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Le droit de vote des femmes

En France, le droit de vote est acquis tardivement par les femmes par rapport aux démocraties comparables. De fait, c'est le 7 février 1918, que les femmes obtiennent le droit de vote au Royaume-Uni et le 12 novembre 1918 en Allemagne.

En France, ce n'est qu'avec l'ordonnance du 21 avril 1944 du Gouvernement Provisoire de la République Française (GPRF) du Général de Gaulle que les femmes obtiennent le droit de vote et d'éligibilité. Les élections municipales organisées entre le 29 avril et le 13 mai 1945 leur ont permis non seulement de voter mais encore de se présenter sur des listes électorales.

Le Droit de vote des femmes - La Grande Explication - vidéo Lumni / INA - 2 mai 2019

Il y avait bien quelques voix, telle celle de Jeanne Deroin, qui s'élevaient pour le réclamer dès le 19e siècle.

L'article rapporte notamment que le Préfet du Calvados a estimé le Maire de Dives-sur-Mer de bonne foi dans la mesure où "il ignorait un avis de l'Intéieur du 12 avril 1905, paru dans la Revue Générale d'administration complétant le commentaire de l'article 54 de la loi du 5 avril 1884 aux termess duquel on ne peut exiger de ceux qui se présentent aux séances, qu'ils soient électeurs majeurs ou même français."
Cliquez sur l'image pour lire l'article du journal Le Progrès du 23 octobre 1920, AD14, 13T/5/61/1

Mais, il faut dire que le fait pour une femme d'assister au débat démocratique n'était toujours pas une évidence au début du XXème siècle. Si en 1905, il leur est reconnu le droit de présence aux conseils municipaux, en 1920 à Dives sur-Mer, le maire l'ignore encore !

Le sujet du vote des femmes est abordé au plus haut niveau. En témoigne cette note du 2 mars 1945 du service des renseignements généraux de Caen établie pour la préfecture du Calvados dont l'objet est : "Les Femmes, le Problème politique".

Le Bonhomme libre d'avril-mai 1945 incite les femmes à aller voter évoquant le premier "suffrage vraiment universel".

L'article intitulé le suffrage vraiment universel débute ainsi : "Le vote des femmes. Au fait, avez-vous noté comme la chose est entrée déjà dans nos moeurs ? Pendant des législatures, naguère, on batailla pour et contre. L'égalité des sexes devant les urnes eut des partisans acharnés, et des adversaires non moins opiniâtres. Chacun avait sa position prise, une fois pour toutes : on était pour, ou on était contre. Et puis, il est arrivé qu'avec la grande Libération, le problème soudain, s'est trouvé résolu. Les Françaises ont appris qu'en redevenant libres, elles étaient en même temps affranchies et électrices, et que, brusquement, tout le monde était d'accord là-dessus."

Article du journal Le Bonhomme libre, édition du 27 avril au 3 mai 1945, AD14, 13T/1/178/1

Lors de ces premières élections municipales ouvertes au suffrage des femmes, elles sont peu nombreuses à se présenter. A Luc-sur-mer, deux listes concurentes comportent au moins une femme : Marie-Antoinette Belot sur la liste municipale d'union et Marie-Louise Michau et Paule Roger sur la seconde liste. 

Mademoiselle Marie-Antoinette Belot, directrice de l'orphelinat apparaît en neuvième position sur douze dans cette liste candidate aux élections municipales.
Mademoiselle Marie-Louise Michau et Paule Roger apparaissent sur cette liste en cinquième position.
Listes pour les élections municipales à Luc-sur-Mer du 29 avril 1945, AD14, 919W/1

Si peu de femmes se présentent, c'est que les les clichés que nous qualifierions à notre époque de sexistes persistent. On relève par exemple cette affiche présentée ci-dessous qui fut diffusée dans les rues de Bellengreville lors de cette élection municipale de 1945 sur laquelle le maire sortant recommandait aux habitants "de désigner un ou plusieurs ouvriers afin que soit représentée au Conseil la Classe Ouvrière, et une femme, celle-ci semblant tout induqée pour défendre la cause de la Famille et de l'Enfance."

L'affiche préconise "de désigner un ou plusieurs ouvriers afin que soit représentée au Conseil la Classe Ouvrière, et une femme, celle-ci semblant tout induqée pour défendre la cause de la Famille et de l'Enfance."

Affiche pour l'élection municipale dans la commune de Bellengreville en 1945, AD14, 919W/5

Ainsi, aux élections législatives d'octobre 1945, dans le Calvados, seules 2 femmes sont candidates : Charlotte Lemière, institutrice honoraire à Caen et Odette Duchez, résistante déportée et rescapée de Ravensbruck.  

Le titre de l'article est : "cinq listes de candidats vont s'affronter aux élections législatives dans le Calvados." Un sous-titre précise que : "Deux femmes figurent parmi les 23 candidats."

Article du journal Paris-Normandie du 8 octobre 1945, AD14, 13T/1/179/1

L'article explique aux femmes comment voter : "Mesdames vous allez voter ! Oui Madame,vous allez voter. Cette petite révolution mérite qu'on s'y arrête un peu, certains esprits contrariants ont dit que le vote des femmes est prématuré, qu'il aurait fallu une éducation préalable que les femmes ne connaissent même pas la façon dont il faut voter etc. Au fait, pour cette dernière objection, ils ont peut-être raison ! Et voici quelques conseil qui pourront vous être utiles pour le jour où vous allez manifester votre volonté sur un pied d'égalité avec vos anciens, vieux habitués des urnes, et soyons francs, ils pourront profiter aussi un peu de ces conseils."
Article du journal d'Orbec et de la Vallée d'Auge Les Echos du 25 avril 1945, AD14, 13T/4/48/1

Les préjugés persistent donc bien à l'égard des femmes malgré leur entrée dans les responsabilités politiques.

Registre des délibérations de Périers-sur-le-Dan, 1944. AD14, 57EDT/1/1.

Il est pour autant notable que la première femme élue maire en France l'ait été dans le Calvados, à Périers-sur-le-Dan. 

L'élection de Elise Cagniard a en effet lieu le 19 novembre 1944.

L'éditorial de La Renaissance du Bessin du 27 octobre 1945 propose une belle synthèse de l'histoire du vote des femmes.

Cet éditorial fait un vaste historique sur l'histoire du droit de vote des femmes évoquant les féministes et suffragettes mais aussi la femme romaine, le Moyen-Age, les Lumières et la Révolution, Victor Hugo et 1848.

Editorial du journal la Renaissance du Bessin du 27 octobre 1945, AD14, 13T/2/32/1/1

Le saviez-vous ?

  • L’adoption de la loi du 17 mai 2013 rend désormais obligatoire la parité  pour les communes de plus de 1 000 habitants lors des élections  municipales, départementales et régionales. 
  • En 2020, 23% des listes aux élections municipales dans le Calvados ont été conduites par des femmes au premier tour.

Pour aller plus loin

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