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Robert Thomas

Trévières, 1912 - Pont-L'Evêque, 1992

Alias Lefrançois, Toto, Tardif

Robert Thomas assis portant un manteau ample.
Robert Thomas, s. d., Collection Jean Quellien

Né à Trévières le 9 mai 1912, Robert est l'aîné de six enfants et le seul garçon. Son père, Louis, est ingénieur des Ponts-et-Chaussées et sa mère, Marthe, femme au foyer. Il se forme comme mécanicien à l'école professionnelle de Douvres-la-Délivrande de 1928 à 1930 puis travaille au garage Lahaye à Trévières jusqu'à son service militaire qu'il effectue de 1932 à 1933 au troisième régiment d'aviation de chasse de Châteauroux. Il suit également les cours de sous-officier mécanicien de l'école militaire de Bordeaux mais n'embrasse pas la carrière militaire et revient à Caen où il travaille au garage Renault. Mobilisé dans l'arme du Train en septembre 1939, il parvient à se faire affecter dans l'Armée de l'air.

Démobilisé en septembre 1940, il rentre à Caen, chez ses parents.

A l'automne 1940, Robert Thomas est sollicité par Olvie Vauclin pour constituer un groupe de résistance à Caen. Ils se sont connus lors d'opérations d'exfiltration de soldats britanniques ou de prisonniers de guerre français vers le Royaume-Uni. Le noyau de départ, en lien avec l'Intelligence Service, est constitué d'Olvie Vauclin et son mari, René, artisan couvreur ainsi que de Jean Duthil, kinésithérapeute. Léonard Gille, Marcel Girard et René Duchez se joignent également à eux. A cette époque, Robert Thomas travaille au bureau des pommes de terre du service du ravitaillement général.

Fin 1940, par l'intermédiaire de Jean Chateau, le groupe rejoint l'Armée des volontaires (AV), créée à Paris à l'été 1940. Le renseignement sur les troupes d'occupation et les usines constitue la principale activité de l'AV. Des actions de propagande sont également menées avec par exemple la diffusion du journal Pantagruel.

Début 1941, Robert Thomas entre en contact avec le réseau de renseignement Hector, animé dans le Calvados par Robert Guédon et André Michel. Il rencontre à cette occasion Jeanne Escolan, étudiante en droit originaire de Bayeux, qui deviendra son épouse en 1947.

Le réseau Hector est démantelé fin 1941-début 1942. Parallèlement, la section calvadosienne de l'Armée des volontaires connaît un certain nombre de difficultés : départ précipité fin 1941 de Jean Duthil ; problèmes de transmission des renseignements à Paris à la suite d'arrestations début 1942 ; dissensions sur les priorités du mouvement.  C'est pourquoi, au printemps 1942, pour relancer le groupe, Marcel Girard, originaire de Caen, mais travaillant et résidant à Paris, noue des contacts avec l'Organisation civile et militaire (OCM), créée en décembre 1940 par Jean Arthuys et dirigée depuis fin 1941 par le colonel Alfred Touny.

Marcel Girard est alors chargé d'implanter l'OCM en Normandie et fait appel à ses compagnons de l'Armée des volontaires. L'OCM dispose de son propre réseau de renseignement Centurie et d'un réseau d'évasion des aviateurs alliés Marie-Odile pour lesquels travaille Robert Thomas notamment en lien avec Léa Vion.

Il est indiqué : "Je soussigné, Colonel Girard-Moreau, Sous-Chef du réseau Centurie, certifie que M. Thomas RObert, appartient au dit réseau en qualité de chargé de mission de troisième classe P.2. depuis mai 1942 jusqu'à la Libération."

Attestation d'appartenance de Robert Thomas au réseau Centurie, 1947, AD14, 1101W/219

Chef du bureau cartographie au sein du 2ème bureau du réseau Centurie, Robert Thomas y effectue un travail remarquable de renseignement et de cartographie sur les fortifications allemandes en Bretagne et en Normandie. Il réalise des centaines de plans à partir des informations transmises par les membres du réseau, dont les membres de sa famille. Les plans sont transmis à Londres via le réseau Confrérie Notre-Dame (CND) du colonel Rémy.

Carte entièrement manuscrite sur un papier jauni par le temps. Une légénde  en haut à droite indique la signification des figurés utilisés.
Plan de Jersey et légende, s. d., collection Mlles Thomas
Un système de numéros précise le lieu des installations et défenses allemandes.
Documents publiés dans le Bulletin de liaison et d'information interne des Archives du Calvados, n°3, mai 1994, AD14, 14T/33/37

La famille Thomas

Louis Thomas le père, sa femme Marthe et sa sœur Madeleine Lefrançois ; Robert Thomas le fils ainsi que sa future femme Jeanne Escolan et ses 4 sœurs Marthe, Madeleine, Louise, Jeanne ont tous agi en tant qu’agents P1 ou P2 essentiellement pour le réseau Hector à partir de 1940 puis pour l’OCM et le réseau Centurie à partir de 1942.

Outre le travail de recueil de renseignements, une intense activité de confection de faux-papiers se déroule au domicile familial.

