Accueil > Action éducative > Ressources pédagogiques > Etudier l'Histoire des Femmes > Etude du document F/2544 - Requête des femmes pour leur admission aux Etats généraux
Etude du document F/2544 - Requête des femmes pour leur admission aux Etats généraux
Les Archives du Calvados préservent un texte intitulé Requête des femmes pour leur admission aux Etats généraux dans lequel l'autrice réclame une place pour les femmes dans les décisions nationales.
Elle propose en ce sens la constitution d’un quatrième ordre et explique que la tenue des précédents Etats généraux : en 1483 à Tours, en 1560 à Orléans, en 1576 et 1588 à Blois ainsi qu' en 1614 à Paris a été irrégulière puisque la moitié du royaume en était exclue.

Elle écrit : « Nous formons cependant la plus saine et la majeure partie de la Nation ». Pour convaincre, elle compare le royaume de France à des Etats considérés comme inférieurs : « Que les peuples barbares qui nous tiennent indignement renfermées dans des serrails, aient jugé à propos de nous exclure de toute administration, rien n’est moins étonnant ; [...] mais qu’en France, où nous sommes le canal par où passent toutes les graces, & où nous faisons tout, on n’ait pas encore songé à nous admettre aux Etats généraux, on a peine à se le persuader. Elle récuse la réputation de « sexe faible et pusillanime ». La femme devrait cependant selon elle être mère pour siéger aux Etats généraux.

De plus, elle devra toujours être considérée comme une mineure : avant le mariage, elle est sous la tutelle de son père qui lui choisit son époux ; pendant son mariage, elle est sous l’autorité de son mari ; si elle commet l’adultère, elle pourra être arrêtée et enfermée selon les souhaits de son époux. Par ailleurs, le divorce lui est interdit tandis que veuve, elle retournera sous l’autorité du conseil de famille.
A cette époque, de nombreux salons débattent de la place de la femme dans la société et la politique. Madame et Monsieur Condorcet revendiquent l’égalité des sexes : "Les hommes n'ont-ils pas violé le principe de l'égalité des droits en privant tranquillement la moitié du genre humain, de celui de concourrir à la formation des lois, en excluant les femmes du droit de cité ?" interroge par exemple Nicolas de Condorcet dans un article intitulé "Art social sur l'admission des femmes au droit de cité" paru dans le n°5 du Journal de la société de 1789 en date du 3 juillet 1790. On imagine que hommes et femmes ont les mêmes intérêts et que ces derniers les défendront mieux. Elles ne seront pas autorisées aux Etats généraux.