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Remplacer les hommes partis au combat

Dès juin 1914, une fonderie fonctionne à Colombelles sur le site de la Société Normande de Métallurgie grâce à des femmes qui remplacent les hommes partis au front. Elle permettra la fabrication de 600 tonnes d’obus pendant la guerre. La localisation du Calvados, loin des combats, est propice au développement de l'industrie de guerre. Or, la mobilisation des hommes mène à ce que des femmes les remplacent. Celles qui fabriquent des munitions sont appelées les "munitionnettes".

Cette photographie les représente au travail dans l'usine.

Munitionnettes employées à la fabrication de grenades à la fonderie de la Société Normandie de Métallurgie entre 1916 et 1918, AD14, 2FI/446

Aux champs, à l'usine, à l'hôpital, pour la famille, pour les oeuvres de soutien, etc... Cette publicité publiée dans Le Bonhomme normand en août 1916 peut nous faire sourire aujourd'hui. Mais elle souligne à quel point elles ont été mises à rude épreuve. Et qu'il fallait pallier la fatigue et tenir le coup !  

Cette publicité met en avant le portrait de mademoiselle Anaïs Dubourg, photographie à l'appui, qui utiliserait ces pilules pour les travailleurs.

Publicité dans le journal Le Bonhomme normand, août 1916, AD14, 13T1/144

L'entrée des femmes dans un monde du travail à l'époque essentiellement masculin n'est pas sans nécessiter des adaptations voire des conflits. En août 1917, lors d’une conférence syndicale, une jeune fille de 18 ans prend la parole devant 3000 ouvriers pour « déclarer de quelle façon sont traitées les femmes employées aux hauts fourneaux… Elle veut se joindre au groupe syndical pour obtenir plus de considération pour leur situation ; plus de propreté dans les endroits où elles sont employées ; enfin la création déjà tant de fois promise d’un water et lavabo spéciaux. » (AD14, M/9132, note du commissaire de police de Caen, 5 août 1917).

A la fin de 1918, lorsque les cartoucheries ferment avec la cessation des combats, de nombreuses femmes se retrouvent sans emploi. La fermeture des usines de Cormelles et de la Maladrerie entraînant la perte de leur emploi par près de 500 femmes presque le même jour suscite ainsi l'émoi de l'adjoint au maire de Caen auprès du préfet du Calvados et du directeur de la Société Normande de Métallurgie. Il propose notamment de libérer les emplois occupés par des étrangers pour les laisser à la main d'oeuvre féminine caennaise. Il suggère ainsi au directeur de la Société Normande de Métallurgie de réaffecter les chinois. De fait, environ 700 travailleurs chinois furent recrutés pour le chantier de construction des hauts fourneaux et aciéries de Caen, logés en cantonnement, gardés par l’armée.  (AD14, M/11129,  affaires traitées par le Cabinet du préfet du Calvados pendant la Première Guerre mondiale).

L'adjoint au maire de Caen écrit : "Il est fâcheux, en effet, qu'elles se trouvent remerciées - comme cela se produit pour les cartoucheries - après un préavis de courte durée qui ne leur donne pas le temps matériel de trouver une nouvelle situation. J'ose espérer que le renvoi en une fois et presque le même jour de 500 ouvrières ne se reproduira plus et que des mesures seront prises pour permettre aux 2000 ouvrières environ qui travaillent aux vêtements militaires de continuer leurs travaux pendant quelques temps encore." Il ajoute plus loin : "La question des démobilisés sera facile à solutionner dans notre région, si l'on veut bien trouver d'autres emplois aux étrangers notamment aux chinois. Ne pourrait-on pas par exemple les employer aux travaux de reconstitution de la voirie des régions envahies ?"

Lettre de l'adjoint au Maire de Caen au préfet du Calvados en date du 6 décembre 1918 sur la question des ouvrières démobilisées, AD14, M/11129

Cette lettre précise que "Les cartoucheries de Cormelles et de la Maladrerie allant fermer, près de 500 ouvrières, touchant un salaire de 7 à 8 francs par jour, y compris les indemnités de vie chère, vont se trouver brusquement sans travail. Ne vous serait-il pas possible de demander la réduction du nombre des ouvriers étrangers mis à votre disposition - des chinois notamment - ce qui vous permettrait de les remplacer, dans certains travaux par la main d'oeuvre féminine caennaise et dans d'autres par nos braves poilus, de retour du front."

Copie de lettre de l'adjoint au Maire de Caen au directeur de la Société Normande de Métallurgie en date du 6 décembre 1918 à propos des près de 500 ouvrières démobilisées dans les cartoucheries de Cormelles et de La Maladrerie, AD14, M/11129

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