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Paul Derrien

Plouaret (22), 1893 - Caen, 1944

Paul Derrien est photographié faisant de la balançoire.
Paul Derrien, avril 1944, Collection Jean Quellien

Originaire des Côtes d'Armor. Paul Derrien fait ses études de médecine à Brest. Mobilisé en 1914, il fait preuve de courage et de dévouement ce qui lui vaut de nombreuses citations ainsi que la Médaille militaire, la Croix de guerre avec palmes et la Légion d'honneur. Il est fait prisonnier en juillet 1918 à Dormans et n'est libéré qu'en mars 1919.

En 1920, il épouse Jeanne Coantien. En 1922, Paul Derrien s'installe comme médecin à Argences (Calvados), à la villa "Les Platanes". En 1939, il est mobilisé comme médecin-major. Il devient veuf début 1940.

Rentré à Argences, il s'engage dès 1940 dans la Résistance et intègre le réseau Hector avec son assistante, Andrée Vayssier, qui est également sa compagne. 

Lorsque le réseau est démantelé fin 1941, il rejoint le mouvement Ceux de la Résistance (CDLR) et son réseau de renseignement Manipule dirigé localement par Pierre Bouchard puis l'Organisation civile et militaire (OCM). En décembre 1943, l'OCM est victime d'une importante vague d'arrestations. Le groupe du docteur Derrien perd ses contacts au sein de l'OCM et se rapproche alors de l'Organisation de Résistance de l'Armée (ORA).

 Son dossier de demande de carte du combattant (AD14, 1101W/223) fait également mention de son appartenance au mouvement Orin à partir de janvier 1941 et au réseau Zéro-France (sûreté belge) à compter d'août 1943, tout comme Léon Tardy. Outre une importante activité de renseignement, le groupe d'Argences assure l'hébergement de nombreux réfractaires. 

Le document est entièrement manuscrit. Il est notamment écrit : "Le Général du corps d'armée Koenig cite à l'ordre de la division à titre posthume Derrien Paul, François, Marie, médecin, capitaine a mené pendant 4 ans une résistance farouche faisant preuve d'une rare activité (service régulier de renseignements), hébergement de traqués, propagande pour le Général de Gaulle, parachutages d'armes, établissement de fausses pièces d'identité, a fourni dans la région de Mézidon et d'Argences des groupes de résistance disciplinés qui ont fait leur preuve en juin et juillet 1944. Arrêté le 4 juin 1944 et transféré à la prison de Caen, y a été fusillé le 6 juin 1944 . Laisse à tous ceux qui l'ont connu le souvenir d'un magnifique résistant et d'un véritable chef. Cette citation comporte l'attribution de la croix de guerre à étoile d'argent."

Citation à l'ordre de la division de Paul Derrien pour son action dans la Résistance, 6 février 1946, SHD/Caen, AC 21P 442964

Le 2 juin 1944, à la suite de la trahison d'un jeune réfractaire accueilli depuis 1943, le docteur Derrien, Andrée Vayssier et plusieurs membres du groupe d'Argences sont arrêtés par la bande à Hervé, auxiliaires français de la Gestapo. Torturés, ils sont incarcérés à la prison de Caen. La villa "Les Platanes" devient le siège de la Gestapo jusqu’à fin juillet, date à laquelle elle est dynamitée par les allemands. 

