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Robert Kaskoreff

Berck-sur-Mer (62), 1909 - Rennes (35), 1988

Alias Jean Birien, Gertal, Bellaire

Portrait en tenue militaire.

Portrait de Robert Kaskoreff, collection Jean Quellien

Né le 1er juin 1909 à Berck-sur-Mer dans le Pas-de-Calais, Robert Kaskoreff exerce la profession de pépiniériste. Son père, originaire de Russie, avait en effet acquis des pépinières à Caen après son arrivée en France. Robert Kaskoreff prit donc la succession, bien aidé par ses employés dont André Ruel auquel il proposa le 1er novembre 1941 sur ce lieu de travail de résister à l’abri des regards. De fait, il effectue son service militaire au 401e Régiment de DCA d'octobre 1929 octobre 1930. 

Directeur général dans l'entreprise paternelle, il est rappelé comme maréchal des logis chef de réserve le 2 septembre 1939. Il effectue la plus grande partie de la guerre à la batterie n° 8 du 404e Régiment de DCA près de Sedan avant d'aller suivre, de mai à juin 1940, les cours d'élève aspirant à Vincennes et d'être affecté au cours pratique de DCA de Biscarosse. En juillet Robert Kaskoreff est démobilisé et se retire chez lui, à Caen. Il ne pouvait se résoudre à une défaite irrémédiable. Il créa alors un groupe de résistants. 

Au début de l’année 1942, ce groupe rejoint l’Organisation Civile et Militaire. Sous le pseudonyme de « Jean Birien », il prend une part active dans le fonctionnement de l’organisation, abandonnant ses pépinières pour se consacrer à temps plein aux actes de résistance. Il monte ainsi dans la hiérarchie de l’OCM et devient chef départemental. Il contribue notamment à augmenter les effectifs et les organise en unités, s’occupant de la formation des chefs de groupe et de la réception des parachutages.

A partir d’avril 1942, il complète ses actions en devenant agent de renseignement de première classe au sein du réseau Centurie. Il obtient même le grade de capitaine. Robert Kaskoreff recevait selon le témoignage d’André Ruel « des croquis grossiers à mettre au propre sur calque ou canson avec les cartes d’État-Major au 50 millième en vue de les expédier vers Londres. Une partie des plans était complétée à la Maladrerie chez Suzanne Kaskoreff, la sœur de Robert, et dissimulée « dans une poutre creuse avant leur distribution »

André Ruel ajoute dans son témoignage avoir remplacé Robert Kaskoreff en son absence pour rencontrer entres autres Guillaume Mercader et Eugène Meslin. Il déclare également s’être rendu pour le compte de Robert Kaskoreff « chez le Docteur Sutendall à Luc-sur-Mer pour récupérer des plans de la côte. » Les deux hommes menaient en effet une intense activité de cartographies notamment de l’aérodrome de Carpiquet et Rocquancourt profitant chacun d’une carte d’identité de la Feldkommandantur. Robert Kaskoreff habitait à Caen, rue Robert Tournière. Il y présenta à cette époque à André Ruel son adjoint le capitaine Verdier, neveu du Cardinal Verdier, Archevêque de Paris. Il était également en relations avec Emmanuel Robineau et Jacques Vico qui enseignaient secrètement à l'abbaye d'Ardenne l'utilisation des explosifs. 

Ce rapport au jour le jour concerne le 6 au 13 mars 1943. Chaque mouvement d'avion et d'armements est recensé avec la quantité précise. Pour le 6 mars il est ainsi indiqué : "Les 60 avions chasseurs-bombardiers sont toujours là. Date d'arrivée indiquée sur le précédent rapport. Ils sont maintenant répartis dans les hangars Sud, Nord Nord-Ouest, Nord et Nord Nord-Est. Après chaque sortie, ils font le plein d'essence, les pilotes ont défense de s'éloigner. Sur la côte et à Carpiquet, les Allemands craignent un débarquement pour les 7, 8 ou 9 mars."

