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Les femmes et les arts
L'évolution de la place des arts dans la vie des femmes va de paire avec l'évolution de la société française. Les arts deviennent peu à peu accessibles à toutes dans la seconde moitié du XXème siècle avec l'évolution des droits des femmes ainsi que des politiques culturelles portées par les ministères successifs. Mais c'est surtout au XXIème siècle que la reconnaissance des inégalités entre les femmes et les hommes en matière de droits culturels produit de premières actions concrètes pour les corriger.
De fait, les arts étaient historiquement réservés aux plus aisés, femmes et hommes compris. Ainsi, en 1959, le premier ministère français des affaires culturelles visait d'abord à rendre les arts accessibles à tous. Comme pour les garçons, depuis qu'elles bénéficient d'une éducation, les jeunes filles des classes sociales les plus aisées reçoivent des enseignements artistiques jugés indispensables.
L'éducation donnée par ses parents à la pianiste, organiste et compositrice Juliette Toutain, née à Trouville-sur-Mer le 22 juillet 1877, va en ce sens. Sa mère Théodorine Poret tient un salon musical et vend des pianos à Paris et sur la Côte Fleurie tandis que son père Jules Toutain est sous-directeur de la Caisse de prévoyance des invalides de la Marine. Juliette Toutain reçoit ainsi une éducation bourgeoise qui laisse toute sa place à la musique.
Elle intègre le Conservatoire national de musique de Paris en 1891et obtient 4 premiers prix. Encouragée par le directeur du Conservatoire Théodore Dubois, elle engage en 1902 une campagne de presse pour se présenter au Concours d’essai du Prix de Rome qui est réservé aux hommes depuis sa création en 1813. Joseph Chaumié, ministre en charge de l’Instruction publique et des Beaux-Arts, annonce en 1903 sa décision d’ouvrir aux femmes les grands prix de Rome de peinture, de sculpture et de composition musicale. Cependant, Juliette Toutain renonce à concourir, en raison des remous causés par sa candidature et d’une lettre de son père mettant en cause les conditions de préparation du concours, qu’il ne juge pas digne d’une femme. En 1904, elle épouse le peintre et affichiste Jules Grün (Pour en savoir plus, AD14, BH/4/4890).
Musique et danse forment ainsi les arts privilégiés dans lesquels on éduque les jeunes filles. Il s'agit aussi parfois de lier l'utile à l'agréable. A la mort de son père, Zéphirine Riquier devint ainsi la joueuse d'orgue de la Cathédrale de Bayeux pendant 58 ans, jusqu'à son décès le 5 mai 1911.

A travers les siècles, on trouve ainsi de nombreuses femmes qui pratiquent par plaisir les arts mais qui rencontrent des obstacles ou sont empêchées dans leur objectif de devenir professionnelles au même titre que les hommes. Les écrivaines ont ainsi recourt à des noms masculins qu'elles empruntent pour pouvoir publier et être lues.
Par ailleurs, pour les moins aisées, les arts sont souvent plutôt utilitaires que des loisirs. On parlait même à l'époque d'arts ménagers enseignés dans des écoles ménagères telles que celle de la SMN. Ce que nous considérons aujourd'hui comme des pratiques artistiques ne l'était de fait pas forcément autrefois, bien que revêtant une dimension esthétique. C'est le cas des dentelles.
Les politiques culturelles et les évolutions de la société tendent néanmoins tout au long de la seconde moitié du XXème siècle à permettre à toutes d'accéder aux pratiques artistiques. Le développement d'une société des loisirs leur permet de bénéficier de temps libre pour réaliser des oeuvres. Progressivement, leurs compétences et leurs talents sont même reconnus et sortent de la sphère familliale au point que des femmes parviennent même à gagner leur vie et vivre de leur art.
Des artistes professionnelles
Des femmes objets d'art ?
La beauté des femmes inspire les artistes masculins qui font l'éloge de leurs muses. Elles posent pour eux et deviennent parfois même des égéries.

Les artistes peignent aussi leurs familles et représentent donc des femmes.
Au XXème siècle, les femmes considérées comme responsables des achats sont également représentées par les affichistes et publicitaires. Le premier magazine de la presse féminine française est Femina créé par Pierre Lafitte en 1901. Des concours de beautés voient également le jour dont Miss France qui à partir de 1920 vise à élire la plus belle femme de France. Il en découle des critères de beauté et des stéréotypes de genre qui soulèvent des débats toujours d'actualité. La liberté des femmes à disposer d'elles-mêmes, la sexualisation de leurs corps, leur consentement et leur identification à ces idéals féminins construits suscitent des controverses particulièrement vives.
Pour aller plus loin
- Découvrez des biographies d'artistes féminines dans les catalogues des Archives du Calvados : Basse-Normandie, terre d'artistes : 1840-1940, Conseil général du Calvados, 2002, 399 p. (AD14, BH/8/11077) et Artistes contemporains en Basse-Normandie : 1945-2005, Conseil général du Calvados, 2005, 527 p. (AD14, BH/8/12734)
- Dans le cadre du projet "Détricoter les stéréotypes Femmes/Hommes" initié par l'Académie Normandie, le Réseau des musées a souhaité valoriser les artistes femmes présentes dans les collections de ses musées à travers une galerie accessible en ligne.
- Découvrez le site internet de HF Normandie pour l'égalité femmes-hommes dans les arts et la culture.
- Le site du Ministère de la culture propose un historique des rapports entre les femmes et les arts.