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René Capron et Henri Dobert

René Capron

Berville-sur-Mer (27), 1924 - Grand-Quevilly (76), 1943

Henri Dobert

Dives-sur-Mer, 1915 - Grand-Quevilly (76), 1943 

Portrait de face avec une casquette
René Capron, 1943, AD14, 146J/6
Comme René Capron, Henri Dobert est extrêmement jeune. Il est ici bien coiffé et porte une veste et une cravate.
Henri Dobert, s. d., AD14, 146J/6

Henri Dobert, né le 31 janvier 1915 à Dives-sur-Mer et "adopté par la nation", réside à Trouville avec sa compagne, Marie-Louise Vautier et leur fille née en 1932. Il travaille à Deauville comme chauffeur-mécanicien au garage Fargette et Couyère en compagnie de Lucien Levillain.

René Capron, qui n'a que 16 ans en 1940, vit à Honfleur. Les documents établis par la préfecture du Calvados indiquent que René Capron est mécanicien tandis que la demande d'attribution du titre d'interné résistant, remplie par la mère de René, mentionne la profession de boucher (SHD/DAVCC, AD 21P 721725). 

René et Henri sont amis de longue date, malgré leur différence d'âge et René a beaucoup d'admiration pour Henri. Henri Dobert entre dans la Résistance au printemps 1943, dans un groupe para-militaire fondé par Paul Besson, ingénieur à l'usine de gaz de Trouville et officier de réserve. Le groupe, rattaché au réseau Jean-Marie (Buckmaster), compte rapidement plus d'une centaine de membres et a vocation à se préparer à l'action armée en vue du Débarquement. Henri Dobert recrute parmi ses amis et connaissances, dont René Capron et Lucien Levillain.

Ce schéma particulièrement complexe met au centre Gaëtane Bouffay. Chaque nom de chaque membre est relié aux autres par au moins un trait. Comme un arbre généalogique, ce schéma fait appraître l'importance des relations personnelles entretenues par les résistants. Le nom Bouffay est relié à Besson et dessous à même hauteur et évidemment reliés sont Capron et Dobert avrec Delvigne. Sous Dobert, et reliés à lui, on trouve Bonnet, Levillain, Moncel, Martin, Mathéos, Dubus, Pion, Lebertre, Eichler, Féron, Halley, Delavoie, Beaudère, madame Dobert, madame Verel, Varin, Homo, Duret, Benoît et Duchemin. Dobert et Capron sont ainsi dans un groupe situé à Trouville, Deauville et Touques et le nom de Dobert est relié à Villers, Dives et Cabourg mais aussi à Honfleur par le nom de J. et P. Gogo.

Schéma du réseau Jean-Marie Buckmaster début 1943-octobre 1943 par Lucien Levillain, s. d. AD14, 146J/3

Très engagé, Henri Dobert quitte son travail en juillet 1943 pour se consacrer entièrement à la Résistance. Henri et René exécutent plusieurs militaires allemands isolés pour s'emparer de leur arme au profit du groupe Besson pour lequel Henri organise des entraînements.

Le domicile d'Henri, impasse Mein à Trouville, est l'un des lieux de rendez-vous du réseau Jean-Marie. C'est également là qu'Henri héberge un aviateur norvégien, Soren Liby, dont l’avion a été abattu au-dessus de Villers-sur-Mer, le 16 août 1943. René Capron est chargé de faire sauter l'usine de Dynamite Nobel à Ablon. L'opération échoue et il n'a pas le temps de recommencer car il est arrêté peu après.

Dobert et Capron sont au milieu

Photographie prise Impasse Mein à Trouville en août 1943, de gauche à droite : Soren Liby, Emile Dubut, René Capron, Jean Bonnel, AD14, 146J/6

L’attentat manqué contre Louis Laplanche, chef cantonal du RNP, le 4 septembre 1943

La voiture a traversé une barrière en béton et percuté une haie.
photographie de la voiture de Louis Laplanche, 4 septembre 1943. AD14, 991W/31

Hôtelier à Trouville, Louis Laplanche est le responsable cantonal du Rassemblement National Populaire (principal mouvement de collaboration dans le Calvados), à partir de juillet 1943. Très actif et influent, il devient une menace pour la Résistance et son élimination est décidée et préparée par Henri Dobert et René Capron. Le 4 septembre 1943, ils placent une mine sur le chemin qu’emprunte quotidiennement Laplanche. La mine ne blesse que légèrement Laplanche qui n'a de cesse dès lors de se venger. Dobert et Capron sont arrêtés dès le 6 septembre. Ils parviennent à s’échapper, se réfugient chez Gaëtane Bouffay puis sont arrêtés à Paris, sans doute trahis par l’agent double du réseau Raoul.

