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En 1974, deux grandes imprimeries de Caen, Caron et Ozanne, fusionnent. La nouvelle imprimerie est la plus importante de la région. Mais l’entreprise subit de lourdes pertes financières et le 5 juin 1975, le directeur annonce que 48 employés vont être licenciés. Le jour-même, les ouvriers décident de se mettre en grève et d’occuper l’usine. 

Les machines sont remises en route. Les ouvriers impriment tracts et affiches, pour parler de leur usine d’une part, mais aussi au profit d’autres luttes en cours dans le pays et pour des syndicats et partis politiques. Ils impriment également des journaux et revues pour les clients habituels de l’usine.

Les travailleurs lancent leur propre journal, Ouest-Licenciements. Ce titre ironique a été choisi car Ouest-France est le premier actionnaire de l’entreprise. Dans leur journal, les Caron-Ozanne rédigent des articles sur leur propre lutte et se font aussi le relais d'autres revendications du pays. Quinze numéros de Ouest-Licenciements sont publiés.  

Dans la nuit du 19 au 20 mai 1976, les forces de l’ordre interviennent pour faire appliquer la décision rendue par le tribunal de grande instance de Caen d’évacuer les locaux. L’occupation a duré 350 jours. Le repreneur potentiel n’a quant à lui pas réussi à réunir les capitaux nécessaires, l’usine est donc condamnée à fermer. Dix grévistes sont poursuivis en justice. Leur procès a lieu le 27 novembre 1977, ils sont finalement acquittés.

La lutte des Caron Ozanne constitue une tentative d'auto-gestion de leur usine : les travailleurs produisent, vendent pour leur compte et administrent eux-mêmes leur entreprise. Quelques années auparavant, une lutte similaire s'est déclenchée à l'usine horlogère Lip, à Besançon. Elle dure jusqu'en 1976 et est la première expérience d'auto-gestion dans une entreprise.  Sur ce modèle, en 2013, les Jeannette occupent leur usine dans le Calvados. La société est sauvée.