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Caen (1789-1940)
Outre la figure célèbre de Charlotte Corday, la ville connaît comme partout en France une période d'éveil politique complexe et tourmenté, avec son lot d'émeutes et de manifestations populaires, organisées ou non, comme le défilé pour la plantation d'un arbre de la Liberté en 1848 qui donne lieu à la création d'un rouleau artistique extraordinaire (42FI/90).
De nombreux édifices emblématiques de la ville changent d'affectation :
- l'Abbaye-aux-Hommes est dévolue au lycée impérial et l'Abbaye-aux-Dames devient un Hôtel-Dieu.
- le Séminaire des Eudistes est dévolu à l'Hôtel de Ville.
- Les murailles du château de Caen sont arasées en 1793.
- l'asile départemental s'installe dans les bâtiments du Bon Sauveur (1838)
D'autres bâtiments publics sont construits dès le début du 19e siècle : l'Hôtel de Préfecture (1812-1851), le Palais de Justice Fontette, et la prison de Beaulieu.
Le recouvrement des cours d'eau
Le maire de Caen François-Gabriel Bertrand lance dans les années 1860-1870 la canalisation de l'Odon et de la Noë et la couverture d'une partie des cours d'eau. La ville y gagne en salubrité mais perd la vue pittoresque de l'Odon au pied de l'église Saint-Pierre qui faisait sa célébrité auprès des artistes.
Ce recouvrement des cours d'eau continue entre 1932 et 1934.
Des nouvelles rues sont créées, comme le boulevard Saint-Pierre (actuel boulevard des Alliés) ou le passage de l'Odon.
De nouveaux équipements pour une ville à rayonnement régional
Caen se dote des équipements culturels attendus d'une capitale régionale. Les institutions municipales (musée, bibliothèque, école d'art et de musique) sont installées à l'Hôtel de Ville dans l'ancien séminaire des Eudistes, sur l'ancienne place Royale rebaptisée place de la République. L'Université de Caen s'agrandit et la ville s'enrichit d'un nouveau théâtre (1838), d'un bâtiment dédié aux Archives départementales (1867), ou encore d'un stade (1924).
Plusieurs de ces bâtiments disparaîtront malheureusement en 1944, ou dans les années 1960 en ce qui concerne les Archives départementales.
Caen à la Belle-Epoque (1870-1914)
Comme partout en France, le Caen de la Belle-Epoque offre des vues empreintes de nostalgie.
Une impression d'étrangeté s'ajoute : des perspectives traditionnelles ont complètement disparu après 1944, qu'il s'agisse de rues entières, comme la rue de la Marine, ou de bâtiments emblématiques comme l'Hôtel de Ville place de la République, le Théâtre ou l'Université.
Pour autant, la ville 1900 est encore reconnaissable.
La création du canal de Caen à la Mer inauguré en 1857 donne à la ville un véritable débouché maritime qui décuple son potentiel économique et commercial. L'inauguration de la ligne Paris-Cherbourg par Napoléon III en 1858 accélère cette intégration de la ville comme capitale économique d'une zone de chalandise directement reliée à Paris.
Dans l'entre-deux-guerre, la ville devient une ville industrielle et commerciale de premier plan grâce au développement de son port.
Les activités portuaires se multiplient parmi lesquelles l'entreprise Savare, spécialisée dans l'importation de bois, la Société Navale Caennaise ou les Chantiers navals français.
A partir de 1870, le port de Caen se spécialise dans l'exportation du minerai de fer extrait de mines de May-sur-Orne, Saint-Rémy ou Saint-André.
En 1910, l'industriel allemand August Thyssen choisit Caen pour implanter une usine sidérurgique et acquiert la mine de Soumont dans l'arrondissement de Falaise. L'usine installée sur Colombelles devient progressivement la Société Métallurgique de Normandie qui dessine durablement l'identité socio-économique et les paysages de la ville et de son arrière-pays.
Les Archives de la Ville de Caen et de Caen la Mer
Une partie des archives anciennes de la ville, évacuées de la ville pendant la guerre comme les fonds anciens des Archives départementales, ont pu échapper aux bombardements de 1944. Déménagées aux Archives du Calvados du fait de la destruction de l'Hôtel de Ville, elles y sont toujours déposées (615/EDT).
Malheureusement, le fonds ancien avait souffert avant 1944 de plusieurs dommages, lors du sac de 1346, lors des guerres de religion puis lors d'un incendie dans le local dédié à l'Hôtel de Ville en 1891. Les pièces les plus anciennes encore conservées sont le matrologe de la ville, extrêmement détérioré malheureusement par l'incendie (615EDT/1-2) et des privilèges royaux donnés à la Ville (615EDT/3). Surtout, l'ensemble des archives de la période 1800-1944 et tous les actes de catholicité antérieurs ont été détruits le 6 juin 1944.
Les archives postérieures à cette date ont peu à peu constitué le fonds contemporain des Archives de Caen et de Caen la Mer, qui peut être consulté dans un centre dédié. Une photothèque est également accessible en ligne.
Pistes bibliographiques et iconographiques
De nombreux ouvrages sont consacrés à l'histoire de Caen. On citera notamment :
- les deux catalogues d'exposition du musée de Normandie De la place Royale à la place de la République (2024), et Caen en Images (2019)
- François Robinard, Caen : histoire et renaissance, éd. Heimdal, 2016, 272 p.(AD14, BH/4/5596)
- Gabriel Désert, Histoire de Caen, éd. Privat, 1981, 338 p. (AD14, BH/8/4410)
- Mickaël Biabaud, Caen : 1920-1940 : de l'Art déco au modernisme, éd. Entresol, 2023, 223 p. (AD14, BH/4/6210)
Parmi les travaux d'érudition plus anciens :
- Abbé Gervais de La Rue, malheureusement également célèbre pour ses "emprunts" dans les archives de la ville et du Département : Essais historiques sur la ville de Caen et son arrondissement, 1820.
Voir aussi le travail de l'association Cadomus visant à reconstituer Caen en 1936 à partir d'archives présenté dans un reportage de France 3 Normandie (octobre 2024).
L'iconographie conservée aux Archives du Calvados peut également être recherchée à partir de ce lien.