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Le voyage retour du navire La Seine : de Saint-Domingue à Honfleur
La préparation du navire pour le voyage retour vers Honfleur

Avant de remplir les cales, les autorités de Saint-Domingue procèdent à une visite afin de vérifier l'état du navire et sa capacité à rejoindre Honfleur. Cette visite appelée visite de charge donne lieu à un procès verbal rédigé en août 1789.

Dès qu'il y est autorisé, le capitaine peut remplir les cales de son navire de vivres pour l'équipage. Ces vivres et le coffre du chirurgien sont également vérifiées par les autorités du Cap Français à Saint-Domingue.
L'achat de produits coloniaux
Tandis que les esclaves sont vendus et le navire prêt à repartir, le capitaine rentabilise le voyage du retour. Il achète des produits coloniaux (coton, sucre, café) issus du travail des esclaves sur les habitations de Saint-Domingue, dont il remplit également les cales de son navire.
Transcription : "Facture de 162 barriques, 5 tierçons sucre terré, 31 balles et 3 ballotins de coton, 18 boucauds, 48 tierçons, 80 quarts et 467 sacs de café, chargés dans le navire La Seine, capitaine Armand Lacoudrais pour compte et risques des intéressés au navire susnommés au bas de la présente, à la consignation de M. M. Lacoudrais Père, fils ainé et compagnie d'Honfleur.
Barriques, tierçons, boucauds et quarts sont des contenants tels que des tonneaux ou des barils qui servent à transporter diverses marchandises.
Le sucre terré est un sucre transformé en pain après avoir été blanchi.
Certains produits coloniaux sont négociés avec les colons qui ont acheté des esclaves :
- 43 barriques de sucre sont achetées aux Frères Bourguebie de l'habitation de Bellevue. Or, le compte de vente des esclaves du navire La Seine indique que ces colons sont les premiers à avoir acheté des esclaves : 5 hommes et 3 femmes, soit 8 esclaves le 19 juin 1789, pour un montant de 19 200 livres payé comptant.
Les bénéfices escomptés de la vente des produits coloniaux
Le capitaine Lacoudrais et son équipage quittent la colonie de Saint-Domingue en Amérique fin septembre 1789. Ils arrivent en Europe à Honfleur le 21 novembre 1789. La compagnie de négociants et d'armateurs Lacoudrais se félicite du voyage de leur navire La Seine : "A M. Le Normand le 20 novembre 1789 : Le voyage de notre négrier La Seine sans être des plus considérable sera bon. Ce navire vient d'entrer dans notre port. Nous tirerons meilleur parti possible de ses retours." AD14, 9E/12/12
L'objectif est maintenant de vendre les sucres, coton et café au meilleur prix afin de faire un maximum de bénéfices. Ces extraits de lettres des armateurs Lacoudrais à leurs clients et investisseurs en témoignent.
Cette expédition montre bien la complémentarité des ports du Havre et d'Honfleur dans l'organisation du commerce transatlantique. Entre 1789 et 1791, cinq navires du Havre : L'Hermione, L'Aimable Antoinette, La Mère de famille, La Ville du Havre, Le Rouen, et L'Union vont revenir de Saint-Domingue avec dans leurs cales des produits coloniaux issus du produit de la vente des esclaves du navire La Seine.