Le document tapuscrit précise : "Étant bonne à tout faire au service du docteur Derrien domicilié à Argences, villa des Platanes, avenue du Maréchal Joffre, j'ai le vendredi deux juin 1944 vers 5h et demi du matin entendu beaucoup de bruit dans le jardin fleuriste, puis dans la maison de mon patron. Pensant qu'il s'agissait de clients, je ne me suis pas dérangée étant donné que madame Vayssier qui vivait maritalement avec le docteur avait l'habitude de répondre elle-même aux clients qui sonnaient la nuit. Presque aussitôt, sept ou huit hommes, tous en civils, ont fait irruption dans ma chambre située au deuxième étage de l'habitation, l'un d'eux a braqué sur moi une lampe électrique, mais ne m'ont rien dit, ils sont allés à la chambre en face de la mienne où logeait monsieur Charles Sevestre d'Houlgate, réfractaire qui se cachait chez le docteur comme jardinier sous le nom de monsieur Jean; j'ai entendu ces hommes lui ordonner de se lever et de les suivre. Vers six heures et demie, après un nouveau coup de sonnette et constatant que personne ne répondait, je suis descendue pour voir ce dont il s'agissait, mais arrivée à la moitié de l'escalier entre le premier étage et le rez-de-chaussée, j'ai vu trois ou quatre hommes qui, à ma vue, m'ont dit de remonter dans ma chambre. Peu après, j'ai entendu des cris de souffrance qui provenaient, me semble-t-il du cabinet de consultations, ces cris ont duré un certain temps, puis, tout m'a paru rentrer dans le calm. Vers dixc heures, me trouvant toujours dans ma chambre où j'étais restée pensant que la Gestapo était à la maison, un homme en costume civil et parlant français est entré dans ma chambre, il m'a dit de le suivre et m'a conduit à la cuisine; un homme lui aussi en civil, de taille moyenne, de corpulence assez forte était assis à la table, il m'a interrogé en français."

Extrait du témoignage de Marcelle Crouzet, bonne du docteur Derrien, sur l'arrestation de celui-ci et d'Andrée Vayssier, 25 janvier 1946, SHD/DAVCC, AC 21P 442964

Paul Derrien, Andrée Vayssier et leurs compagnons font partie des 73 résistants exécutés le 6 juin 1944 à la prison de Caen.

Le document tapuscrit indique : "Comme suite à votre communication CGD/103 c'est-à-dire en date du 4 novembre 1944 relative à l'exécution, par des militaires allemands de Caen, j'ai l'honneur de vous adresser les renseignements suivants. Pendant la période d'Occupation un quartier allemand avait été installé à la maison d'arrêt de Caen, la surveillance et l'administration en était exclusivement assurée par les autorités occupantes. Ces circonstances font qu'il n'a pu être établi avec certitude le chiffre et l'identification des détenus qui y étaient incarcérés au 6 juin 1944. A cette date, le débarquement allié sur les côtes normandes ayant fait craindre aux allemands une avance rapide des troupes anglaises en direction de Caen, un certain nombre de détenus

Rapport du commissaire central de Caen sur les fusillés à la prison de Caen le 6 juin 1944, 20 décembre 1944, AD14, 6J/26

L'école élémentaire d'Argences porte le nom du docteur Derrien et un square dans lequel se trouve un buste de celui-ci occupe désormais l'emplacement de la villa "Les Platanes". 

Bibliographie

  • Fournier Gérard, Si près de la liberté... En mémoire de l'Abbé Bousso et de ses compagnons de Résistance exécutés à Caen le 6 juin 1944, Caen, 1994, AD14, BH/8/8390
  • Quellien Jean, Vico Jacques,  Massacres nazis en Normandie. Les fusillés de la prison de Caen, éditions Charles Corlet, Condé-sur-Noireau, 1994, AD14, BH/8/8393 et BH/8/13372
  • Quellien Jean, «Paul Derrien», in Association Résistance et Mémoire, La Résistance dans le Calvados, cédérom éd. AERI, 2004
  • Quellien Jean (sous la dir.), Livre mémorial des victimes du nazisme dans le Calvados, CRHQ, Caen, Archives du Calvados, 2004, AD14, BH/8/11936 et BH/8/ 17933
  • Maitron des fusillés : fiche de Paul Derrien

Sources d'archives

Archives du Calvados

  • Dossier de demande de carte du combattant volontaire de la résistance, 1101W/223
  • Fonds Henri et Alice Caillet (née Theuré), 6J/26
  • Cabinet du préfet du Calvados. Personnes arrêtées par les allemands, internés civils et STO, 1941-1944, 1166W/30
  • Archives de Jean Mirey, responsable départemental des FFI, dossiers individuels d’homologation, 6J/41

Service historique de la Défense

  • DAVCC/Caen : dossier individuel de déporté et interné résistant, AC 21P 442964
  • Vincennes : dossier individuel de résistant,  GR 16 P 177435; dossier du réseau Manipule, GR 17P 160 et dossier du réseau Zéro-France, GR 17P 238

Archives départementales des Côtes d'Armor

Pour aller plus loin

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