Les deux sont devant un arbre en robe avec des gants blancs.
Marthe (à gauche) et Madeleine, août 1943, AD14 59J/201
Les deux sont devant un arbre en robe. Jeanne porte des gants blancs.
Louise (à gauche) et Jeanne, août 1943, AD14 59J/201
Il est précisé : "Thomas Madeleine, employée de bureau, domiciliée  22 rue Montaigu à Caen, a été condamnée à 5 mois de prison pour récidive d'écoute clandestine. Thomas Jeanne, fille de salle, domiciliée à Caen 22 rue Montaigu a été condamnée à 3 mois de prison pour récidive d'écoute clandestine. Thomas Marthe, domiciliée 22 rue Montaigu à Caen employée de bureau, a été condamnée à 7 mois de prison pour récidive d'écoute clandestine."
Condamnation de Marthe, Madeleine et Jeanne, note du commissaire aux renseignements généraux, 8 décembre 1943, AD14, 1166W/30

Un agent du réseau ayant été filé par la Gestapo, Louis Thomas et ses quatre filles sont arrêtés le 2 octobre 1943. Robert est alors contraint d'entrer dans la clandestinité. Louise et Louis Robert sont relâchés faute de preuve mais Marthe, Madeleine et Jeanne sont condamnées le 9 novembre 1943 par la Cour Martiale allemande à des peines de 3 à 7 mois d'emprisonnement.

Robert se cache durant quelques temps dans le Calvados, puis après un passage à Paris où il retrouve Léonard Gille, il rallie le maquis de l'Ain où il combat de janvier à février 1944.

Il rentre dans le Calvados fin février 1944. A la demande de Léonard Gille, il effectue de nombreuses missions de sauvetage d'aviateurs alliés. C'est lors d'une de ces opérations qu'il est arrêté par les allemands à Ifs, le 14 juillet 1944. Avec le groupe d'aviateurs qu'il avait pris en charge, il est enfermé dans une maison d'Ifs.

Dans la nuit du 16 juillet, un bombardement lui donne l'occasion de s'échapper. Il parvient à rejoindre les lignes alliées le 18 juillet et se rend immédiatement au PC des FFI de Caen. Il intègre début juillet le Bureau central de renseignements et d'action (BCRA) puis la Direction Générale des Services spéciaux (DGSS) qui deviendra la Direction générale des études et recherches (DGER) de la première région militaire (Lille). Il est démobilisé en octobre 1945.

Il est notamment écrit : 'Courageux jusqu'à la témérité, a participé depuis plus de 3 ans au service de renseignements, a vu tous les membres de sa famille arrêtés et a dû garder le maquis pendant 8 mois, a dans la nuit du 17 au 18 juillet 1944 traversé les lignes ennemies, ramenant aux troupes canadiennes les aviateurs alliés abattus et dont il avait la charge depuis plus d'un mois."
Il est notamment écrit : "élément très actif de la résistance française à l'occupant, agent récupérateur des aviateurs alliés dans les départements côtiers pour le réseau Marie-Odille. Récupère, héberge ou convoie plusieurs dizaines d'aviateurs alliés relâchés par la Gestapo. A continué son activité malgré l'arrestation de toute sa famille donnant ainsi le plus bel exemple de courage. Croix de Guerre 2 étoiles bronze, médaille résistance française, medal of freedom, chevalier de la légion d'honneur par décret du 14.6.51 (J.O. numéro 145 du 21.6.51)
Extraits de la fiche matricule de Robert Thomas (n° 564), AD14, 1R/597

Bibliographie

  • Hourblin Pascal, Robert Thomas résistant et cartographe du mur de l'Atlantique, Bayeux, Maranes éditions, 2019. Cet ouvrage présente de nombreux documents d'archives de Robert Thomas, AD14, BH/4/5940
  • Quellien Jean, «Robert Thomas», in Association Résistance et Mémoire, La Résistance dans le Calvados, cédérom éd. AERI, 2004
  • Quellien, Jean, Opinions et comportements politiques dans le Calvados sous l'occupation Allemande (1940-1944), Caen, Presses universitaires de Caen, 2001, AD14, BH/8/11055
  • Bulletin de liaison et d'information interne des Archives du Calvados, n°3, mai 1994, pp. 46-84, AD14, 13T/33/37

Sources d'archives

Archives du Calvados

  •  Témoignages sonores de Robert Thomas et Jeanne Thomas (née Escolan) recueilli par Yvonne Guégan, s. d., 58J/92 (piste 2) et 58J/97
  • Témoignage audiovisuel de Marthe Thomas, soeur de Robert, 1993, 2AV/29
  • Transcription d'un témoignage d'Odette Duchez en juin 1992, in Bréard Pascale, Odette et René Duchez, deux vies, un même combat, Université de Caen, 1992, 59J/197
  • Dossier de demande de carte du combattant volontaire de la résistance de Robert, Louis, Jeanne, Louise, Marthe, Madeleine Thomas et de Jeanne Escolan (épouse Thomas), Marthe Lefrançois (épouse Thomas), Madeleine Lefrançois, 1101W/219
  • Photographies des soeurs Thomas en 1943, 59J/201
  • Matricule militaire de Robert Thomas (n° 564), 1R/597
  • Cabinet du préfet du Calvados. Personnes arrêtées par les allemands, internés civils et STO, 1941-1944, 1166W/30 (concerne les soeurs de Robert)
  • Archives de Jean Mirey, responsable départemental des FFI, dossiers individuels d’homologation, 6J/42

Service historique de la Défense

  • Vincennes : dossier individuel de résistant, GR 16P 569953 et dossier individuel d'agent de la France combattante, GR 28 P4 460/7

Archives nationales

Pour aller plus loin

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