Il est écrit : " Le 7 septembre 1943 à 15 heures 30, à Trouville-sur-Mer, boulevard F. Moureux, 2 individus arrêtés par la sûreté allemande à la suite de l'attentat par explosif contre Mr Laplanche, chef local du R.N.P. exécuté le 4 septembre (rapport 7/4 du 7 septembre 1943) se sont évadés au cours du transférement par la sûreté allemande . Laissés seuls avec le chauffeur allemand dans la voiture pendant que les deux inspecteurs allemands procédaient à une autre opération, ils l'ont blessé très grièvement d'un coup de feu avec une arme d'origine inconnue (6 mm 35) et se sont enfuis. Identités : 1 Dobert, Henri Jules Eugène né le 31 janvier 1915 àà Dives-sur-Mer fils d'Eugène et de Quiboeuf Suzanne, mécanicien, demeurant 16 impasse Mein à Trouville. Signalement 1 mètre 65 environ cheveux châtains lissés, yeux marrons, vêtu pantalon foncé, blouson marron à fermeture éclair casquette drap bleu genre pêcheur; 2 Capron René Albert né le 19 juillet 1924 à Berville-sur-Mer Eure, mécanicien, à Saint-Gatien-des-Bois (Calvados). Signalement : 1 mètre 78, cheveux nours, raie très prononcée à gauche, petite moustache, teint clair, menton proéminent. Vêtu pantalon bleu modèle marine nationale, blouson blanc, foulard rouge, tête nue, armé pistolet de 6 mm 35. Un 3ème individu Ferron Roger Ernest né le 20 août 1925 à Trouville de Ernest et Colobet Suzanne, serrurier 18 rue du moulin à Trouville, a été arrêté peu après comme complice probable.

Rapport de la gendarmerie de Pont-L'Evêque sur l'évasion de Capron et Dobert, 10 septembre 1943, AD14, 1166W/25

René Capron et Henri Dobert sont condamnés à mort le 10 novembre 1943 pour "acte de franc-tireurs" par le Tribunal militaire allemand de la Feldkommandantur 517 (Rouen). René Capron est exécuté le 13 novembre et Henri Dobert le 9 décembre.

Bibliographie

  • Bonnet Marie-Jo, Un réseau normand sacrifié, le réseau Jean-Marie Buckmaster du SOE  britannique, Rennes, Ed. Ouest-France, 2016, AD14, BH/8/17732
  • Fournier Gérard, notices "René Capron" et "Henri Dobert", in Association Résistance et Mémoire, La Résistance dans le Calvados, cédérom éd. AERI, 2004
  • Genet-Rouffiac Nathalie et Longuet Stéphane dir., Les réseaux de résistance de la France combattante, Service historique de la défense – Editions ECONOMICA, Vincennes, 2013, AD14, BH/4/5046
  • Quellien Jean (dir.), Livre mémorial des victimes du nazisme dans le Calvados, CRHQ, Caen, Archives du Calvados, 2004, AD14, BH/8/11936 et BH/8/ 17933
  • Quellien Jean, Opinions et comportements politiques dans le Calvados sous l'occupation Allemande (1940-1944), Caen, Presses universitaires de Caen, 2001, AD14, BH/8/11055.  

Sources d'archives

Archives du Calvados

  • Archives de Lucien Levillain, membre du réseau Jean-Marie, 146J/1-146J/45 (dont photographies de H. Dobert et R. Capron, 146J/6)
  • Dossier sur l'arrestation de R. Capron et H. Dobert, 1943, 1166W/25
  • Témoignages audiovisuels de Lucien Levillain, membre du réseau Jean-Marie, enregistrés en 1995 et 1996, 2AV/129-2AV/131, 2AV/136
  • Archives de G. Bouffay, fiches de résistants, correspondance, archives de l'Amicale du Réseau Jean-Marie, notes préparatoire au livret Visages Lexoviens, 1946-1988, 6J/14
  • Carte d'interné résistant d'H. Dobert, 1953, 2936W/43
  • Rapport de la direction de la sûreté générale, 5 novembre 1943, 876W/103
  • Cour de justice du Calvados, dossiers de procédure Louis et Marguerite Laplanche, 1944-1948, 991W/31
  • Archives de Jean Mirey, responsable départemental des FFI, dossiers individuels d’homologation, 6J/41

Service historique de la Défense

  • DAVCC/Caen : Capron : dossier individuel de déporté et interné résistant, AC 21P 721725 et Dobert : dossier individuel de déporté et interné résistant, AC 21P 444113
  • Vincennes : Capron : dossier individuel de résistant, GR 16P 105527 et Dobert : dossier individuel de résistant, GR 16P 187577 et dossier individuel d'agent de la France combattante, GR 28P 4 386/250; Dossier du réseau Jean-Marie (Buckmaster), GR 17P 27 et dossier de justice militaire allemande, GR 28P 85970

Archives nationales

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