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La traite négrière à partir de l'exemple du navire La Seine

Les marchandises au départ d'Honfleur

Facture estimative des marchandises de la cargaison du navire La Seine, capitaine Armand Lacoudrais, allant à Angole pour fair la traite des Noirs pour les porter à Saint Domingue avec le prix des dites marchandises, assurances et frais compris. F/5851 AD14

Au départ d'Honfleur, les cales du navires sont remplies d'une grande variété de produits manufacturés

  • Les marchandises les plus importantes et les plus chères sont les textiles : guinées et bajutapeaux d'Inde, liménéas, chasselas de Rouen, mouchoirs de Cholet...
  • A cela s'ajoutent des armes : fusils, poudre, couteaux, sabres, barres de fer... 
  • Des produits de luxe : assiettes en faïence, couverts en argent,...
  • Divers autres objets : manteaux, bonnets, tapis, parasols, miroirs,...
  • Et enfin du vin et des alcools : muscat de Rivesaltes et eau de vie.

Destinées à une clientèle africaine, ces marchandises seront troquées en Afrique contre des captifs. L'armateur négociant et le capitaine attachent donc beaucoup de soin à la préparation de cette cargaison car le succès de l'expédition en dépend.

L'arrivée en Afrique : le début de la traite

Le navire La Seine arrive en Afrique, sur " la côte d'Angole", en octobre 1788. Le capitaine Lacoudrais décide de jeter l'ancre dans la rade de Malembe pendant plusieurs mois pour y établir sa traite. 

Carte plate de la côte d'Angole, pour servir aux voyages de L. De Grandpré, levée par lui même en 1787, BH/8/12859/1 AD14, "on comprend sous le nom générique côte d'Angola, tout le pays situé entre le Cap Lopez-Goncalvo et Saint Philippe de Benguela, c'est-à-dire, depuis 0°44'' de latitude Sud, jusque par 12° 14'' aussi Sud."

Le capitaine informe les armateurs du déroulement de son expédition de traite.

Les armateurs échangent ensuite ces informations avec leurs financeurs. Cette correspondance témoigne de l'arrivée à Malembe du navire La Seine et des premières opérations de traite. 9E/12/12 AD 14

A monsieur Millard, le 14 février 1789 :

"[...] Nous avons reçu une lettre de notre fils et frère Armand, capitaine de notre navire La Seine, datée de Malembe, le 19 octobre. Il y était arrivé le 4 octobre et il y fixait la traite. Il avait occupé ses premiers instants à aller visiter lui-même le roi de cette partie à trente lieues de cet endroit, il loue ces anciens amis afin de se procurer une bonne et prompte traite. Il avait 7 beaux noirs à bord et traité à son compte. [...]"

Lettre à M. Millard, 14 février 1789

 A monsieur Le Normand, le 4 mai 1789 : 

"[...] la dernière lettre que nous avons reçu d'Angola de notre fils et frère capitaine de notre navire La Seine datée du 20 novembre. Il avait alors 49 beaux captifs. [...] Les Noirs s'y vendaient... à des prix distingués de 2400 à 2600 livres. [...]"

Lettre à M. Le Normand, 4 mai 1789

 A monsieur Le Normand, le 25 juin 1789 : 


"[...] Nous avons une lettre de notre fils et frère, capitaine de notre navire La Seine, Armand Lacoudrais datée de Malembe, le 12 février. Il avait 190 beaux noirs à bord bien portant. Il comptait rester encore deux mois sur cette rade et se flattait [...] de se mettre à son complet de 400 et peut-être même plus ajoute-t-il. C'est ce qui dépendra des circonstances. Il avait fait ci-devant une bonne affaire sur laquelle il en avait gagné 40 nouveaux. [...] il déploie dans cette expédition nous pouvons le dire des talents rares que nous lui avons toujours connus et agit en homme habile. Nous espérons qu'il fera un beau voyage et que dans ce moment il approche de Saint-Domingue. [...] La traite était chère ce qui était occasionné par le nombre de navires mais elle était assez abondante. [...]"