Extrait d'un rapport de Robert Kaskoreff, 24 mars 1943, AD14, archives de Jean Mirey, responsable départemental des FFI, 6J/41

En 1943, il est nommé adjoint au chef du Troisième Bureau de la subdivision M1 (Manche, Calvados, Eure). Il sillonne ces départements, réunissant les chefs de groupes et organisant des plans de destruction des ouvrages ennemis et de leurs moyens de liaison. Il prend également contact avec les chefs régionaux des chemins de fer et des postes en vue d’organiser des actes de sabotage. 

Eugène Meslin indique que Robert Kaskoreff était son collaborateur direct pour le Calvados lorsqu'il remplace Girard appelé à un commandement supérieur au début de 1943 au sein de l'O.C.M. Il précise également que lorsque madame Duchez est arrêtée et déportée, Duchez est obligé de s'enfuir, ainsi que par la suite Kaskoreff et Harivel qui se mettent à la disposition de la région M à Paris.
Extrait du témoignage d'Eugène Meslin conservé dans sa notice individuelle d'employé du service des Ponts et Chaussées de Caen, AD14, M/2598

Le père de Robert Kaskoreff recevait régulièrement au domicile familial à Vimoutiers deux gendarmes Agnic et Fouquet ainsi qu’un professeur de lycée, monsieur Ledorze. Il forma ainsi un petit groupe de résistants comme en témoigna Jacques Vignon qui était employé par les Kaskoreff pour l’entretien de la maison et du jardin. Ce-dernier était chargé de faire le guet et transmettre les comptes-rendus de ces réunions « chez Madame Laplace et à la fromagerie de Vimoutiers ». Il vit pour la première fois Robert Kaskoreff se rendre à l’une de ces réunions en novembre 1943. Jacques Vignon raconte également avoir été missionné par le père de Robert Kaskoreff en vue d’apporter « des sacs en toile de jute » dont il ignorait le contenu chez sa fille Suzanne à la Maladrerie à Caen.

Robert Kaskoreff est dénoncé. Jacques Vico l'avait d'ailleurs prévenu de l'arrestation de son père Roland le 16 décembre 1943 qui s'ensuivit d'une perquisition à l'abbaye d'Ardenne. Il doit quitter la région et échappe de justesse à la Gestapo en décembre 1943. Il se cache à Vimoutiers puis à Paris, où, par l’intermédiaire d’agents de liaison, il réorganise ses départements. André Ruel brûle « toute esquisse et cartes d’État-Major » en sa possession après ce départ précipité de son chef.

En janvier 1944, il reçoit la direction du Troisième Bureau (Action) de la région M. En septembre 1944, il est nommé Colonel et devient le mois suivant adjoint au Général Commandant de la 4e région militaire, et en novembre, délégué à l’Assemblée consultative provisoire à Paris comme représentant des groupes de résistants de l’Ouest.

Ce n’est qu’après le Débarquement qu’André Ruel reçut de Christian Parléani une carte F.F.I. avec le grade de soldat. En août 1945, démobilisé, après avoir reçu le titre de « Compagnon de la Libération », il part s’installer comme exploitant minier au Maroc. 

Robert Kaskoreff est décédé le 13 février 1988 à l'hôpital Pontchaillou à Rennes. Une rue de Caen porte le nom de Robert Kaskoreff en signe d'hommage.

En 2003, Jacques Vico et Gérard Fournier rendaient dans le numéro 24 des Cahiers des archives Départementales du Calvados hommage à Robert Kaskoreff et à sa famille :

Bibliographie

Sources d'archives

Archives du Calvados

  • Fonds Jacques Vico: dossier préparatoire de Les Mondes souterrains, Mémoires de l'Histoire, Cahiers des Archives départementales du Calvados, n°24 , 2005 , 66 p. dont témoignages de Jacques Vignon, André Ruel, 59J/153
  • Archives de Jean Mirey, responsable départemental des FFI, dossiers individuels d’homologation, 6J/41

Service historique de la Défense

  • Vincennes : Dossier individuel de résistant,  GR 16P 317026

Pour aller plus loin

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