guerre en France pendant leur emprisonnement, tout en mettant en valeur l'action des résistants et des Alliés.
De nombreuses affiches ont été placardées pour inciter la population à venir en aide aux rapatriés.
Les Maisons du prisonnier et du déporté
A partir de 1944, ces maisons se sont développées partout sur le territoire. Elles sont tenues par d'anciens prisonniers de guerre. Les rapatriés et leurs familles y sont accueillis pour recevoir des renseignements et obtenir de l'aide. Plusieurs exemples sont à signaler :
- Faciliter les démarches administratives : les procédures de démobilisation sont longues et complexes. Les maisons s'occupent en partie de faire ces formalités.
- La réinsertion professionnelle : avant d'être soldats, ces prisonniers étaient ouvriers, artisans,... A leur retour, ces hommes doivent retrouver un emploi pour subvenir à leurs besoins et devenir autonomes.
- Les examens médicaux : dès leur retour, les prisonniers bénéficient de soins
L'accueil des prisonniers de guerre par les Calvadosiens.
Le retour des prisonniers de guerre s'est organisé progressivement après la Bataille de Normandie par la mise en place de nombreuses organisations et associations. Celles-ci sont coordonnées par la Maison du prisonnier de Caen, installée au Lycée Malherbe. Des centres d'accueil sont aussi créés pour les rapatriés et les familles des absents, comme le pensionnat Saint-Joseph à Caen.
Les rapports de police mensuels écrits pour le préfet signalent que la population se mobilise pour venir en aide aux rapatriés :
- En novembre 1944, le maire de Trouville-sur-Mer, Fernand Moureaux, fait don de 1 200 000 francs pour les 200 prisonniers attendus en ville. Le pécule des prisonniers se remplit également pa le biais de kermesses et de séances théâtrales organisées au Casino.
Cependant, la situation diffère dans d'autres villes :
- En octobre 1944, à Condé-sur-Noireau, le manque de ressources disponibles poussent les comités d'assitance aux prisonniers à suspendre leurs activités.
- En mars 1945, les mouvements des prisonniers se plaignent du manque de moyens accordés aux associations. Le nombre de rapatriés est plus important que prévu et certains prisonniers ne reçoivent pas de vêtements, ni de chaussures. La population caennaise souhaite également que les rapatriés obtiennent tout ce qu'il leur faut à leur retour.
Rechercher dans les fonds des archives du Calvados
- Les rapports de préfets : Ces rapports à destination des préfets et écrits par les sous-préfets et les commissaires de police donnent de précieux renseignements sur la situation globale dans le département. Depuis octobre 1944, le préfet Pierre Daure exhorte les Commissaires régionaux à adopter une nouvelle rédaction de leurs rapports pour une meilleure clarté et efficacité. La section XI est dédiée à l'assistance aux prisonniers, déportés et réfugiés.
- Anciens combattants et victimes civiles : Les archives de la Maison du prisonnier de Caen comportent des documents relatifs au fonctionement de l'association et sur l'assistance apportée aux prisonniers. Ce fonds comprend également des fiches individuelles et sociales des prisonniers et des documents sur le montant du pécule que reçoivent les prisonniers.
- Quelques documents dans les archives privées : ces documents permettent de découvrir les parcours de plusieurs prisonniers de guerre comme Bernard Edeine, prisonnier de guerre et membre de la Fédération Nationale des Prisonniers de Guerre. Il y a également des fonds isolés regroupant des documents appartenant à des prisonniers de guerre.
- Archives audiovisuelles : Témoignages enregistrés de 5 prisonniers de guerre de la région de Vire.
Bibliographie et publications des archives
Ouvrages disponibles aux archives
Alain Alexandra, Retrouver un prisonnier de guerre XVIIIème- XXème siècles. Guide d’orientation dans les fonds d’archives, Paris, Editions Archives & Culture, 2021. AD14, BH/8/19174.
Christophe Lewin, Le retour des prisonniers de guerre français, Paris, Publications de la Sorbonne, 1986. AD14, BH/8/8453.
Louis Le Roc'h Morgerer (dir), Cahiers de mémoire : Prisonniers de guerre du Calvados 1940 – 1945, Caen, Archives départementales du Calvados, 1996. AD14, BH/8/17926.
Autres ouvrages
Evelyne Gayme, Les prisonniers de guerre français : enjeux militaires et stratégiques. 1914 - 1918 et 1940 - 1945, Paris, Economica, 2010.
Jean-Claude Catherine (dir), La captivité de prisonniers de guerre. Histoire, art et mémoire. 1939 - 1945, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2008.
Yves Durand, La Captivité. Histoire des prisonniers de guerre français, Fédération nationale des combattants prisonniers de guerre et combattants d'Algérie Tunisie Maroc, 1980
Pour aller plus loin
- Consultez le Dictionnaire biographique des victimes du nazisme en Normandie accessible en ligne.
- Pour poursuivre les recherches, il est possible de se rendre au Service Historique de la Défense - Division des Archives des Victimes des Conflits Contemporains à Caen. Ce centre d'archive du Ministère des Armées conserve des documents postérieurs à 1916 sur les prisonniers de guerre, les résistants et les déportés.