Lettre à M. Le Normand, 25 juin 1789

Le capitaine dirige la traite

 Ce tableau récapitule les différentes opérations de traite effectuées par le capitaine Lacoudrais.  

Tableau général de la traite des Noirs faite à Malembe Côte d'Angole par Armand Lacoudrais capitaine du navire La Seine d'honfleur, 17 juin 1789, F/5851 AD14

Sur la première ligne du tableau nous pouvons lire les noms des 4 catégories de captifs achetées par le capitaine : nègres, négresses, négrillons et négrittes, le total de captifs puis le détail des marchandises : fusils, poudre, guinées, liménéas, chasselas, ... qui seront échangées. 

Extrait du tableau général de la traite des Noirs faite à Malembe Côte d'Angole par le capitaine du navire La Seine Armand Lacoudrais, AD14, F/5851

Dans la première colonne du tableau il donne des informations sur ses opérations de troc. Nous apprenons qu'il a échangé des marchandises : 

  • contre 436 captifs
  • contre d'autres marchandises, dont des vestes de draps et des manteaux
  • pour payer les coutumes locales et offrir des présents de bienvenue
  • pour payer les courtiers 
  • pour le balayage et la vente de son comptoir 

Extrait du tableau général de la traite des Noirs faite à Malembe Côte d'Angole par le capitaine du navire La Seine Armand Lacoudrais, AD14, F/5851

Les courtiers

Le capitaine traite avec des courtiers. Ils servent d'intermédiaire entre les marchands qui parcourent l'Afrique pour capturer les esclaves et les européens qui viennent les acheter. 

Le courtier est un négociateur qui analyse les marchandises de traite et sélectionne les produits devant entrer dans la composition de l'assortiment nécessaire à l'achat d'un captif. 

Un captif est acheté en échange de plusieurs produits que l'on appelle aussi "un paquet".

Le courtier reçoit une rétribution de la part des Européens : le courtage. 

Tati, surnommé Despont, courtier de Malembe, venant de sa petite terre en hamac, BH/8/12859/1 AD14

 Cet homme transporté en hamac est un des riches courtiers avec lesquels le capitaine doit négocier l'achat des captifs. Nous pouvons mesurer la richesse qu'il retire de son rôle de courtier à sa parure de bijoux, à la peau de chat qu'il porte sur son pagne et à son bonnet qui le distingue des autres personnages. Au loin nous pouvons apercevoir deux navires au mouillage dans la rade de Malembe.  

Le comptoir

Le registre de traite nous apprend que le capitaine possède un comptoir temporaire, à terre, pour la durée de la traite. 

Quibanga et intérieur d'un comptoir européen sur la côte d'Angola en Afrique, BH/8/12859/1 AD14

 Ce dessin d'un Quibanga, nous permet de visualier cet édifice. Il s'agit d'une grande case de paille construite sur des poteaux, en hauteur afin d'échapper à la poussière. Cette habitation sert d'abri contre le soleil et la pluie. Elle peut être entourée de plusieurs cases : case des marchandises, case des malades (également appelée bombe des malades), case du chirurgien, prison,... elle est le lieu de vie du capitaine pendant toute la durée de son séjour et le lieu où il négocie avec les courtiers. Les captifs ne passent en général qu'une seule nuit au comptoir. Ils sont ensuite emmenés à bord du navire. 

Pour aller plus loin : 

Découvrez le dossier réalisé par le site histoire-image.org sur la traite à la côte d'Angole ici

Le capitaine Armand Lacoudrais a rédigé des journaux de bord lors de ses précédentes expéditions négrières entre 1773 et 1783. Ils sont conservés aux Archives nationales sous la cote : MAR/4JJ/71. Vous pouvez les consulter en suivant ce lien.

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